(BFM Bourse) - Inquiet des conséquences de la flambée de l'inflation sur l'évolution des politiques monétaires des banques centrales, le marché est revenu à plus de prudence et a reculé de 1,27% ce vendredi. Sur l'ensemble de la semaine, le CAC 40 rebondit néanmoins de 0,86%, mettant un terme à une séquence de quatre replis hebdomadaires consécutifs.
L'enthousiasme des investisseurs s'est nettement altéré vendredi, au lendemain de la publication d'une inflation américaine encore supérieure aux attentes faisant craindre un relèvement plus brusque qu'escompté des taux de la banque centrale des Etats-Unis, la Fed. Embrayant le pas de Wall Street, qui a terminé en forte baisse jeudi et évoluait encore dans le rouge ce vendredi (entre -0,1% pour le DJIA et -0,8% pour le Nasdaq au moment où clôturaient les place européennes), le marché tricolore est nettement reparti à la baisse en cette dernière séance de la semaine, après avoir relativement résisté la veille (-0,41%). Le CAC 40 cède en effet 1,27% mais préserve le seuil des 7000 points en clôture, à 7.011,60 points, et interrompt sa plus longue séquence de baisses hebdomadaires (quatre replis consécutifs) depuis mars 2020 avec une rebond de 0,86%.
Bien parti à l'issue des trois premières séances de la semaine, le marché parisien a donc subi un nouveau coup d'arrêt à l'annonce, jeudi, d'un bond de 7,5% de l'indice des prix à la consommation sur un an en janvier aux Etats-Unis. Cette nouvelle accélération de l'inflation incite les opérateurs à plus de prudence, craignant que la Fed ne soit incitée à durcir plus rapidement que prévu les conditions de financement.
Jeudi, le président de la Fed de Saint-Louis James Bullard a même déclaré qu'il était devenu "radicalement" plus restrictif à la lumière du niveau des chiffres publiés, et qu'il souhaitait désormais que les taux d'intérêt soient relevés de 100 points de base d'ici juillet, soit en seulement trois réunions de la banque centrale. La probabilité estimée d'une hausse de taux de 50 points de base en mars a bondi de 24% à 89% en deux jours, selon le baromètre FedWatch de CME Group, et les taux d'emprunts d'Etats se sont envolés simultanément.
Le taux des Treasuries américains à 10 ans a notamment grimpé jusqu'à 2,001%, au plus haut depuis juillet 2019. L'OAT français et le Bund allemand à même échéance n'étaient pas en reste, le premier ayant atteint un pic depuis octobre 2018 (à 0,76%) quand le second a touché un sommet depuis décembre de la même année, à 0,30%. "Ça sent la fin des vacances" pour les marchés actions, résume Charles Monot, gérant chez Monocle AM. Depuis deux ans, "les valorisations boursières se sont envolées. Il faut bien que ça s'arrête un jour, qui arrivera d'autant plus vite avec la remontée des taux".
Encore de nombreuses publications annuelles
Au sein du CAC 40, quelques valeurs ont tout de même échappé au lourd repli de leur indice de référence. C'est notamment le cas de Worldline, qui a rebondi de 5,8% alors que le fonds Apollo semble sur le point d'acquérir l'activité de terminaux de paiements, héritée du rachat d'Ingenico, pour un montant proche de 2,3 milliards de dollars. Sanofi a progressé de 1%, porté par un relèvement de recommandation d'UBS, tandis que Pernod Ricard a continué de surfer (+0,6%) sur ses solides résultats semestriels publiés la veille.
Sur le reste de la cote, Ipsen a décollé de 6,2% après avoir publié des résultats annuels en nette progression, et dit tabler sur une poursuite de la croissance en 2022. Sur l'exercice écoulé, le laboratoire est parvenu à afficher une croissance à deux chiffres de ses revenus (12,4% à 2,87 milliards d'euros) et de son bénéfice net (+17,8% à 646 millions). Le laboratoire a par ailleurs trouvé un acquéreur pour son pôle de Santé Familiale.
L'action TF1 a avancé de 1,9% dans le sillage de probants résultats, dopés par le rebond des revenus publicitaires et la bonne performance de son pôle Newen dédié à la production, en attendant la fusion avec M6, dont le titre gagne 3,1%.
Dans l'autre sens, Euronext a lâché 2,6%. L'opérateur boursier paneuropéen a certes fait part d'une croissance de ses revenus et de son excédent brut d'exploitation (Ebitda) supérieures au consensus au 4e trimestre, mais les analystes de Jefferies et JP Morgan relèvent une augmentation (un peu) plus importante que prévu des coûts d'exploitation.
EDF a de son côté reculé de 2,4%, en réaction à l'ajustement à la baisse de sa production nucléaire pour 2023 en raison de problèmes de corrosion détectés sur plusieurs réacteurs, entraînant une mise à l'arrêt de ces dernier.
Le groupe de services informatiques Atos a vu son cours remonter de 4,2% après l'annonce d'une simplification de sa gouvernance autour de trois lignes de métier distinctes et quatre régions "afin d'accélérer sa transformation (et) de retrouver le chemin de la croissance".
Rexel a fait état de résultats annuels record et annonce viser une croissance des ventes à jours constants comprise entre 4% et 6% ainsi qu'une marge d'Ebita ajusté supérieure à 6%. Volatil en début de matinée, le titre du distributeur de matériel électrique s'est finalement adjugé 1%.
Parmi les plus petites valeurs, l'éditeur de logiciels de cybersécurité Wallix a dévissé de 21% après avoir largement manqué les prévisions de revenus annuels. Si ses revenus ont grimpé de 15% sur un an à 23,2 millions d’euros, il ressort nettement en-deçà des attentes des analystes qui anticipaient 26 millions d’euros de facturations, un décalage que le groupe impute à "des glissements de commandes sur le premier semestre 2022".
Le pétrole repart de l'avant
Au chapitre pétroliers, les tarifs des principales références de brut reprenaient de l'altitude après que l'Agence internationale de l'énergie a mis en garde sur l'incapacité "chronique" de l'Opep à produire autant qu'elle le promet, alors que l'agence dans le même temps relevé ses prévisions pour la demande pétrolière cette année. Le baril de Brent gagnait 1,56% à 92,84 dollars peu après 18h. Sur le Forex enfin, la monnaie unique redonnait une partie de ses gains récents (-0,21% à 1,1405 dollar) face aux perspectives de relèvement plus importants que prévu des taux de la Fed.