(BFM Bourse) - En légère baisse à la mi-journée, le marché parisien a accentué son recul dans l'après-midi, après une prise de parole de Christine Lagarde plus ferme que prévu au sujet de l'inflation, ne fermant plus totalement la porte à une hausse des taux en 2022. Dans le même temps, Facebook s'effondre à Wall Street après ses résultats et prévisions en-deçà des attentes.
Modérément baissier en début de séance après trois séances consécutives de rebond, le CAC 40 a nettement accru ses pertes à partir de 14h30, moment auquel la présidente de la BCE a pris la parole, après l'annonce par l'institution du maintien (attendu) de sa politique monétaire. Et le marché n'a que très peu goûté le ton légèrement plus restrictif adopté par la patronne de la banque centrale durant sa conférence de presse que ce que le communiqué de la BCE laissait suggérer, observe Franck Dixmier, directeur des gestions obligataires d'Allianz Global Investors. Le baromètre du marché tricolore a ainsi clôturé en baisse de 1,54% à 7.005,63 points, effaçant les gains des deux dernières séances.
Sous pression après la publication, mercredi, d'une poussée inédite de l'inflation en zone euro (+5,1% sur un an au mois de décembre), Christine Lagarde a reconnu que la hausse des prix à la consommation était plus forte qu'anticipé, admettant également que les risques étaient orientés à la hausse, tout en répétant tabler sur un ralentissement d'ici la fin de l'année. La présidente de la BCE a par ailleurs assuré que le Conseil des gouverneurs de l'institution ne prendrait pas de décision précipitée en matière de politique monétaire mais n'a pas réaffirmé qu'une hausse des taux dès cette année était "très improbable", comme elle l'avait dit lors de la dernière réunion.
Il n'en fallait pas plus pour que les rendements des emprunts d'Etats, reflets des anticipations des futurs taux, bondissent de nouveau, le taux allemand à 10 ans (référence en Europe) grimpant à 0,13% contre 0,04% la veille, quand le taux américain à même échéance atteignait 1,83%, en hausse de 70 points de base. Après l'annonce attendue de la hausse des taux directeurs de la Banque d'Angleterre de 0,25 point, à 0,5%, l'emprunt du Royaume-Uni à 10 ans montait à 1,37%, contre 1,26% la veille.
La séance a par ailleurs été émaillée de statistiques économiques, avec notamment la publication des indices PMI d'IHS Markit qui ont révélé un nouveau tassement de la croissance de l'activité en zone euro en janvier, à 52,3 après 53,3 en décembre, soit son plus bas niveau depuis février.
Facebook s'effondre, le Nasdaq cède 2,5% à 18h
À cet agenda macroéconomique chargé s'ajoutait un flot de publications annuelles des deux côtés de l'Atlantique, et c'est celle de Facebook qui retient l'attention du marché ce jeudi. Le réseau social, devenu Meta, a pour la première fois annoncé une baisse de son nombre d'utilisateurs actifs, assortie d'une prévision jugée décevante de ses revenus annuels. Le titre plonge de plus de 25% peu après 18h, et entraîne le Nasdaq (-2,5%) ainsi qu'Amazon (-7,2%) dans sa chute. Meta efface au passage plus de 220 milliards de dollars de capitalisation à ce stade, soit un record pour un groupe coté en une seule séance. Au même moment, le Dow Jones rend 1% et le S&P cède 1,7%. Egalement sanctionné pour le ralentissement de sa croissance en 2021 et l'absence de prévisions sur l'exercice en cours, Spotify abandonne 16,6%.
La tech' et le luxe tirent le CAC vers le bas
La lourde rechute du Nasdaq, conjuguée au vif redressement des rendements obligataires face à la perspective d'un resserrement monétaire de la BCE, a mis sous pression le secteur technologique à Paris. Déjà en forte baisse à la mi-journée, Worldline et Capgemini ont finalement lâché 4,5% et 3,9% à la clôture. STMicro (-4,1%), Teleperformance (-3,4%) et l'ensemble des valeurs de croissance ont souffert ce jeudi, les géants du luxe en tête (-3,3% pour Hermès, -2,9% pour Kering, -2,4% pour LVMH). Dassault Systèmes a pour sa part cédé 3,8% après avoir dit anticiper un recul de sa marge en 2022 alors qu'il prévoit d'augmenter les salaires de ses employés en raison d'une "guerre des talents".
Publicis en revanche a grappillé 0,5% en réaction à ses résultats records, et à sa confiance affichée pour l'exercice en cours. Sans actualité particulière, Renault a signé la meilleure performance de la journée au sein du CAC (+2,5%), où les valeurs bancaires étaient logiquement recherchées (+1,7% pour Société Générale, +1,3% pour Crédit Agricole notamment).
Hors de l'indice vedette, Atos a reflué de 7,4% après avoir annoncé que sa division cybersécurité n'était pas à vendre, contrairement à ce que Reuters avait laissé entendre cette semaine. Valneva a perdu de son côté 3,4% malgré un triplement de ses revenus en 2021, grâce aux 250 millions d'euros versés par le gouvernement britannique en dépit de la résiliation du contrat qui portait sur la fourniture de 60 à 100 millions de doses de vaccins début septembre dernier.
Le spécialiste des outils de coupe et de perçage Tivoly fait l'objet d'une OPA de la part de la famille Peugeot, avec une prime de plus de 100% par rapport au dernier cours de Bourse. Le pro des services de ressources humaines pour de l'intérim Synergies, qui vise 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2022 après avoir dépassé son record d'activité d'avant la crise sanitaire en 2021 (à près de 2,7 milliards d'euros de revenus), a avancé de près de 3,4%
L'euro au plus haut depuis mi-janvier
En recul dans la matinée sur fond de prises de bénéfices après les nouveaux records pluriannuels touchés la veille, les tarifs pétroliers repartent à la hausse cet après-midi, le baril de Brent se traitant de nouveau proche des 90 dollars à 18h15 (+à,4% à 89,8 dollars). vers 13h10 à 84,3 dollars (-1,2%). Enfin, sur le Forex, la monnaie unique se renforce très nettement face au billet vert en réaction aux propos plus restrictifs qu'escompté de Christine Lagarde (+1,14% à 1,1435 dollar). Cette 5e séance consécutive de hausse ramène l'euro à un pic depuis le 14 janvier face au dollar.