(BFM Bourse) - Les marchés d'actions, à l'image de la Bourse de Paris, se préparent à l'impact de la publication de l'indice des prix à la consommation au Etats-Unis, annoncé comme "extraordinairement élevé" en mars par la Maison-Blanche.
Les investisseurs s'inquiètent à nouveau de l'approche d'écueils qu'ils n'ont longtemps pas voulu voir, ou du moins qu'ils ont largement relativisé jusqu'à une date récente alors même que les indices étaient déjà flagrants. Rappelons que le CAC 40 étaient à deux doigts d'un record historique en début d'année alors que l'inflation atteignait déjà outre-Atlantique des niveaux inédits depuis plusieurs décennies et que seuls les bruits de bottes en Russie annonciateurs de l'invasion ont vraiment déclenché une correction à partir de la fin janvier). Mais le risque paraît désormais imminent alors que les entreprises vont commencer à livrer des indications concrètes de leur performance en ce début 2022 et préciser pour certaines d'entre elles leurs perspectives en intégrant l'effet des hausses de coûts à leurs objectifs.
Il est fort à parier qu'on reparlera de pricing power pour tenter de sélectionner celles capables d'amortir le choc en refilant le mistigri à leurs clients. Alors que la Maison-Blanche a laissé entendre que l'inflation de mars serait pire que prévu, et que les publications trimestrielles débutent ce soir à Paris avec LVMH, l'indice phare tricolore cède 0,86% 6.499,63 point vers 12h00.
En février, l'institut américain des statistiques a déjà flashé l'indice des prix à la consommation à 7,9% sur un an, soit l'inflation la plus élevée mesurée depuis janvier 1982 (lorsque vous écoutiez Don't You Want Me de Human League sur votre transistor ou peut-être Get Down On It de Kool and the Gang). Or de toute évidence, il faut s'attendre à pire encore pour mars, la porte-parole de la Maison-Blanche ayant évoqué un niveau "extraordinairement élevé" puisque les dernières hausses liées au pétrole et au gaz seront cette fois intégrées dans le panel. Les paris sont ouverts pour savoir si (quand?) la barre des 10% sera touchée... Verdict ce mardi.
Poussée des taux d'intérêt
Le facteur inflationniste a deux principales conséquences. D'une part, il se traduit par une poussée constante des rendements obligataires (le rendement du bon du Trésor à dix ans évolue au plus haut depuis décembre 2018, et son équivalent allemand le Bund au plus haut depuis juillet 2015), et cela rend les actifs sans risque plus concurrentiels face notamment aux valeurs de croissance très chèrement valorisées. D'autre part, cela va être à coup sûr un point de focalisation dans le discours des entreprises, qui devront convaincre primo qu'elles sont en mesure de répercuter la hausse de leurs coûts dans leurs prix, et secundo que cela ne décourage pas les consommateurs. Le luxe est réputé pour avoir cette capacité à un degré incomparable: visiblement les investisseurs ne sont pas trop inquiets pour LVMH et Hermès qui surperforment (-0,1% et +0,2%) mais Kering convainc moins pour le moment (-1,7%).
Du côté de la santé, bioMérieux a déjà fait état de sa performance commerciale au premier trimestre, qui révèle comme attendu une baisse d'activité liée à "l'endémisation" en cours du Covid (synonyme de ralentissement de la demande de tests). Le titre perd 5,8%.
Au sein des producteurs de matières premières, les métalleux se détachent, notamment Eramet (+3,8%) et ArcelorMittal (+1,4%), ainsi que les parapétrolières Maurel & Prom (+4,2%) et CGG (+3,7%) alors que le géant TotalEnergies reste en retrait de 0,9%. Dans le même temps le cours du Brent remonte de 3,07% à 101,50 dollars.
Parmi les rares hausses du moment figure la biotech Poxel (+5,6%) après une étape réglementaire aux Etats-Unis pour un projet de traitement dans les maladies rares, tandis que la société espère trouver bientôt un nécessaire nouveau financement.
Sur le marché des changes l'euro glisse de 0,13% à 1,0872 dollar.