(BFM Bourse) - La Bourse de Paris lâche plus de 3% jeudi soir, de retour sous les 7100 points. Un mouvement qui s'est accéléré après les excellents chiffres de l'emploi privé américain, qui ouvrent la voie à de nouvelles hausses de taux de la part de la Fed.
En quatre jours, la Bourse de Paris n'a cessé d'enfoncer des planchers. Et cette séquence baissière s'est accélérée ce jeudi, avec une séance particulièrement cauchemardesque qui a vu le CAC 40 chuter de 3,12% pour clôturer à 7082,29 points.
Il s'agit donc de l'une des pires de l'année 2023, la séance du 15 mars s'étant achevée par un repli de -3,58%, en pleine tempête sur le secteur bancaire.
L'indice vedette parisien ploie sous les craintes d'un ralentissement économique et des hausses de taux, qui ont été renforcées par le compte-rendu de la dernière réunion de la Réserve fédérale américaine.
"Le marché pâtit d'un double effet négatif. Depuis plusieurs jours, les indicateurs économiques ne sont pas bons, en Europe et en Asie, comme on l'a encore vu mercredi avec les PMI Services. Et par ailleurs, les indices actions sont pénalisés par les discours d'intention volontaristes et restrictifs des banques centrales dont on sait déjà (pour la Fed, la Réserve fédérale américaine, et la Banque centrale européenne, la BCE) qu'elles vont certainement relever leurs taux en juillet. Il y aura ensuite le doute sur une deuxième hausse consécutive, doute qui durera jusqu'en septembre", développe Alexandre Baradez, chef de la recherche marché d'IG France.
Crispation obligataire
Et les excellents chiffres de l'emploi privé aux Etats-Unis nourrissent la crispation des marchés. Selon l'enquête ADP, la première économie mondiale a créé 497.000 postes dans le secteur privé et sont donc deux fois plus nombreuses qu'espéré par le marché.
Cette robustesse du marché de l'emploi américain est perçu comme une mauvaise nouvelle par les marchés et ce, à 24h de la publication des chiffres officiels de l'emploi américain. Les analystes prévoient 220.000 nouvelles embauches contre 339.000 en mai avec un taux de chômage de 3,6% contre 3,7% le mois d'avant.
Sur le marché obligataire, les investisseurs anticipent donc de nouveaux relèvements de taux directeurs des grandes banques centrales. La Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne (BCE) ont déjà signalé qu'elle prévoyait des hausses lors de leurs réunions de ce mois de juillet.
L'ensemble des rendements obligataires souverains - c'est-à-dire les taux des dettes des Etats - des pays développés ont donc explosé ce jeudi et atteignent des plus hauts depuis plusieurs mois voire plusieurs années.
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Les valeurs cycliques et sensibles aux taux dans le dur
Dans ce contexte, l'ensemble des valeurs cotées sur le CAC 40 ont terminé dans le rouge et particulièrement les les valeurs cycliques. Les valeurs technologiques ont elles aussi connu une séance atroce, STMicroelectronics a lâché 5,1%, Capgemini a rendu 4,5%.
Il en est de même pour les foncières à l'image de Unibail-Rodamco (-5,6%), lanterne rouge du CAC 40.
Publicis a de son côté connu une brève pointe à plus de 5% avant de redescendre (-1,9% à la clôture), avec des spéculations d'un hypothétique intérêt de Vincent Bolloré via Vivendi, à la suite d'un article de Challenges.
Euronext a abandonné 4,4% pâtissant d'une dégradation de Deutsche Bank qui a abaissé sa recommandation de "acheter" à "conserver".
Petit point positif tout de même: l'introduction en Bourse du spécialiste du dessalement d'eau bas carbone Osmosun a fait carton plein auprès des investisseurs, l'offre de titre ayant été largement sursouscrite. Le prix d'introduction a été fixé à 6,5 euros dans le haut de la fourchette indicative précédemment communiquée par le groupe. L'introduction en Bourse aura lieu lundi prochain.
Sur les autres marchés, l'euro prend 0,1% face au dollar à 1,0869 dollar. Les cours du pétrole redonnent du terrain également. Le contrat de septembre sur le Brent de mer du Nord perd 1,2% à 7575 dollars le baril, tandis que celui d'août sur le WTI coté à New York cède 1,1% à 71 dollars le baril.
