(BFM Bourse) - La Bourse de Paris évolue en forte baisse ce vendredi à la mi-journée, au lendemain de sa pire séance depuis deux ans. Le CAC 40 encore sonné, s'enfonce sous les 7.300 points après la riposte chinoise aux droits de douane américains et avant la publication des chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis.
La Bourse de Paris n'a pas l'énergie nécessaire pour se relancer après avoir été mise K.O par l'offensive douanière de Donald Trump.
Au lendemain de sa pire séance depuis mars 2023, le CAC 40 reste mal orienté, abandonnant plus de 4%, à 7.279,30 points vers 12h50.
L'indice vedette parisien a accéléré à la baisse après la riposte de la Chine qui a annoncé des droits de douane de 34% sur les biens importés des Etats-Unis, qui s'ajoutent aux 20% déjà annoncés en mars dernier. Cette mesure de rétorsion commerciale sera effective à partir du 10 avril.
Le bilan hebdomadaire promet d'être sombre. L'indice vedette parisien cède pour l'heure 8% et se dirige vers sa pire semaine depuis fin février 2022 (-10,23%) , selon les données d'investing.com
Il faut dire que l'ensemble des places mondiales ont accusé le coup jeudi, au lendemain des annonces de droits de douane massifs par Donald Trump. Wall Street a connu un jeudi noir. Le Dow Jones lâché près de 4%, l'indice Nasdaq a abandonné près de 6%, sa pire séance depuis mars 2020. L'indice S&P 500 a rendu 4,8%, soit son pire score en clôture depuis juin 2020.
"La réaction initiale du marché aux annonces tarifaires a été claire. Avec une chute des prix des actions à travers le monde et une baisse des rendements des obligations d'État, un scénario s'est clairement dessiné où les craintes d'un ralentissement économique brutal ont pris le dessus sur les craintes d'inflation", explique Vincenzo Vedda, Chief Investment Officer chez DWS.
Une prise de parole très précieuse
Ce climat d'aversion au risque a entraîné une poussée du VIX, à 30,02 à la dernière clôture du S&P500. Et aussi un appétit pour les valeurs refuge, telle que les obligations d'Etat, avec un rendement du 10 ans américain qui a chuté sous les 4%, évoluant à 3,95%. Rappelons que le prix de l'obligation évolue en sens inverse de son taux d'intérêt.
"Le taux 10 ans est passé de 4.23% à 4.04% en quelques heures. Pourquoi ce repli des taux américains alors que les taxes sont potentiellement inflationnistes au moment de leurs mises en place ? Car les marchés sont en train d'évaluer le risque, pour l'économie américaine, de ces mesures, et notamment le risque de contraction de l'économie, voire de récession…", relevait jeudi Alexandre Baradez, analyste de marché IG France.
"Le dollar a perdu du terrain sur tous les fronts, signe que dans ce cas, les États-Unis font partie du problème et non d'une solution potentielle. Peu après l'annonce, l'or a grimpé à des niveaux record, mais est ensuite retombé relativement fortement. Depuis avant-hier soir, les prix du pétrole Brent ont perdu environ 4 dollars par baril", poursuit-il.
"Des droits de douane réciproques plus élevés que prévu de la part des États-Unis ont suscité des craintes quant à la demande. Toutefois, l'OPEP+ n'a fait qu'ajouter à ces craintes en annonçant une augmentation de l'offre plus importante que prévu pour le mois de mai", ajoutent les économistes d'ING.
Cette décrue se poursuit, ce vendredi avec la riposte chinoise. Le contrat de juin sur le Brent de mer du Nord, abandonne 5% à 66,44 dollars le baril tandis que celui de mai sur le WTI coté à New York s'enfonce de 5,2% à 63,45 dollars le baril.
C'est dans ce contexte chahuté que les investisseurs prendront connaissance du rapport mensuel sur l'emploi privé américain au mois de mars, à 14h30. Le taux de chômage est attendu stable à 4,1% de la population active. Le président de la Réserve fédérale américaine, Jerome Powell prendra la parole ce vendredi et donnera de précieuses indications sur la santé de l'économie américaine et la trajectoire des taux d'intérêt.
Sodexo déçoit
Du côté des valeurs, l'opérateur satellitaire SES reprend 3,9%, soutenu par une note de Kepler Cheuvreux qui relève sa recommandation à "acheter" contre "conserver" et son objectif de cours à 7,8 euros contre 5 euros.
Scor abandonne plus de 10%, le réassureur ayant annoncé sa mise en examen pour des faits reprochés à son ancien président, Denis Kessler, soupçonné d'avoir tenté de faire obstacle à l'acquisition de Partner Re par le groupe Covéa en 2022.
Sodexo lâche de son côté 6,6%, après la publication de ses résultats semestriels définitifs laissant apparaître un niveau décevant de liquidités générées par les opérations du groupe de restauration collective.
Sur le marché des changes, l'euro cède 0,5% 1,0987 dollar.