(BFM Bourse) - La Bourse de Paris accroit ses pertes en direction des 6.400 points, de retour sur des plus bas de deux semaines. Les craintes d'un resserrement sévère de la politique monétaire américaine et la dégradation de la situation sanitaire en Chine occultent la réélection attendue du président français Emmanuel Macron dimanche.
L'indice parisien chute de plus de 2% de retour sur des plus bas de deux semaines sur les 6.430 points. L'annonce en fin de matinée d'une amélioration du climat des affaires en Allemagne ne parvient pas à extirper le CAC 40 de sa tendance fortement baissière.
L'indice Ifo progresse de 1 point en avril à 91,8 points alors qu'un repli était attendu 89 points. Cette bonne nouvelle sur le front macroéconomique est éclipsée par les fortes inquiétudes des opérateurs sur la dégradation de la situation sanitaire en Chine alors que Pékin a ordonné des mesures de confinement plus strictes face à l'explosion des cas de Covid-19.
Les nuages noirs s'accumulent donc dans le ciel boursier, alors que la fin de semaine n'a pas été de tout repos sur les indices boursiers. Le président de la Réserve fédérale américaine a refroidi les investisseurs jeudi en confirmant une probable hausse de 0,5 point du taux des Fed Funds dès la prochaine réunion, après 0,25 point à la précédente. En Europe, l'idée d'une première hausse de taux cet été pourrait se concrétiser alors que la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a déclaré vendredi qu'un relèvement avant la fin de l'année était un scénario à envisager.
Un cocktail qui déplait à des opérateurs en raison de la remontée des rendements obligataires. Le rendement des emprunts d'Etat américains est à 2,84% pour le dix ans, après renoué hier soir avec des plus hauts depuis la fin 2018, à près de 2,95%. En Europe, le Bund allemand à 10 ans, la référence en zone euro se tend en direction des 1%.
Sur le front des valeurs, très peu de rescapées parviennent à rester en territoire positif. Engie rebondit de près de 2%, soutenu par Deutsche Bank qui a relevé sa recommandation de conserver à l'achat sur l'ex-GDF Suez. Vinci réduit ses gains à moins de 1%, le titre profite également d'une note d'analyste de JPMorgan qui augmente son objectif à 114 euros (contre 113) tout en maintenant son conseil de surpondérer.
En légère hausse dans les premiers échanges, Vivendi est désormais stable après avoir annoncé une croissance de 13,4% son chiffre d'affaires au premier trimestre, portée par le dynamisme de ses filiales Canal+ et Havas.
Technip Energies inversement réduit ses pertes à 1,5%, dans le sillage du repli des cours de l'or noir. Le groupe a pourtant publié des comptes supérieurs aux attentes avec un résultat opérationnel récurrent en hausse de 17 % au premier trimestre, matérialisant une marge de 6,6%, contre 5,9% il y a un an. Hors activité en Russie, le groupe anticipe pour cette année un chiffre d’affaires ajusté compris entre 5 et 5,5 milliards d’euros et une marge opérationnelle ajustée d’au moins 6,5%.
Les craintes d'un ralentissement de la croissance mondiale, mises en lumière par la situation chinoise pèsent sur les valeurs "matières premières." ArcelorMittal lâche 7,55%, Vallourec redonne près de 6%. Les actions du luxe ne sont pas non plus épargnées : Kering, Hermès International et LVMH lâchent plus de 4% à la mi-journée.
Ubisoft accroit ses gains et flambe de 11% à la mi-journée, toujours recherché en Bourse alors qu'il reste considéré par les analystes comme une cible privilégiée dans un secteur en pleine consolidation.
Erytech Pharma flambe de 24% après annonce de la vente de son site de production américain à la société Catalent pour un montant total de 44,5 millions de dollars.
Grosse déception en revanche pour Valneva (-15,51%) alors que l'agence européenne a demandé à la biotech nantaise des données supplémentaires pour pouvoir homologuer le vaccin VLA2001 en Europe.
Sur le front des changes, l'euro recule à son plus bas niveau depuis avril 2020, à 1,0736 $, et efface ses gains engrangés après la victoire d'Emmanuel Macron. L'or noir accroit ses pertes, sous la crainte d'un ralentissement économique mondial. Le Brent perd 3,81% à 101,72 dollars le baril et le WTI plie de 4% sous les 98 dollars.
Sabrina Sadgui