(BFM Bourse) - Après trois séances de hausses consécutives, le marché parisien s'immobilise dans l'attente de la publication, à 14h30, de l'inflation aux Etats-Unis en janvier. D'ici là, les opérateurs digèrent la vague nourrie de résultats -et autres actualités- du jour.
Malgré une actualité microéconomique très dense, en plein cœur de cette nouvelle saison de résultats annuels, le regain de prudence est criant sur le marché parisien, à quelques heures de chiffres très attendus sur l'évolution des prix à la consommation outre-Atlantique. Après une ouverture encore en légère hausse en réaction à la clôture positive des marchés américains alimentés par une détente sur le marché obligataire, le CAC 40 -revenu mercredi à son niveau pré-BCE à la faveur d'une 3e progression consécutive- évolue proche de l'équilibre (-0,13% à 7.121 points) vers 11h30. Si les opérateurs sont occupés à éplucher la grosse salve de publications du jour, "c'est cependant la publication des chiffres de l’inflation américaine qui devrait déterminer la tendance du jour" prévient le spécialiste des investissements de Mirabaud John Plassard.
L'indice CPI (pour "Consumer Price Index), qui revêt une importance cruciale, sera en effet publié à 14h30 par le U.S. Bureau of Labor Statistics. Le consensus Reuters table sur une hausse de 7,3% sur un an des prix à la consommation en janvier, ce qui serait un nouveau record depuis 1982 après +7,1% en décembre, et sur un indice "core CPI" (excluant les denrées alimentaires et énergétiques) à 5,9%. Les marchés craignent une accélération plus prononcée que prévu de l'inflation, qui pourrait inciter la Fed à relever plus brusquement ses taux qu'initialement escompté.
Les tarifs pétroliers grimpent de leur côté légèrement (+0,6% pour le baril de Brent à 92 dollars) vers 13h40 alors que les opérateurs gardent un œil sur les négociations sur le nucléaire iranien, tandis que la monnaie unique se raffermit timidement (+0,14% à 1,1434 dollar) avant la publication de l'inflation aux Etats-Unis.
Dans l'attente de cette publication, les investisseurs parisiens se focalisent néanmoins sur la grosse salve de résultats annuels du jour, détaillés ci-après.
TotalEnergies
Le géant pétrolier tricolore a profité de la flambée des tarifs pétroliers (et gaziers) pour dégager un bénéfice net part du groupe de 16 milliards de dollars (contre -7,2 milliards en 2020), au plus haut depuis 2008. Evoquant un quatrième trimestre 2021 "exceptionnel", "le plus fort de l'histoire de l'entreprise" avec un Ebitda ajusté de 14,3 milliards de dollars et un bénéfice ajusté de 6,4 milliards, TotalEnergies annonce une augmentation de 5% de ses acomptes sur dividendes pour 2022, ainsi que le lancement d'un programme de rachat d'actions à hauteur de 2 milliards de dollars au premier semestre, montant qui pourrait être encore supérieur au deuxième trimestre. Il a par ailleurs indiqué que ses investissements nets devraient s'établir à hauteur de 14 à 15 milliards de dollars en 2022, dont un quart (3,5 milliards) seront consacrés aux énergies renouvelables et à l'électricité. Après avoir récemment atteint un pic depuis octobre 2018, le titre évolue peu vers 12h10 ce jeudi (-0,6%).
Legrand
Malgré des résultats financiers records et supérieurs aux attentes du marché, le titre Legrand cède de son côté 1% - après une ouverture en hausse. Le spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques du bâtiment a pourtant constaté une hausse de près de 15% de ses revenus en 2021 à plus de 6,6 milliards d'euros, à la faveur de nouveaux gains de parts de marché, du succès de ses initiatives de développement et de son "pricing power" - élément important en ces temps d'inflation galopante. En dépit de tensions sur les chaînes d'approvisionnement qui se sont traduites par une flambée du coût des matières premières et des composants (+11% sur l'année, +17% sur le seul 4e trimestre), Legrand est en effet parvenu à faire progresser sa marge opérationnelle à 20,5%, contre 19,0% en 2020.
L'Oréal
Le marché fait également la fine bouche pour la publication "historique" du n°1 mondial des cosmétiques, qui a fait part de ventes et de bénéfices records. Sur l'ensemble de l'année, L'Oréal a vu son chiffre d'affaires grimper de 15,3% par rapport à 2020 (+8% par rapport à son niveau pré-pandémie), à 32,28 milliards d'euros, au-dessus des consensus établis par Bloomberg (31,93 milliards) et Factset (32,04 milliards). Sur le seul 4e trimestre, les ventes -encore soutenues par la clientèle chinoise et américaine- ont atteint 9,09 milliards d'euros, quand le consensus misait sur 8,74 milliards. Le bénéfice net annuel part du groupe flirte ressort pour sa part à près de 4,6 milliards d'euros (+29% sur un an). Fort de ces résultats, L'Oréal proposera à ses actionnaires un dividende de 4,80 euros par action contre 4 euros en 2020. Le titre cède 1,4% vers 13h.
Crédit Agricole
La deuxième banque tricolore derrière BNP Paribas a fièrement annoncé avoir dépassé, en 2021, son objectif de bénéfice net sous-jacent pour 2022 avec un an d'avance grâce à la baisse des coûts liés aux créances douteuses et à une hausse des revenus de tous ses secteurs d'activité. Celui-ci a ainsi atteint 5,4 milliards d'euros en 2021, bien supérieur à l'objectif de 5 milliards avancé pour 2022. "Il s'agit d'une "bonne publication" de résultats pour le quatrième trimestre, ont observé les analystes de Jefferies, soulignant que le résultat net trimestriel est ressorti supérieur de 17% au consensus, à 1,43 milliard d'euros. Crédit Agricole annonce par ailleurs qu'il distribuera 1,05 euro de dividende par action en 2021: 85 centimes en vertu de sa politique de distribution de 50% de son résultat net, et 20 centimes pour le dividende qui n'avait pas pu être versé en 2019. Après avoir repris plus de 150% depuis son krach de mars 2020, le titre avance de 1,4% supplémentaires à un nouveau plus haut depuis début 2018.
Société Générale
À l'instar de BNP Paribas et Crédit Agricole, Société Générale a à son tour dévoilé un bénéfice net record pour l'année 2021, à 5,6 milliards d'euros, à comparer à une perte de 258 millions en 2020, en raison de provisions liées à la pandémie de Covid-19. "L'ensemble des métiers contribuent à cette très belle performance et le groupe affiche par ailleurs en fin d'année un bilan très solide avec un portefeuille de crédits de très bonne qualité et des ratios de capital élevés", se félicite le directeur général du groupe Frédéric Oudéa. Le groupe a notamment quadruplé son bénéfice net au 4e trimestre 2021, à près 1,8 milliard d'euros, et se dit confiant pour 2022, indiquant que "sa rentabilité devrait continuer de s'améliorer". En Bourse, le titre qui a signé la meilleure performance du CAC en 2021 (+77%) gagne 3% à 13h, et revient à un sommet depuis mai 2015.
Unibail-Rodamco-Westfield
Le géant des centres commerciaux, notamment propriétaire des Halles dans le centre de Paris ou du centre commercial Les Quatre Temps à la Défense, a publié jeudi un chiffre d'affaires 2021 encore en baisse de 3,7% à 1,72 milliard d'euros. Il a néanmoins enfin fourni des perspectives chiffrées pour 2022, et celles-ci sont optimistes alors que le groupe anticipe un retour progressif à la normale. URW dit en effet s'attendre cette année à un bénéfice par action ajusté (BPA) récurrent entre 8,20 et 8,40 euros en 2022, contre 6,91 euros en 2021 - un chiffre au-dessus des attentes du groupe qui tablait sur "au moins 6,75 euros" mais en-deçà de son niveau de 2020 (-5,2%). Le groupe a fait état d'une collecte des loyers à 88% sur l'ensemble de l'année, contre 80% en 2020, avec une très nette amélioration au second semestre (93%). Il a parallèlement annoncé un accord pour la cession d'une participation de 45% d'un centre commercial à Société Générale Assurances et BNP Paribas Cardif pour un prix implicite d’environ un milliard d’euros. Le titre domine le palmarès du CAC à 13h (+7%).
Atos
Nouvelle déconvenue pour les actionnaires d'Atos, qui annonce une dépréciation de près de 2 milliards d'euros sur ses comptes 2021 en raison de son recentrage stratégique opéré l'an dernier. Le spécialiste des services du numérique a par ailleurs annoncé qu'il n'atteindrait pas ses objectifs annuels déjà nettement revus à la baisse en janvier (et en juillet dernier). Le titre replonge de près de 5%, proche de son creux de près de 10 ans atteint en janvier.
Pernod Ricard
Le titre du géant des spiritueux évolue peu ce jeudi (-0,4%) en dépit du relèvement de perspectives annoncé, le groupe tablant désormais sur une "très bonne" croissance de ses ventes pour l'ensemble de son exercice qui sera clos fin juin, quand il avait auparavant dit s'attendre à une croissance "dynamique". Pernod Ricard a fait part d'une croissance organique de ses revenus de 17% à 5,95 milliards d'euros au premier semestre, avec une nouvelle hausse de 9% aux Etats-Unis (son premier marché), pour un résultat opérationnel courant qui flirte avec les 2 milliards d'euros (+22% en organique), un record.
Dassault Aviation
Pas de résultats annuels mais l'annonce d'une vente portant sur 42 Rafale de dernière génération à l'Indonésie pour Dassault Aviation ce jeudi. Contrat qui "marque le début d'un partenariat de long terme qui se concrétisera par la montée en puissance rapide et concrète de la présence de Dassault Aviation dans le pays" selon le PDG du groupe Eric Trappier, et qui permet au titre de s'adjuger 4%.
Les autres valeurs
Parmi les plus petites valeurs, Claranova lâche 7% après avoir achevé le premier semestre (juillet-décembre 2021) de son exercice décalé avec des revenus stables par rapport à 2020, malgré "un retour progressif à la croissance" constatée au 2e trimestre (+3% à changes constants).
Le spécialiste de l'ingénierie nucléaire Assystem a pour sa part dévoilé un chiffre d'affaires consolidé de 483,1 millions d'euros en 2021 (+7,8% en organique) et son titre avance de 3,1%.
Lectra, spécialisé dans les logiciels, équipements de découpe, services et données destinés aux entreprises de mode, bondit de son côté de 11% en réaction à l'annonce d'une vive progression de son bénéfice net en 2021 (+61% à 11,4 millions d'euros).
Le groupe de conseil et de services numériques Neurones publie une croissance organique à deux chiffres de ses revenus en 2021 (+10,1% à 580 millions d'euros), et grignote 2% en Bourse.
Enfin, le spécialiste stéphanois de la logistique à l’intérieur des entrepôts Boa Concept, récemment introduit en Bourse, a annoncé avoir largement dépassé les objectifs qu'il s'était fixés sur l'année écoulée, grâce notamment à la forte demande des acteurs du e-commerce. Le titre grimpe (+8,6%) à un nouveau sommet.
Également à souligner, le rebond de près de 10% d'Orpea après que le nouveau PDG du groupe dans la tourmente a déclaré qu'il soumettra au conseil d'administration les propositions énoncées par son actionnaire Mirova dans une lettre ouverte publiée lundi.