(BFM Bourse) - Encore bien en dessous de son meilleur niveau en Bourse, après avoir perdu 670 millions d’euros dans le rachat d’une biotech canadienne puis vu son best-seller Somatuline génériqué, l’action Ipsen remonte au vu d’un solide rebond des profits en 2021 et le projet de cession de son pôle historique de santé familiale.
C’est désormais officiel : le Smecta, médicament figurant dans la plupart des armoires à pharmacie familiales, va quitter le périmètre du groupe Ipsen, les ventes de cet ancien médicament phare du groupe pharmaceutique français, lancé en 1977 et aujourd’hui disponible sous forme de générique (il s’agit de diosmectite, un extrait d’argile blanche aux propriétés antidiarrhéiques) étant devenues anecdotiques. Peu de temps après sa nomination en 2020, le nouveau directeur général David Loew avait fait le choix de recentrer le groupe sur l’oncologie, les maladies rares et les neurosciences en lançant une "revue stratégique", euphémisme habituel pour indiquer une mise en vente, sur le pôle Santé Familiale (qui ne pèse plus que 10% des revenus). Désormais Ipsen a trouvé un potentiel acquéreur en la personne de Mayoly Spindler, un laboratoire familial (non coté) fabricant notamment le Meteospasmyl pour les troubles intestinaux. Les deux sociétés sont en négociations exclusives pour la cession de l’activité Santé Familiale, comprenant donc Smecta ou encore Forlax et Tanakan, sur la base d’une valeur d’entreprise pouvant atteindre jusqu’à 350 millions d’euros (pour des ventes totales de 225,6 millions d’euros l’année dernière), dont 50 millions d’euros conditionnés à la performance future.
Freinée jusqu’ici par les actionnaires familiaux d’Ipsen, soit deux des petits-enfants du fondateur Henri Beaufour aujourd’hui majoritaires au capital, mais espérée depuis des années par les actionnaires minoritaires en raison de la marge moindre de ces activités, l’annonce était bien accueillie du marché, d’autant plus que le groupe a en parallèle fait état d’un rebond de ses bénéfices l’année dernière supérieur aux prévisions pourtant relevées en octobre dernier. Vers 10h45, l’action remontait de 3,4% à 93,04 euros, soit +170% depuis le creux atteint au printemps 2020 mais encore loin d’un pic à 155 euros atteint en 2018 avant la lourde déconvenue sur le rachat de Clementia.
En 2021, Ipsen (pour "Institut des produits de synthèse et d'extraction naturelle", filiale des Laboratoires Beaufour lancée en 1975 pour donner naissance au fameux pansement gastro-intestinal) a enregistré un chiffre d’affaires de 2,869 milliards d’euros, 10,7% de plus qu’en 2020 soit une croissance hors effet de change de 12,3%. Un essor toujours porté par la médecine de spécialité, en expansion de 12,7% hors change à 2,643 milliard d’euros, tandis que la croissance de la santé familiale a atteint 8,1% à 225 millions d’euros.
Le résultat opérationnel des activités a progressé de 21,9% à 1,011 milliard d’euros, matérialisant un bond de plus de trois points du taux de marge à 35,2%. Le groupe visait au départ une croissance des ventes supérieure à 8% assortie d’une marge de 32%, puis au vu de la forte performance des neuf premiers mois avait relevé ces objectifs, soit une croissance supérieure à 11% et une marge d’environ 34%.
Un dividende en hausse de 20% sur un an
Le résultat net des activités a grimpé dans le même temps de 24,2% à 758,1 millions d’euros (le bénéfice net publié selon les normes IFRS atteignant 646,7 millions, en hausse de 17,8%). Après des dépenses d’investissement de 121 millions d’euros, le cash-flow libre s’est établi à 807,4 millions d’euros en 2021, supérieur de 161 millions d’euros à celui de 2020 et contribuant à une forte diminution de l’endettement net (revenu à 126,4 millions d’euros, comparé à un pic de 1,115 milliard d’euros fin 2019 à cause de l’acquisition de Clementia).
Sur ces bases, la direction proposera aux actionnaires un dividende de 1,20 euro par action, en hausse de 20% sur un an.
"Les solides résultats de l’exercice 2021 sont en ligne avec notre vision stratégique, avec une amélioration de notre exécution commerciale et des excellentes performances de nos principales marques. Le renforcement de notre portefeuille de produits en R&D s’est accéléré. Ce fut également une année riche en termes de business développement et d’avancée de nos principaux programmes cliniques. Par ailleurs, nous continuons d’accentuer notre focalisation sur la Médecine de Spécialité et je suis satisfait de l'entrée en négociations exclusives pour la cession de notre activité en Santé Familiale", a indiqué le Suisse David Loew, qui a pris les rênes d’Ipsen en juillet 2020 après un parcours chez Roche et Sanofi (dont il dirigeait la branche Sanofi Pasteur).
Une force de frappe de 3,5 milliards d'euros
"Nous allons poursuivre la croissance de nos activités en 2022 et au-delà, grâce à nos principales marques innovantes malgré l’érosion progressive des ventes de Somatuline [best-seller dont la croissance ralentit face à la multiplication des génériques, NDLR] ; nous soutiendrons également cette croissance par l’innovation externe. Dans ce contexte, nous avons aussi mis à jour nos objectifs à moyen terme renforçant l’histoire de croissance d’Ipsen fondée sur notre culture et notre préoccupation constante pour les patients", a ajouté le dirigeant.
Etant donné la performance de 2021, le groupe revoit en effet son objectif pour la période 2020-2024, en visant (en excluant désormais la Santé Familiale) un taux de croissance annuel moyen compris entre +4% et +6% à taux de change constants, avec une poursuite des investissements en R&D soutenus par des économies sur les frais de vente et les frais généraux et administratifs. Pour soutenir sa stratégie d’acquisitions, Ipsen estime disposer d’une capacité d’investissement cumulée de 3,5 milliards d’euros d’ici 2024, incluant la cession de l’activité de Santé Familiale et la possibilité de se réendetter, la direction se donnant pour limite une dette nette de deux fois l’Ebitda, ce qui reste inférieur au plafond de 3,5 fois convenu avec ses banques.
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