(BFM Bourse) - Après avoir à peine pris jeudi le temps d'une petite pause (-0,21%) pour digérer les annonces de la BCE, le CAC 40 repart très nettement de l'avant vendredi matin, les investisseurs ayant retrouvé l'appétit pour le risque, convaincu du soutien sans faille des banques centrales.
Dans un volume de transactions particulièrement impressionnant à ce stade, près de deux milliards d'euros ayant été échangés avant 12h30, le CAC 40 reprend son ascension quasi-ininterrompue depuis un mois après avoir à peine consolidé la veille (-0,21%) dans le sillage des nouvelles annonces de la BCE. À 12h30, le baromètre du parisien affiche un gain de 1,78% à 5.101,34 points, ce qui porte sa performance hebdomadaire à +8,92%, un record depuis décembre 2011.
La hausse est au rendez-vous "ce matin dans le sillage de la confirmation que la BCE était prête à tout faire pour relancer l'économie et dans l'attente de la publication des chiffres de l'emploi américain pour le mois de mai 2020", résume John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud Securities.
Concernant les nouvelles annonces de la BCE, le conseiller en stratégie d’investissement chez Pictet AM Frédéric Rollin constate que l'institution monétaire européenne "n’a pas laissé passer son tour de danse et a dévoilé un ensemble impressionnant de mesures visant à soutenir l'économie pendant sa réouverture progressive". "Et ce ne sont pas des petits pas: augmentation de la taille du PEPP (Le "Pandemic emergency purchase programme", NDLR) de 600 milliards d'euros pour atteindre un total de 1.350 milliards d'euros, prolongement des achats jusqu'en juin 2021 au moins et réinvestissement jusqu'à la fin de l'année 2022" énumère-t-il.
Pour Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque, "la BCE est allée au-delà des attentes" et le bazooka sorti par Christine Lagarde produit visiblement produit son petit effet sur les marchés.
Les investisseurs scruteront cet après-midi le taux de chômage de mai aux Etats-Unis, qui pourrait frôler les 20% selon le consensus qui attend 8 millions de destructions d'emplois sur le mois écoulé. Le rapport officiel du Bureau of Labor Statistics montrera l'étendue des dégâts de la pandémie sur la première économie mondiale, actuellement secouée par des manifestations antiracistes qui ont remis en lumière les fortes inégalités dans le pays. Depuis le début de la pandémie de Covid-19 aux Etats-Unis, il y a moins de trois mois, le chômage est passé de 3,5%, son niveau le plus faible depuis 50 ans, à 14,7%, son plus haut depuis 80 ans.
Unibail, Renault et Airbus en vedette
Le manque criant d'actualités microéconomiques profite aux valeurs qui ont entrepris un net rebond sur fond de reprise économique, à l'instar d'Unibail-Rodamco-Westfield qui prend de nouveau la tête de l'indice phare avec un bond de 9% à 13h. Les compartiments aéronautiques (+7,1% pour Airbus, +3,7% pour Safran), bancaires (+6,5% pour Société Générale, +4,1% pour BNP Paribas, +3,8% pour Credit Agricole) et automobile (+7,4% pour Renault, +4,9% pour Peugeot) restent également bien orientés.À noter que le gain de 1,4% de LVMH permet au géant français du luxe de se hisser de nouveau au seuil des 200 milliards d'euros de capitalisation boursière.
Sur le reste de la cote, Maisons du Monde cède 2,5% après avoir pourtant annoncé avoir obtenu un prêt garanti par l'État (PGE) de 150 millions d'euros pour faire face aux conséquences de la crise.
L'euro au plus haut depuis 3 mois
La monnaie unique temporise (-0,06% à 1,1329 dollar) après avoir signé huit séances consécutives de hausse face au billet vert, ce qui ne lui est plus arrivé depuis 2004. À plus de 1,13 dollar, l'euro évolue à un plus haut depuis la mi-mars, porté par les nouvelles mesures de soutien annoncées par la BCE.Quant aux cours pétroliers, ils repartent à la hausse vendredi alors les investisseurs attendant l'issue de la réunion de l'Opep et d'autres pays producteurs comme la Russie qui devrait se tenir samedi. Le groupe Opep+ devrait discuter à cette occasion d'une prolongation des accords de réduction de la production. À 13h10, le baril de Brent prend pile 3% à 41,19 dollars quand celui de WTI reprend 2,38% à 38,30 dollars.