(BFM Bourse) - Comme c'est souvent le cas face au débouclage simultané d'autant de produits dérivés, l'ultime rendez-vous en 2021 des "quatre sorcières" avec les marchés financiers donne lieu à une séance heurtée pour le CAC 40. À la mi-séance vendredi, l'indice parisien se replie significativement après avoir salué la veille la détermination de la Fed à lutter contre l'inflation.
Après avoir (un peu trop ?) célébré jeudi, lendemain de Fed, les mesures annoncées par la banque centrale américaine pour contrer l'inflation, la Bourse de Paris fait machine arrière en ce troisième vendredi de décembre, pour une séance dite des "quatre sorcières". Rappelons qu'intervient aujourd'hui l'échéance trimestrielle des contrats à terme sur actions, s'ajoutant à l'échéance mensuelle des contrats à termes sur indices, options sur indices et options sur action - la conjonction des quatre n'intervient donc qu'une fois par trimestre et s'accompagne généralement d'une volatilité et d'une activité plus forte qu'à l'accoutumée. Dans ce contexte, le CAC 40 a déjà fluctué d'une soixantaine de points, et affiche vers 12h15 un recul de 0,84% à 6.945,99 points, après un très bref passage à l'équilibre en début de matinée.
Il est vrai qu'à Wall Street, les principaux indices ont terminé hier en repli, particulièrement le Nasdaq Composite (-2,5%).
Alors que que le biais moins accommodant adopté par les principales banques centrales de la planète (on peut même dire carrément plus restrictif s'agissant de la Réserve fédérale américaine, qui a annoncé trois hausses de taux à venir l'an prochain et autant en 2023) a finalement été pris du bon côté par les investisseurs, considérant que renoncer à combattre l'accélération de l'inflation constituerait la pire erreur de politique monétaire, des données économiques décevantes en provenance d'Allemagne ont refroidi l'atmosphère en matinée sur les marchés européens.
Une inflation proche de 5% en zone euro
L'indice du climat des affaires en Allemagne calculé par l'Ifo a reculé à 94,7 points en décembre, depuis 96,6; traduisant ainsi un "assombrissement du sentiment des entreprises allemandes pour Noël". Un signal de faiblesse pour l'économie allemande qui intervient sur fond de tensions inflationnistes persistantes, Eurostat venant de confirmer que l'inflation a atteint 4,9% en rythme annuel dans la zone euro au mois de novembre.
Subissant le brutal coup de froid sur le secteur technologique américain, STMicroelectronics se replie de 3,3% supplémentaires, Dassault Systèmes cédant 2,5% et Teleperformance et Capgemini 1,9%. Le luxe pèse aussi de tout son poids sur la tendance (-1,6% pour LVMH et -2% pour Kering). Au sein de l'indice phare, Airbus parvient à grimper de 1% après la commande ferme d'Air France-KLM pour 100 A320neo, avec une option sur 60 appareils de plus, mais c'est Thales (+1,8%) qui affiche la meilleure performance de l'échantillon phare. Les actionnaires de Vinci voient le cours du titre s'apprécier de 0,9%, alors que la firme a annoncé l'annulation de titres auto-détenus équivalent à 1% du capital.
Genfit est à la fête
Hors de l'indice phare, la biotech Genfit est à la fête (+42%) après un accord de licence sur sa molécule élafibranor auprès du groupe Ipsen. Ce dernier paiera 120 millions d'euros dans l'immédiat à la biotech lilloise, et potentiellement jusqu'à 480 millions, pour les droits de ce traitement expérimental de la cholangite biliaire primitive. De plus, Ipsen va acquérir 8% du capital de Genfit via une augmentation de capital valorisant la biotech 350 millions d'euros. Ipsen recule pour sa part d'environ 1,5%.
Le projet de rachat de la société sud-africaine Permoseal (un des leaders dans les solutions adhésives pour le bois, l'emballage, la construction et le bricolage) permet à Arkema de gagner 0,9%. Le rachat par Rubis de 80% de Photosol France, une opération visant a accélérer la transition du groupe vers les énergies renouvelables, est saluée plus vivement : le spécialiste du stockage de produits pétroliers remonte, enfin, de 4%.
La recomposition du capital de CNP Assurances (La Banque Postale reprenant un bloc de 16,1% à BPCE) entraîne un léger gain sur le titre de l'assureur vie (+0,2%).
Le pétrole souffre autant que la tech, avec un repli de près de 2% de la référence européenne Brent à 73,57 dollars, effaçant le gain suscité jeudi par les annonces de l'EIA sur le niveau hebdomadaire des stocks américains, suggérant une demande inédite (23,2 millions de barils jour pour la semaine clos le 10). Au chapitre des devises, l'euro décline de 0,11% à 1,1318 dollars, après avoir plutôt progressé, de façon étonnante, depuis les dernières annonces de la Fed (jusqu'à un pic du mois à 1,136 dollar jeudi).