(BFM Bourse) - L'attentisme a dominé la séance lundi à l'orée de la saison des semestriels, plusieurs entreprises américaines tirant cette semaine la première salve de résultats. Tandis que persistent de nombreuses incertitudes sur les perspectives économiques, les investisseurs seront plus attentifs que jamais au discours des sociétés cotées.
La mise en place de nouvelles mesures de distanciation et de restrictions aux déplacements en Chine face à l'apparition d'une version BA.5 du variant Omicron a donné une tonalité négative aux premiers échanges boursiers en Europe lundi matin. Emboîtant le pas du Shanghai Composite (-1,5%), le CAC 40 a perdu jusqu'à plus de 2% à l'ouverture. Le marché parisien a toutefois réduit ses pertes au fil de la séance, pour clôturer à 5.996,30 points, une baisse de 0,61% depuis vendredi soir.
La semaine dernière, le CAC 40 est parvenu à remonter de 1,72% et le S&P 500 de 1,92% - une embellie conforme à la saisonnalité qui veut que la première quinzaine de juillet soit particulièrement porteuse pour les actions.
"Alors que les actions ont baissé, que les spreads de crédit se sont élargis et que les rendements mondiaux [des obligations NDLR, ces rendement augmentant à mesure que les prix baissent] ont augmenté au cours du premier semestre, ce n'était qu'une question de temps avant que les conditions ne se resserrent suffisamment pour ralentir la croissance au point nécessaire pour compenser l'inflation. Sans surprise, presque tous les observateurs du marché annoncent désormais une récession et une baisse des bénéfices des entreprises. Cependant, les investisseurs se posent la question de savoir quel niveau d'inflation, de resserrement et de ralentissement est déjà intégré dans les cours et si cela est suffisant", mentionne Robert Surgent, gérant senior chez Neuberger Berman. Pour la première fois depuis le début de l'année, le spécialiste pense que cela pourrait bien être le cas... En tout cas "si la prudence est de mise au cours du prochain trimestre, nous ne pensons pas qu'il soit judicieux d'être plus pessimiste à l'égard des marchés qu'il y a six mois", indique Robert Surgent.
La teneur du discours des dirigeants d'entreprises vis-à-vis de leurs objectifs 2022 sera évidemment déterminante pour vérifier si le recul des cours au premier semestre reflète suffisamment les difficultés liées à l'inflation, ou si au contraire une contraction des bénéfices nécessite un ajustement supplémentaire vers le bas. Cette semaine donnera le coup d'envoi des publications. Une première salve en provenance des Etats-Unis est attendue avec PepsiCo dès mardi ou Delta Air Lines mercredi, suivis par JPMorgan et Morgan Stanley jeudi puis BlackRock, Citigroup et Wells Fargo vendredi. Au chapitre macro-économique, la publication des premières données d'inflation pour le mois de juin aux USA, mercredi, constitue le rendez-vous phare de la semaine.
En attendant, l'animation a clairement fait défaut sur le marché parisien avec des volumes limités à moins de 2,4 milliards d'euros, encore moins que vendredi. Les opérateurs se sont vivement détournés du secteur bancaire (-3,3% pour BNP Paribas, -2,6% sur Société Générale et -2,15% sur Crédit Agricole) sur fond d'apaisement des rendements obligataire - et de maintien d'une inversion de la courbe sur les titres de référence du Trésor américain, signe considéré comme annonciateur d'une récession.
Le luxe a aussi pesé à nouveau sur la tendance, seul Hermès (+0,5%) échappant à la tendance légèrement négative pour les autres représentants du secteur.
Indécis tout au long de la journée, STMicroelectronics a finalement cédé 0,26% alors le groupe annonce en grande pompe le projet de construction d'une nouvelle usine, commune avec le groupe américain GlobalFoundries, sur son site de Crolles.
Dans le rouge à l'ouverture, EssilorLuxottica a terminé en haut du palmarès de l'indice phare en gagnant 1,4%. Avec +0,82% de progression, Sanofi figurait également parmi les quelques représentants du CAC 40 dans le vert à la suite du succès d'une étude clinique sur le fitusiran, molécule contre l'hémophilie acquise auprès d'Alnylam en 2018. Le secteur pharmaceutique était plutôt recherché d'une façon générale, biotechs comprises (Genfit +8,3%, OSE Immuno +7,2%). Ipsen a pris 2,4%.
Parmi les petites capitalisations, Hoffmann Green Cement s'est fait remarquer en rachetant le groupe périgourdin ABC Broyage, ce qui lui permet d'internaliser le traitement de ses matières premières. Cette toute première acquisition effectuée par l'entreprise est bien perçue des investisseurs, puisque l'action Hoffmann Green Cement a gagné 1,7%.
Sur le marché des changes, l'euro repassait sous 1,01 dollar, à 1,0086 dollar (-1%). Comment expliquer cette nouvelle sortie de route de l'euro et faut-il craindre le pire pour la devise européenne ? Dans son dernier rapport hebdomadaire, l'analyste macro & changes de Western Union Business Solutions, Guillaume Dejean, évoque un alignement de planètes très défavorable pour la monnaie unique et un cumul de facteurs énergétique, économique, monétaire, et même sanitaire qui participent au déficit d'intérêt pour l'euro.
Les tarifs pétroliers corrigeaient de leur côté légèrement à 106,44 dollars (-0,54%) le baril de Brent en fin de journée et 103,82 dollars (-0,93%) pour le WTI.