(BFM Bourse) - Alors que les incertitudes planent toujours quant à la vigueur de la reprise économique -donc de la demande mondiale en hydrocarbures- en raison de la recrudescence du nombre de contaminations à travers la monde, les cours pétroliers refluent jeudi en réaction à une enquête de Reuters qui signale une hausse de la production de l'Opep le mois dernier.
Coincées dans un "range" allant de 38 à 46 dollars (pour le Brent) et entre 35 et 43 dollars (pour le WTI) depuis début juin, les cours des deux références mondiales de pétrole brut refluent vivement ce jeudi. Celles-ci sont plombées par les inquiétudes pour la demande avec la crise sanitaire et par l'augmentation de la production des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en septembre, selon une enquête menée par Reuters. À 17h15, le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en décembre lâche ainsi 5,18% à 40,10 dollars quand le "light sweet crude" texan abandonne 6,14% à 37,75 dollars, tout deux au plus bas depuis deux semaines.
Les prix de ces mêmes références avaient déjà terminé la séance de la veille en baisse, peinant à digérer le dernier rapport de l'AIE sur les stocks de brut américains. L'agence qui fait foi sur ce sujet avait quelque peu rassuré le marché en annonçant un troisième recul hebdomadaire consécutif de ces stocks, de 2 millions de barils au 25 septembre, alors que les analystes tablaient sur une hausse de l'ordre d'un million de barils. "Néanmoins, les stocks à Cushing (plus grand terminal de stockage outre-Atlantique, NDLR) ont augmenté de 1,8 million de barils et les stocks d'essence ont également augmenté" de 700.000 barils, a nuancé Neil Wilson, analyste de Markets.com, pour qui "les perspectives restent sombres" du fait, entre autres, d'une "reprise de la demande qui s'essouffle".
"Le monde redevient un endroit sombre"
"Il est devenu évident que le virus n'a pas été contenu. Les taux d'infection augmentent, le nombre de décès dans le monde a dépassé le million et le monde redevient un endroit sombre", a également déclaré Tamas Varga, analyste de PVM Oil, à Reuters. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Rien qu'aux États-Unis, la pandémie a désormais infecté au moins 7,2 millions de personnes et en a tué plus de 206.000.Et alors que les craintes persistent du côté de la demande, la situation se tend aussi de l'autre côté, celui de l'offre. Selon une enquête menée par Reuters, les pays membres de l'Opep ont augmenté leur production de 160.000 barils par jour au moins de septembre par rapport à août, un afflux d'or noir qui pèse sur le marché.
Les membres de l'Opep exemptés de quotas pompent davantage
Cette hausse s'explique en grande partie par l'augmentation des livraisons de la Libye et de l'Iran, deux pays membres de l'Opep exemptés des quotas de production (au même titre que le Venezuela) mis en place par l'Opep et ses alliés (dont la Russie). "L'augmentation de l'offre de l'Opep risque de compromettre l'effort de rééquilibrage, car le marché est toujours aux prises avec une faible demande", s'inquiètent les analystes d'ANZ Research.Les prix avaient bénéficié d'un certain répit au cours des derniers jours, notamment en raison des progrès réalisés dans les négociations américaines sur un nouveau plan de relance à l'économie. Après des mois d'invectives, les discussions ont repris mercredi à Washington sur un nouveau stimulus destiné à soulager les ménages et les entreprises affectés par la pandémie de Covid-19. Les démocrates ont présenté en début de semaine au Congrès un plan d'aide de 2.200 milliards de dollars, ôtant plus de 1.000 milliards à une première proposition dans l'espoir de convaincre les Républicains, et le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, qui négocie pour la Maison Blanche un nouveau plan d'aide à l'économie avec les démocrates, a déclaré avoir "l'espoir de parvenir à un compromis raisonnable".
L'administration Trump excluait jusqu'alors de débourser plus de 1.000 milliards de dollars. Les médias américains croient savoir que Steven Mnuchin aurait fait un pas vers le camp démocrate, se disant désormais ouvert à un plan d'aide aux alentours de 1.700 milliards de dollars. Pour rappel, un plan de relance historique de 2.200 milliards de dollars avait été adopté fin mars dernier, suivi d'un autre financement de 500 milliards de dollars, fin avril.