(BFM Bourse) - Une fois n'est pas coutume, les valeurs de l'industrie, du transport, de l'immobilier ou encore de la banque tiennent la dragée haute aux firmes américaines du numérique. Alors que le Nasdaq peine à freiner sa chute (-10% en l'espace de trois semaines), le CAC 40 tricolore, lui, a bondi de plus de 2% lundi.
Source de tensions épisodiques sur les marchés ces dernières semaines -notamment de la rechute du marché parisien vendredi (-0,82%)- les craintes inflationnistes ont été reléguées au second plan ce lundi, les progrès réalisés en vue de l'adoption d'un vaste stimulus budgétaire aux Etats-Unis alimentant l'optimisme des investisseurs quant à la vigueur de la reprise économique. Egalement aidé par le rebond des indices new-yorkais, Nasdaq excepté, le CAC 40 a largement effacé ses pertes subies en fin de semaine, bondissant de 2,08% pour finir à 5.902,99 points, un nouveau plus haut depuis le 21 février 2020. Plus de 4,3 milliards d'euros ont été traités sur la journée.
Outre-Atlantique, le Dow Jones Industrial Average avançait encore de 1,3% au moment de la clôture parisienne, suivi du S&P 500 à +0,5%. Toutefois le Nasdaq Composite (-0,6%) repartait à la baisse après avoir réussi vendredi à reprendre 1,55%.
Parmi les éléments porteurs pour les marchés, l'approbation par le Sénat américain du plan de relance à 1.900 milliards de dollars - le troisième depuis le début de la pandémie après celui à 2.000 milliards de dollars ratifié fin mars dernier, puis un autre de 900 milliards il y a tout juste trois mois. S'il entretient les espoirs de reprise économique, ce nouveau gigantesque stimulus budgétaire favorise également une montée des rendements souverains, et "les marchés obligataires américains devraient rester très volatils cette semaine", préviennent les experts d'Aurel BGC.
La BCE aura donc fort à faire jeudi pour apaiser les craintes des investisseurs, car même si les taux restent à des niveaux bas, ils se sont également tendus en zone euro au cours des dernières semaines. "La conférence de presse de Christine Lagarde, à l'issue de la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE consacrée à l'examen de la politique monétaire, sera déterminante pour la performance des marchés", prédit ainsi Aurel BGC.
Les valeurs cycliques à l'honneur
En attendant, la rotation sectorielle s'est poursuivie sur la cote parisienne, favorisant les entreprises qui devraient le plus profiter de la reprise après avoir été les plus affectées par la crise. Unibail-Rodamco-Westfield a terminé en tête du CAC en s'adjugeant près de 9%, entraînant dans son sillage Klépierre à +7,6% ou Icade à +3,5%) Les valeurs aéronautiques sont aussi restées bien orientées (+5,4% pour Safran, +5,3% pour Airbus), également aidées par l'annonce de Washington et Bruxelles d'une suspension pour quatre mois des droits datant d'un vieux conflit entre l'avionneur européen à son rival américain.La remontée de taux a soutenu le compartiment bancaire, Société Générale (+4,7%) en premier lieu devant BNP (+3,2%) et Crédit Agricole (+2,9%). Avec Saint-Gobain (+4,6%), ArcelorMittal (+4,4%) et l'automobile (dont près de 4% pour Renault) c'était donc une nouvelle fois au tour de la "vieille économie" de briller. Sans pour autant que les "technologiques" ne flanchent véritablement, la plus forte baisse du compartiment se limitant à -0,6% pour Dassault Systèmes au sein de l'échantillon vedette.
Parmi les plus petites valeurs, la société lyonnaise spécialisée dans la fabrication industrielle de panneaux d’affichage Prismaflex (-19%) a connu des prises de bénéfices appuyées alors que la direction a dûrelativiser la portée réelle de son partenariat avec l'américain Clear Channel Outdoor qui avait multiplié par trois (+207%) le cours de son titre vendredi. Du côté des biotechs, Abivax (-25%) a provoqué la déception en annonçant renoncer à son projet de traitement des formes graves du Covid-19, faute d'efficacité dans l'essai mené chez l'homme.
Soutenu par la hausse des Treasuries, les bons du Trésor américain, le dollar évoluait à un sommet de plus de trois mois, l'euro cédant encore 0,45% à 1,1858 dollar. Quant au Bitcoin, il s'échange de nouveau à plus de 50.000 dollars (51.048, +1,9%), porté par les progrès vers l'adoption d'un vaste stimulus budgétaire.