(BFM Bourse) - Indécis sur les deux séances précédentes, le marché parisien reprend de la hauteur ce vendredi et clôture proche des 6.000 points, alors que les États-Unis s'apprêtent à encore accélérer la cadence sur le front des vaccins et que les appels à de nouvelles mesures de relance se font entendre en Europe.
Pénalisé toute la semaine (deux baisses, suivies de deux séances bouclées proche de l'équilibre) par la vigueur de troisième vague pandémique, les nouvelles mesures de restrictions imposées et le manque criant de vaccins à travers le Vieux continent, le CAC 40 la boucle mieux qu'il ne l'avait commencée avec un rebond de 0,61% à 5.988,81 points. Le baromètre du marché parisien limite ainsi son repli hebdomadaire à -0,15%. À noter que, faute d'actualité, la séance du jour s'est révélée calme, avec un volume de transactions contenu à 3,2 milliards d'euros.
C'est donc l'optimisme quant à la reprise économique qui reprend le pas sur les craintes liées à la dégradation sanitaire, le CAC ayant ouvert en nette hausse "dans le sillage du retour sur le devant de la scène des valeurs cycliques (notamment), alimenté par de nouveaux objectifs ambitieux de vaccination de la part de Joe Biden" signale John Plassard, directeur des investissements chez Mirabaud.
Le président américain a en effet fixé jeudi un nouvel objectif de vaccinations contre le coronavirus, disant vouloir que 200 millions de doses soient administrées aux Etats-Unis au cours des 100 premiers jours de son mandat, contre un objectif initial de 100 millions. Après avoir bouclé la séance de la veille en hausse (entre +0,1% pour le Nasdaq et +0,6% pour le Dow), les indices new-yorkais restent bien orientés ce vendredi en fin de matinée (+0,7% pour le Dow, +0,8% pour le S&P, +0,4% pour le Nasdaq).
Alors que les inquiétudes relatives à la flambée des nouveaux cas, notamment en Europe mais également au Brésil, au Mexique, etc., ont pesé sur les marchés, les espoirs de retour à la normale aux Etats-Unis continuent de soutenir les valeurs dites "cycliques", ce qui a provoqué une certaine indécision sur les marchés au cours des dernières séances. "Malgré les craintes sur la croissance européenne qui se sont traduites par un retrait des Bourses récemment, les marchés restent assez calmes", juge néanmoins Sebastian Paris Horvitz, stratégiste chez LBPAM. Ainsi, en dépit d'"une conjoncture plus dégradée qu'anticipé" en Europe "à cause de la crise sanitaire, les conditions sont toujours réunies pour que les cours rebondissent dans les mois qui viennent, en s'appuyant sur une accélération importante des vaccinations", estime-t-il.
Macron réclame une relance "plus vigoureuse"
Confrontée à des problèmes de livraisons de vaccins au cœur d'un vif différend entre Bruxelles et Londres, l'UE s'est dite prête jeudi à bloquer les exportations d'AstraZeneca, lors d'un sommet virtuel auquel a également participé le président américain Joe Biden. Emmanuel Macron a par ailleurs jugé, au cours d'une allocation nocturne, que l'Europe devra "améliorer" et "compléter" sa réponse économique et budgétaire à la crise sanitaire afin que la relance soit "plus vigoureuse" et ne diverge pas trop de celle des Etats-Unis.
Côté statistiques, le moral des chefs d'entreprise allemands s'est considérablement amélioré. L'indice Ifo du climat des affaires a progressé, passant de 92,7 points en février à 96,6 points en mars, soit son niveau le plus élevé depuis le mois de juin 2019, quand le consensus misait sur 93,2 points. En France, la dette publique s'est envolée à 115,7% du produit intérieur brut (PIB) l'an dernier, et le déficit s'est creusé à 9,2%, soit son niveau "le plus élevé depuis 1949", selon l'Insee.
Aux valeurs, la perspective d'une reprise économique vigoureuse associée à la nouvelle remontée des rendements souverains (+40 points de base pour les "Treasuries" américains à 10 ans vers 18h10, à 1,65%) favorise les valeurs cycliques, au premier rang desquelles on retrouve les bancaires (+1,8% pour Société Générale, +1,7% pour BNP Paribas, +1,6% pour Crédit Agricole). Airbus (+1,2%) profite également de cette nouvelle rotation, tout comme Saint Gobain (+2,7%). Le géant de l'optique EssilorLuxottica grappille tout juste 0,2% après annoncé la conclusion d'un accord afin d'acquérir Walman, un réseau de laboratoires spécialisés en produits optiques aux Etats-Unis. La meilleure performance du jour est pour ArcelorMittal, dont le titre bondit de 8,7% en réaction au plan dévoilé par le premier sidérurgiste mondiale pour réduire son empreinte carbone et répondre à ses objectifs énoncés il y a six mois, à savoir diminuer ses émissions de 30% à horizon 2030 avant d'atteindre la neutralité carbone, au niveau mondial, d'ici 2050.
Guillemot a doublé ses revenus en 2020
Sur le reste de la cote, Esker gagne 4,6% alors que tous les indicateurs financiers sont au vert pour l'éditeur lyonnais de logiciels de dématérialisation de documents de gestion, qui sort renforcé de la pandémie. C'est également le cas de l'éditeur de jeux vidéo Focus Home Interactive, qui décolle de 4,9% après le troisième relèvement annuel de ses perspectives, et du spécialiste des accessoires dédiés au "gaming" Guillemot (+8,4%) dont les revenus ont doublé en 2020.
Après une baisse de régime jeudi, les valeurs liées au secteur pétrolier remontent la pente à la faveur d'une vif rebond des cours du brut (+4,52% à 64,75 dollars pour le baril de Brent et +4,59% à 61,25 dollars pour celui de WTI). TechnipFMC prend 3,5% et Total s'adjuge 1,1%. La monnaie unique, qui a touché la veille un creux depuis novembre dernier face au billet vert, reprend 0,23% à 1,1801 dollar vers 18h15. Enfin, le bitcoin rebondit quelque peu et s'échange autour de 53.700 dollars.