(BFM Bourse) - L'accalmie espérée avec l'annonce d'un sommet à venir entre Biden et Poutine a tourné court. Le Kremlin a douché cet espoir en jugeant "prématuré" une telle rencontre, avant d'affirmer avoir tué cinq saboteurs venus d'Ukraine en territoire russe. La tension grimpe encore d'un ton, et le CAC 40 chute à un plancher depuis début décembre.
L'angoisse est prégnante et se transforme progressivement en sauve-qui-peut sur les places boursières mondiales, alors que la possibilité d'une guerre en Europe est désormais dans tous les esprits. Brièvement rassuré par l'annonced'un accord de principe en vue d'une rencontre entre Vladimir Poutine et Joe Biden sur la crise ukrainienne, le marché parisien a subi de plein fouet le rétropédalage du maître du Kremlin ce lundi matin, ce dernier ayant précisé qu'aucun projet concret de sommet n'était prévu pour l'instant.
Pour ajouter à la nervosité ambiante, l'armée russe a annoncé peu après 14h avoir tué cinq saboteurs venus d'Ukraine en territoire russe, ce que Kiev a formellement démenti dans la foulée. Le fait que ces revendications soient l'œuvre de l'armée russe et non de séparatistes interpelle néanmoins grandement les experts, qui craignent désormais le pire, alors que les infractions au cessez-le-feu (quasi-quotidiennes depuis de longs mois) sont habituellement imputables à des milices pro-russes. Autrement dit: un nouveau pas important a été franchi en direction d'une guerre, d'autant que les Occidentaux (Etats-Unis en tête) soutiennent que la Russie cherche un prétexte pour déclencher les hostilités. "Pas un seul de nos militaires n'a franchi la frontière avec la Fédération de Russie, et pas un seul d'entre eux n'a été tué aujourd'hui", a néanmoins déclaré à la presse un haut responsable du ministère de l'Intérieur, Anton Gerachtchenko.
Pour rappel, l'Ukraine est confrontée à la présence d'environ 150.000 soldats russes près de sa frontière depuis plusieurs semaines, soit "la plus grande concentration de troupes" depuis la Guerre froide selon le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg.
Et l'annonce de l'armée russe a provoqué un plongeon du CAC 40, qui a brusquement reflué de plus de 2,6% - portant son recul "intraday" à près de 3,5% après une ouverture dans le vert (+0,8%). Vers 15h10, le baromètre du marché tricolore affiche 6.777 points au compteur (-2,22%).
Ce sont toutefois les indices boursiers russes et ukrainiens qui pâtissent le plus durement de cette vive dégradation de la situation, le Moex (principal indice de la Bourse de Moscou) s'étant effondré de 10% en début d'après-midi. Peu après 15h, celui-ci (d'une taille relativement modeste en comparaison du CAC) flanche encore de près de 9%.