(BFM Bourse) - Pratiquement stable vendredi, le marché parisien a rebondi de 2% cette semaine, pourtant marquée par une accumulation de nouvelles incertitudes - dont l'annonce que Donald Trump a contracté le coronavirus.
Coup de tonnerre dans un ciel déjà lourd de nuages à un mois de l'élection présidentielle américaine, le président des Etats-Unis a annoncé vendredi matin qu'il avait contracté le Covid-19, ainsi que son épouse. Agé de 74 ans et en surpoids, Donald Trump fait partie des personnes plus vulnérables aux formes graves de la maladie. Comme le constate Hervé Goulletquer, stratégiste à la Banque Postale Asset Management, l'annonce apporte "une contingence nouvelle dans un environnement déjà compliqué". La semaine a en effet vu s'accumuler les facteurs d'incertitudes supplémentaires de part et d'autre de l'Atlantique.
En Europe, l’épidémie regagne du terrain, forçant les autorités à mettre en place des mesures de distanciation plus strictes, par exemple en France, au Royaume-Uni ou en Espagne à Madrid. Même si le rythme de propagation semble légèrement fléchir ces derniers jours, ces nouvelles mesures menacent la reprise économique alors que la désinflation se poursuit (baisse des prix en août dans douze pays de la zone euro) et que de nouveaux blocages dans les négociations budgétaires pourraient retarder la mise en place du plan de relance européen. Sans parler du durcissement des négociations sur le Brexit, avec l'ouverture d'une procédure d'infraction à l'encontre du Royaume-Uni pour la remise en cause du traité de sortie signé en janvier dernier.
Aux Etats-Unis, les Démocrates et les Républicains ne sont toujours pas arrivés à se mettre d’accord sur un nouveau plan de relance, même si Nancy Pelosi a jugé que la maladie de Trump pouvait changer la dynamique des discussions.
La mise en quarantaine du Président américain "entraîne beaucoup trop d'incertitudes, en pleine campagne présidentielle", estime pour sa part Jochen Stanzl, analyste pour CMC Market. "Si l'état de santé [de Donald Trump] s'aggrave, la situation pourrait nettement se compliquer", abonde Milan Cutcovic, analyste pour Axitrader. "Nous sommes déjà inquiets du résultat très incertain de l'élection présidentielle et cela ajoute de l'incertitude", ajoute Masayuki Kichikawa, responsable de la stratégie chez Sumitomo Mitsui Asset Management. Or, c'est un fait, les marchés détestent l'incertitude.
La Bourse de Paris résiste
En conséquence, les opérateurs devraient faire preuve de prudence et privilégier les valeurs refuges aux actions, selon Fiona Cincotta, analyste de City Index : "L'annonce que le président Trump a été testé positif au Covid-19 a accéléré la quête de sécurité sur les marchés. Les investisseurs se délestent de leurs actifs les plus risqués, des actions et des monnaies comme l'euro et le dollar australien, pour préférer les valeurs refuges comme le dollar américain, le yen et l'or" estime-t-elle. Les principaux indices américains limitaient cependant leur repli au terme de la première partie de la séance, soit -0,7% pour le Dow, -0,95% pour le S&P 500 et -1,76% sur le Nasdaq Composite au moment de la clôture européenne.
À contre-courant le marché parisien a terminé symboliquement dans le vert, à 4.824,88 points soit un gain de 0,02% ce vendredi. Le CAC 40, qui avait certes décroché de 4,99% la semaine précédente (sa pire performance hebdo depuis juin), enregistre ainsi un rebond hebdomadaire de 2,01%.
Korian et Elior dévissent
Si l'actualité est phagocytée par l'annonce de Donald Trump, la cote parisienne a également été animée par quelques annonces. Celle du projet de rachat de la division Industrial Services de Grupo ACS (représentant plus de 6 milliards d'euros de revenus en 2019) a notamment profité à Vinci, qui a fini en tête du CAC à +4,4%. EssilorLuxottica a repris 2,8%, tandis qu'Orange a grimpé de 1,8% après avoir remporté le plus grand nombre de blocs d'enchères 5G mis en vente par l'Etat français.Engie a grappillé 0,3% alors que le groupe réunissait un conseil d'administration pour désigner son nouveau directeur général, qui sera très probablement une femme: Catherine MacGregor, une ancienne du géant des services pétroliers Schlumberger, fait figure de favorite
Hors de l'indice phare, Korian a pâti de l'annonce d'une augmentation de capital de 400 millions d'euros pour s'offrir l'opérateur psychiatrique Inicea, qui permet au groupe de se renforcer dans la psychiatrie mais a pesé sur le cours (-10,3%) du spécialiste des soins au service des personnes âgées et fragiles.
De son côté, le n°3 mondial de la restauration collective Elior a flanché de 10,9% après l'annonce de 1.888 suppressions de postes pour faire face à une réduction de son activité notamment due au recours massif des entreprises au télétravail.
Le titre Lagardère a rétrocédé 4,3% (après un rallye impressionnant de 57% depuis vendredi dernier, en réaction à la montée au capital de Bernard Arnault) alors que Vivendi a annoncé avoir porté sa participation à 26,7% du tour de table (et 20,2% des droits de vote).