(BFM Bourse) - Au lendemain des "minutes" pourtant sans surprise de la Fed, Christine Lagarde va avoir fort à faire ce jeudi pour rassurer des investisseurs inquiets vis-à-vis du rythme de la normalisation monétaire à venir. Le CAC 40 lâche plus de 2% à la mi-journée.
Schizophrènes, les marchés ? Le doute est permis ce jeudi matin, alors que les marchés européens s'affolent au lendemain des nouveaux records en clôture inscrits par le S&P 500 et le Nasdaq à Wall Street, où les opérateurs ont salué le pragmatisme de la Fed. La lecture des dernières "minutes" (procès-verbal) de la dernière réunion de l'institution monétaire est bien différente de notre côté de l'Atlantique. Cela se traduit par un recul de 2,18% pour le CAC 40 à 12h25, à 6.385,48 points, au plus bas depuis le 21 mai dernier. S'il en restait là, le baromètre parisien subirait aujourd'hui sa plus mauvaise performance journalière de 2021.
Source des inquiétudes des opérateurs, le compte-rendu de la réunion de politique monétaire du 15-16 juin dernier de la banque centrale américaine a révélé que les membres de son comité monétaire avaient été surpris par la vitesse et l'ampleur de la poussée de l'inflation liée à la réouverture de l'économie américaine. Comme expliqué à l'issue de cette réunion, ils ont également échangé sur plusieurs hypothèses à moyen terme mais attendent de nouveaux indicateurs pour changer de fusil d'épaule sur le rythme des rachats d'actifs ou sur la trajectoire monétaire. Ils ont par ailleurs confirmé leur hypothèse du caractère transitoire de la poussée inflationniste en cours. "Si le (resserrement monétaire) n'est pas pour tout de suite, il approche néanmoins (...) et cette normalisation progressive des politiques monétaires, qui pourrait précéder celle des politiques budgétaires l'année prochaine (...) ira de pair avec le ralentissement économique après le rebond très fort en sortie de crise sanitaire", avance Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.
Alors que les marchés européens tanguent violemment ce jeudi à la mi-journée, la BCE va à son tour publier le compte rendu de sa dernière réunion de politique monétaire de juin. Les observateurs s'attendent à ce que la présidente de l'institution Christine Lagarde -qui doit prendre la parole à 14h- annonce une légère redéfinition de la cible de l'inflation. Au lieu d'être fixé à "proche mais inférieur à" 2%, le nouvel objectif passerait à 2% environ, avec une certaine latitude pour dépasser ce plafond pendant un certain temps.
Les 40 valeurs du CAC dans le rouge
Aucune des valeurs de l'indice phare de la Bourse de Paris n'échappe à la purge à la mi-séance. Les valeurs technologiques, bancaires et du luxe se partagent les dernières places du palmarès, avec des chutes de 4% pour Société Générale, 3,9% pour Carrefour (qualifié de "mastodonte en voie de disparition" par l'analyste de Bernstein) et Renault, 3,7% pour Kering, 3,6% pour STMicro, 3,3% pour BNP Paribas, 3,2% pour Worldline, 3% pour LVMH (!), etc.Le reste de la cote n'est pas mieux loti puisque seules une poignée de valeurs du SBF 120 évoluent en territoire positif à la mi-journée, dont Sartorius Stedim Biotech (+0,9%), imperturbable dans sa chasse aux records, et Iliad (+1,6%), qui profite d'un relèvement de conseil de HSBC. Les variations sont nettement plus prononcées dans l'autre sens (-10,9% pour Solutions 30, -6,9% pour Elior).
Malgré l'obtention de la désignation de "breakthrough therapy" par la FDA, qui qualifie une percée thérapeutique considérée comme majeure, pour son vaccin anti-chikungunya, la biotech nantaise Valneva cède 1% après un début de séance en nette progression.
L'or noir également rouge vif
L'inquiétude est également de mise sur le marché pétrolier, où les opérateurs prennent des bénéfices dans l'attente d'en savoir plus sur les conséquences de l'échec des négociations entre les pays producteurs. Le baril de Brent cède encore 0,8% à 72,8 dollars vers 12h30, quand celui de WTI recule de 1% à 71,4 dollars.
Du côté des changes, la monnaie unique reprend 0,27% à 1,1827 dollar.