(BFM Bourse) - La Bourse de Paris reprend plus de 2% mardi, à la suite du retournement des places américaines lundi soir après l'annonce que la Fed allait directement racheter des obligations d'entreprises en catégorie spéculative. L'hypothèse d'un plan de relance budgétaire de plus de 1.000 milliards de dollars outre-Atlantique pour donner un coup de fouet à l'économie soutient aussi le cours des actions.
Très dégradée à l'entame de la semaine, avec un repli de 3% du CAC 40 en matinée lundi, la tendance s'est progessivement améliorée au fil de la journée pour finir en repli limité de -0,49%, et c'est désormais une embellie spectaculaire à laquelle on assiste. Vers 12h30 ce mardi, l'indice tricolore bondit de 2,63% à 4.942,47 points.
Plusieurs éléments amènent les investisseurs à relativiser les craintes récentes. Sur le plan sanitaire, Hervé Goulletquer, stratégiste chez La Banque Postale Asset Management, pointe un double constat sur les USA et la Chine. D'abord, il n'est pas vraiment fondé d'évoquer un risque de deuxième vague aux Etats-Unis... dans la mesure où la première n'est pas terminée (la baisse du nombre de nouveaux cas n'a jamais dépassé 30% par rapport au niveau maximum observé). Pour la Chine, si quelques nouveaux foyers apparaissent, ce n'est pas pour autant une reprise nette de la maladie (la croissance journalière des nouveaux cas atteint seulement 0,1% après plus de deux mois de stabilité). Conclusion "il va falloir apprendre à vivre avec une maladie qui peut-être ne disparaîtra pas, mais se rappellera de temps en temps à nos bons souvenirs sous une forme plus ou moins forte", note le stratège. Du moins "tant que la recherche sur un traitement, ponctuel ou définitif, n'aura pas abouti". En somme, la vigilance reste de mise, mais il n'y a pas aujourd'hui à proprement parler d'éléments caractérisant cette "deuxième vague" avec laquelle les marchés ont un peu joué à se faire peur depuis quelques séances.
Par ailleurs, l'annonce de la Réserve fédérale américaine est venue rappeler qu'il n'était jamais bon d'essayer de se mettre sur le chemin d'une banque centrale lancée en pleine phase d'expansion de son bilan. L'institution dirigée par Jerome Powell a annoncé qu'elle allait élargir, dès ce mardi, son programme SMCCF de rachats d'obligations d'entreprise, en s'autorisant désormais à racheter des titres hors catégorie d'investissement (jusqu'à la note BB-), en plus des obligations bien notées et des fonds cotés de créances.
Du côté de l'administration américaine, des rumeurs rapportées par Bloomberg font état d'un projet d'investir jusqu'à 1.000 milliards de dollars dans des dépenses d'infrastructure, de quoi donner un coup de fouet supplémentaire à la conjoncture.
"Les échos optimistes entendus sur le volet du Brexit en marge de l'entretien lundi entre Boris Johnson et plusieurs hauts responsables européens contribuent également à atténuer les craintes des investisseurs et chasser le sentiment d'aversion au risque que l'on avait vu s'installer depuis jeudi dernier", complète Guillaume Dejean chez Western Union.
Inversement, les opérateurs semblent ne pas vouloir écouter les échos d'affrontements à la frontière sino-indienne, ni à celle entre les deux Corée.
Les valeurs bancaires et pétrolières profitent du nouveau retournement
Du côté des valeurs parisiennes, c'est donc un nouveau coup de barre dans l'autre sens qui s'opère, au profit des valeurs cycliques. Avec l'aide ci et là de bureaux d'études comme chez Elior (+10%) après le relèvement à l'achat par Citigroup, ou chez Renault (+5,5% à la suite du conseil d'achat émis par Bank of America).Le secteur bancaire reprend également du poil de la bête avec 5,7% pour BNP Paribas ou 3,7% pour Société Générale.
Le groupe Rémy Cointreau voit son cours progresser de 2,8% après l'annonce de l'entrée en négociations exclusives en vue d'une prise de contrôle de la maison de champagne J. de Telmont, aujourd'hui encore aux mains des descendants du fondateur.
Tandis que le cours du Brent remonte de 1,54% à 40,33 dollars, et celui du baril texan WTI de 1,35% à 37,62 dollars, les pétrolières progressent à l'image de CGG (+6%) et TechnipFMC (5%), suivis par le producteur Total (+2%).
Le secteur des biotechs est particulièrement animé avec une envolée de 250% d'Inventiva à la suite du succès de l'entreprise dans un essai de phase intermédiaire dans la NASH, là où Genfit avait échoué.
MedinCell enregistre un recul limité (-4%) après le succès d'un placement privé pour un montant de 15,6 millions d'euros.
Du côté des devises, pas grand chose à signaler avec une parité euro/dollar presque inchangée, soit la monnaie unique à 1,3525 dollar (+0,01%).