(BFM Bourse) - Les principales Bourses européennes se rapprochent mercredi de la zone de correction, conventionnellement définie comme une baisse d'au moins 10% par rapport au dernier sommet. La menace que fait planer la propagation du coronavirus sur l'économie mondiale coupe l'appétit des investisseurs pour les actifs risqués.
Du rouge vif, encore, avec de surcroît un accès de volatilité mercredi matin sur le marché parisien. Dans un volume de transactions particulièrement nourri, comme lors des séances précédentes (2,17 milliards d'euros échangés à 12h20), le CAC a ouvert en repli de 0,6% avant de chuter brusquement jusqu'à 5.526 points vers 10h10 (-2,58%), un plus bas depuis le 10 octobre 2019. Dans la suite de la matinée, l'indice est revenu sur une partie de ces pertes, pour enregistrer un recul de 0,94% à 5.626 points à la mi-journée.
"Les indices européens devraient ouvrir en baisse ce matin dans le sillage de la poursuite de la purge des marchés américains" anticipaient une fois encore à raison les experts de Mirabaud dans leur note matinale. Un véritable vent de panique s'est emparé des marchés après que l’OMS, par la voie de Bruce Aylward, l’expert qui dirige la mission conjointe OMS/Chine, a déclaré que le monde n’était pas prêt à affronter le coronavirus, tandis que "les appels au calme du gouvernement américain n’ont fait que rajouter de l’huile sur le feu", observe Mirabaud.
La pneumonie virale continue donc de se répandre dans le monde, même si la propagation du virus semble de nouveau ralentir en Chine, où les autorités ont fait état de 52 nouveaux décès en 24 heures contre 71 la veille, soit le chiffre le plus bas depuis plus de trois semaines. De l'autre côté, la situation s'aggrave en Italie, où le bilan a atteint 10 morts, alors que de nouvelles contaminations ont été recensées en Suisse, en Autriche en Croatie, en Allemagne et encore mercredi matin en Grèce.
"Pour les investisseurs, la question est de savoir si l'épidémie/pandémie pourrait se propager mais sans perturber outre-mesure les chaînes d'approvisionnement", souligne Tangi le Liboux, analyste d'Aurel BGC. "Sachant que l'Italie (...) tourne déjà au ralenti, nous avons déjà une partie de la réponse", poursuit-il.
Malgré son nouveau recul d'envergure, l'indice vedette de la cote parisienne limite toutefois ses pertes mercredi à la mi-journée, notamment par rapport au Dax 30 (-16% vers 12h30, après avoir perdu jusqu'à 3,3% plus tôt dans la matinée). La raison est cette fois à chercher du côté microéconomique, avec une dernière salve de publications annuelles convaincantes, parmi lesquelles plusieurs se distinguent plusieurs grands noms du CAC.
Les publications de Peugeot et Thales saluées par le marché
PSA a dévoilé de nouveaux résultats annuels records, le succès des très rentables SUV du groupe et le redressement spectaculaire d'Opel éclipsant son échec sur le marché chinois. Sa marge opérationnelle grimpe de près d'un point à 8,5%, tandis que son bénéfice net bondit de 13,2% à 3,2 milliards d'euros, ces deux indicateurs ressortant à des niveaux inédits. Le titre du constructeur domine le palmarès du CAC avec un gain de 4,1% à la mi-journée. Et PSA entraîne Renault (+2%, après avoir touché un plus bas historique mardi en clôture) dans son sillage.
Thales complète le podium et s'adjuge 2,9% à 12h40 après avoir fait état d'une rentabilité record sur l'exercice écoulé et d'un impact "limité" du coronavirus.
Danone a revu à la baisse ses objectifs pour 2020 et prévoit un impact de 100 millions d'euros de l'épidémie de coronavirus sur ses ventes au premier trimestre, la Chine étant son deuxième marché (10% du CA). Le titre de la multinationale alimentaire s'est plusieurs fois retourné au cours de la matinée et cède 0,5% à la mi-séance.
Parmi les autres résultats, ceux de Suez (-0,6%) sont plus fraîchement accueillis en dépit de la nette progression de ses revenus (+3,9%) et de son bénéfice net (+5%), qui ressortent au-dessus du consensus Factset. Le numéro deux mondial de la gestion de l'eau et des déchets affiche en outre de nouveaux objectifs de croissance pour 2020, première année d'application de son plan stratégique, en dépit du coronavirus.
Hermès recule légèrement (-0,5%) alors que le groupe a signé une nouvelle année record, porté par le succès de sa maroquinerie et une croissance toujours forte en Asie, où le groupe de luxe estime en revanche qu'il est "encore trop tôt" pour évaluer l'impact du coronavirus sur son activité.
Enfin, BioMérieux dévisse (-8,7%), le groupe visant un ralentissement de la progression de ses ventes en 2020 , comprise cette fois-ci entre 5 et 7% à taux de change et périmètre constants. Malgré une chute de 42% son bénéfice net en 2019, Nexity évolue à l'équilibre vers 13h.
Le WTI au plus bas depuis janvier 2018
Pas épargnés par les craintes liées à la propagation du coronavirus, avec un impact significatif à prévoir sur la demande chinoise d'hydrocarbures, les barils de brut accentuent également leur repli mercredi matin. À 12h50, le Brent cède 1,31% à 53,55 dollars et le WTI tombe sous les 50 dollars, à 49,43 dollars (-0,94%).
L'eurodollar est stable (+0,02%) à 1,0883.