(BFM Bourse) - Faisant fi de la nouvelle hausse des rendements souverains, le CAC 40 franchit de nouveau à la hausse le seuil des 5800 points, les investisseurs restant surtout focalisés sur les perspectives de rebond de l'économie.
Source de tensions épisodiques sur les marchés ces dernières semaines -notamment de la rechute du marché parisien vendredi (-0,82%)- les craintes inflationnistes sont reléguées au second plan ce lundi, les progrès réalisés en vue de l'adoption d'un vaste stimulus budgétaire aux Etats-Unis alimentant l'optimisme des investisseurs quant à la vigueur de la reprise économique. Egalement aidé par le rebond des indices new-yorkais vendredi après la clôture européenne, le CAC 40 efface la totalité des pertes subies en fin de semaine, s'adjugeant 0,82% à 5.829,86 points vers 13h00 dans un volume de transactions relativement étoffé de 1,2 milliard d'euros à ce stade.
Parmi les éléments porteurs, donc, l'approbation par le Sénat américain du plan de relance à 1.900 milliards de dollars - le troisième depuis le début de la pandémie après celui à 2.000 milliards de dollars ratifié fin mars dernier, puis un autre de 900 milliards il y a tout juste trois mois. S'il entretient les espoirs de reprise économique, ce nouveau gigantesque stimulus budgétaire favorise également une montée des rendements souverains, et "les marchés obligataires américains devraient rester très volatils cette semaine", préviennent les experts d'Aurel BGC.
D'autant que la poursuite de la remontée des cours pétroliers constitue "une autre source de tension pour les taux" explique Sebastian Paris Horvitz, analyste chez LBPAM, qui souligne que "le marché va rester attentif à la réaction des banques centrales". Les références mondiales de brut ont de fait touché de nouveaux sommets depuis près de deux ans ce lundi en réaction aux attaques des houthis yéménites sur des installations du géant Saudi Aramco. Ce renchérissement continu des cours de l'or noir -le baril de Brent a notamment franchi le seuil des 70 dollars dans la matinée- "va contribuer à un niveau d'inflation plus élevé", notamment via "l'augmentation des coûts de transports qui entraînera une hausse des prix de nombreux biens", explique John Plassard.
La BCE aura donc fort à faire jeudi pour apaiser les craintes des investisseurs, car même si les taux restent à des niveaux bas, ils se sont également tendus en zone euro au cours des dernières semaines. "La conférence de presse de Christine Lagarde, à l'issue de la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE consacrée à l'examen de la politique monétaire, sera déterminante pour la performance des marchés", prédit ainsi Aurel BGC.
En attendant, la rotation sectorielle se poursuit sur la cote parisienne, favorisant les entreprises qui devraient le plus profiter de la reprise après avoir été les plus affectées par la crise. Les valeurs aéronautiques restent ainsi bien orientées (+2,3% pour Safran, +1,8% pour Airbus), également aidées par l'annonce de Washington et Bruxelles d'une suspension pour quatre mois des droits datant d'un vieux conflit entre l'avionneur européen à son rival américain. Porté par la remontée des taux, le compartiment bancaire domine encore le palmarès avec des gains de 2,8% pour BNP et Crédit Agricole, et de 3,5% pour Société Générale, seulement devancé par URW (+4,8%). Les valeurs industrielles (+2,4% pour ArcelorMittal, +2,3% pour Saint Gobain, +2% pour Legrand) et automobiles (+4,3% pour Stellantis, +2,5% pour Renault) en profitent aussi.
Hors de l'indice phare, les parapétrolières sont à la fête (+4,8% pour TechnipFMC, +3,4% pour Schlumberger, +2% pour Vallourec), tout comme les foncières (+6% pour Klépierre, +3,2% pour Icade).
Parmi les plus petites valeurs, la société lyonnaise spécialisée dans la fabrication industrielle de panneaux d’affichage Prismaflex a tenu à relativiser la portée réelle de son partenariat avec l'américain Clear Channel Outdoor qui avait multiplié par trois (+207%) le cours de son titre vendredi. Ce dernier reflue néanmoins seulement de 9% à 13h.
Soutenu par la hausse des Treasuries, le dollar évolue proche d'un plus haut de près de trois mois, la monnaie unique cédant de nouveau 0,38% à 1,1867 dollar. Quant au Bitcoin, il s'échange de nouveau à plus de 50.000 dollars vers 13h, porté par les progrès sur l'adoption d'un vaste stimulus budgétaire.