(BFM Bourse) - La Bourse de Paris continue d'enfoncer de nouveaux planchers menaçant même l’emblématique seuil des 6.000 points tout au long de la journée. Ce lundi soir, le CAC 40 lâche encore 2,67%, sa plus forte baisse depuis le 9 mai dernier, après avoir signé sa pire semaine depuis l'invasion de l'Ukraine. Depuis le début de l'année, l'indice phare tricolore abandonne ainsi plus de 15%.
Et un nouveau vent de panique se propage en Bourse après un premier avertissement début mai. Le CAC 40 clôture ainsi ce lundi à -2,67% à 6.022,32 points dans un volume étoffé de 4,36 milliards d'euros échangés. L'indice vedette parisien n'avait pas connu pareille chute depuis le 9 mai dernier (-2,75%), après avoir signé sa pire semaine depuis l'invasion de l'Ukraine. Plus l'inflation s'accroît, plus les banques centrales vont devoir restreindre le crédit, au risque de plomber davantage l'économie déjà menacée par les crises géopolitiques.
Le mouvement de capitulation a emporté l'ensemble des places européennes, Francfort a cédé 2,23%, Londres 1,53%, Milan 2,76% et l'indice européen de référence, l'Eurostoxx 50 2,33%. Dans le même temps, le courant d'aversion au risque balayait les indices américains. A Wall Street, le Nasdaq accélérait sa chute et pliait de 3,90% au moment de la clôture européenne, tandis que le Dow Jones perdait 2,38% et le S&P 500 3%. Le S&P est une nouvelle fois entré en bear market, c'est à dire que l'indice a cédé plus de 20% par rapport à son pic du mois de janvier.
Du côté des cryptomonnaies, le bitcoin connait un lundi noir. Le prix de la reine des cryptomonnaies chute en dessous des 24.000 dollars, un niveau qu'il n'avait pas connu depuis décembre 2020. Le marché des cryptos dans son ensemble passe sous le seuil symbolique des 1.000 milliards de dollars de capitalisation.
L'inflation et la hausse des taux affolent les marchés
Cet affolement des marchés est symptomatique des craintes des investisseurs sur la tâche herculéenne à laquelle les banques centrales commencent à peine à s'attaquer après des années à pratiquer une généreuse politique de soutien. Le VIX, "l'indice de la peur" qui mesure la volatilité des marchés flambe de 23% pour atteindre 34,16. Vendredi, l'indice des prix à la consommation aux Etats-Unis a révélé une nouvelle accélération en mai à +8,6% d'inflation sur un an, prenant une nouvelle fois de court le consensus des prévisions, ce qui amène les investisseurs à réévaluer encore à la hausse leurs anticipations de long terme. L'enquête mensuelle de l'université du Michigan, publiée vendredi également, pointait de son côté une dégradation de la confiance des consommateurs au mois de juin, à son plus bas niveau depuis... 70 ans .
Cependant, les banques centrales commencent tout juste à resserrer leur politique: la Réserve fédérale des Etats-Unis a durci ses taux en mars puis en mai pour les amener à 1%, ce qui signifie encore un potentiel considérable avant d'arriver à un niveau véritablement restrictif (le taux réel est encore largement négatif car bien inférieur à l'inflation). L'argentier américain donnera le ton de sa future politique monétaire mardi et mercredi. Une hausse de taux d'un demi-point de pourcentage est d'ores et déjà intégrée par les investisseurs. Or, l'hypothèse d'un tour de vis plus sec de 0,75 point de pourcentage de son taux directeur n'est pas exclue, ce qui pourrait constituer une décision inédite depuis 1994.
Quant à la Banque centrale européenne, ce n'est que la semaine dernière qu'elle a officiellement annoncé sa première hausse de taux (pour le mois prochain). En Europe hors UE, c'est le PIB britannique qui a déçu ce matin, affichant une contraction de 0,3% en avril au lieu d'une légère progression attendue, alors que la Banque d'Angleterre tiendra à son tour sa réunion cette semaine.
Concrètement, le durcissement des politiques monétaires pousse le rendement des obligations à des niveaux inconnus depuis 11 ans s'agissant du bon du Trésor américain à 10 ans montant jusqu'à 3,29%, le Bund allemand de même échéance n'était pas en reste à 1,569% ce qui marque un pic depuis 2014 tout comme le 10 ans français qui se tendait à 2,23% ou la dette italienne qui voyait elle son rendement à 10 ans flamber à 4,40%. Une envolée des rendements obligataires qui dégrade mécaniquement l'intérêt relatif d'un placement en actions.
Valneva en difficulté
La biotech Valneva tombe au plus bas depuis plus d'un an et demi alors que la commande géante de l'Union européenne semble sur le point de définitivement disparaître.
À la veille de la présentation de son nouveau plan stratégique, où le groupe devrait annoncer la filialisation de son pôle de services informatiques, révèle BFM Business, Atos plonge de près de 11%.
Elior accuse la plus forte baisse du SBF 120 lundi (-18,31%), pénalisé par une dégradation d'analyste. Le marché doute sur la capacité du spécialiste de la restauration collective à redresser la barre dans un contexte fortement inflationniste et de remontée des taux.
Thalès résiste
Parmi les rares hausses, Thales (+2,10%) profite de la perspective de recevoir un dédommagement de 555 millions d'euros après la rupture par le gouvernement australien de l'accord pour la livraisons de 12 sous-marins, Danone, Carrefour et Orange grappillant quelques points compte tenu du caractère défensif de leur activité. Hors de l'indice phare, Pizzorno Environnement s'adjuge 3,79% après avoir remporté le marché de la collecte des déchets de 61 communes de la métropole lilloise pour les sept prochaines années.
Du côté des devises, le dollar profite de son statut de monnaie de réserve mondiale et l'euro flanche de 0,59% à 1,0428 dollar, au plus bas depuis plus d'un mois.
Les tarifs énergétiques se replient de 1,05% à 120,65 dollars s'agissant du baril de Brent et de 1,05% à 119,26 dollars pour le WTI, de crainte qu'une dégradation de la conjoncture limite la demande. En outre, alors que la Chine s'est efforcé de remplir ses stocks le mois dernier dans la perspective d'une réouverture plus large en juin, ce scénario prend du plomb dans l'aile au vu des dernières nouvelles du front sanitaire.