(BFM Bourse) - La banque américaine a relevé son conseil à "surpondérer" sur la banque de La Défense, ce mardi 25 février. JPMorgan estime que le titre peut encore largement s'apprécier si Société Générale atteint ses objectifs de rentabilité des fonds propres.
Plus forte hausse du CAC 40 en 2025 (+42,2% depuis le début de l'année), Société Générale est clairement revenue dans le radar des investisseurs, ces derniers mois.
Boudée par le marché pendant de nombreuses années, la banque de La Défense a retrouvé du crédit en livrant coup sur coup deux publications de haut vol, au titre du troisième puis du quatrième trimestre. L'inflexion positive tant espérée de ses revenus nets d'intérêt (la différence entre l'argent gagné sur les crédits et la rémunération des dépôts) dans la banque de détail en France est finalement survenue.
Après ce grand rallye boursier, Société Générale offre-t-elle encore du potentiel? JPMorgan pense que oui. La banque américaine a relevé, ce mardi, son conseil à "surpondérer" sur la banque française, équivalent d'acheter dans sa terminologie, contre "neutre" précédemment. JPMorgan a aussi rehaussé son objectif de cours sur l'action à 46 euros contre 29 euros auparavant. Ce qui accorde un potentiel d'environ 21,5% à l'action Société Générale, à la clôture de lundi.
Ce relèvement d'opinion porte Société Générale. La banque gagne 2,5% et signe la plus forte hausse du CAC 40 vers 11h20, ce mardi.
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Des efforts payants
"L'action de Société Générale a fortement progressé au cours des quatre derniers mois grâce à une meilleure visibilité sur le capital et à une communication améliorée, mais aussi principalement grâce au changement de directeur financier (Leopoldo Alvear a succédé à Claire Dumas, NDLR) et à un changement radical dans le message sur le rendement du capital, qui nous ont tous deux pris au dépourvu", explique JPMorgan.
En clair, la direction de Société Générale a pris des actions plus favorables aux actionnaires que la banque américaine s'y attendait. Par exemple, l'établissement a relevé son taux de distribution (la proportion du bénéfice retourné aux investisseurs sous forme de dividende ou de rachats d'actions) à 50%, ce que l'entreprise n'avait jamais fait précédemment, note JPMorgan. Ce car la précédente direction se focalisait davantage sur la croissance, quitte à accroître son encours pondéré des risques (et donc ses besoins de capitaux) et à afficher des ratios de capitaux un peu "serrés" par rapport au secteur.
Sur ce point, JPMorgan note que la nouvelle direction de Société Générale est plus soucieuse de ses ratios de capital et s'avère ainsi plus disciplinée, en se focalisant sur les activités qui ont un potentiel de croissance. La banque en ligne BoursoBank et la filiale de financement automobile Ayvens se voient ainsi "allouer plus de capital, tandis que la banque de financement et investissement et la banque de détail ont plus de contraintes", résume l'établissement américain.
Société Générale tient par ailleurs le cap de sa feuille de route dévoilée en septembre 2023, en cédant des activités peu appréciées du marché (certaines filiales en Afrique) et en redressant sa rentabilité.
Des objectifs sous-estimés
Pour autant la valorisation reste peu exigeante, remarque l'établissement américain. Société Générale ne s'échange que 5,6 fois son bénéfice attendu en 2025 et 0,5 son actif net. Ce dernier ratio reste le plus faible parmi les banques européennes.
JPMorgan estime que le marché ne croit pas encore suffisamment dans les objectifs fixés par la banque pour 2025 et 2026.
"Compte tenu de l'histoire volatile de Société Générale (…) la bonne volonté des investisseurs doit être gagnée par des résultats", explique JPMorgan. "En raison de l'absence d'antécédents en matière de distribution ou de rentabilité, les investisseurs s'interrogent toujours sur la capacité du groupe à atteindre (ses) objectifs et ils ne peuvent pas considérer Société Générale comme une entreprise de rendement", développe la banque américaine.
Mais JPMorgan fait valoir que Société Générale a désormais pris une série de décision de nature à gagner la confiance du marché et à tenir ses objectifs. La banque française a quitté la Russie, transformé de manière structurelle sa banque de financement et d'investissement, cédé une très grande partie de ses actifs à l'étranger au cours des dix dernières années et ses indicateurs de qualité des actifs se sont améliorés au cours des huit dernières années.
JPMorgan s'attend en conséquence à ce que Société Générale soit en mesure d'atteindre sa cible de rentabilité des fonds propres tangibles (ROTE), de 9% à 10% en 2026, retenant un taux de 9,5% en 2026. Le marché lui n'y croit pas, le consensus tablant sur 8% à ce même horizon.
La rentabilité va s'accélérer chez Boursorama
Mais selon l'établissement américain, le marché sous-estime encore plusieurs activités de Société Générale, JPMorgan citant notamment la banque de financement et d'investissement ainsi que Boursobank.
Dans la banque de financement et d'investissement, Société Générale a tendance à donner des objectifs prudents de revenus qu'elle dépasse allègrement depuis deux ans, souligne l'établissement américain. Ce qui devrait encore être le cas en 2025, estime JPMorgan, en raison des perspectives solides dans les produits à taux fixes, c'est-à-dire les obligations. En conséquence, la banque américaine estime que le marché sous-estime la dynamique de croissance de cette division.
La banque en ligne Boursobank est déjà rentable et a quasiment atteint son objectif de taille, avec 7,2 millions de clients à fin 2024, contre un total de 8 millions visé. JPMorgan anticipe une nette amélioration de ses bénéfices, car Boursobank passera bientôt d'une phase d'acquisitions de clients à une phase d'amélioration de sa rentabilité, ce qui se traduira par de moindres coûts d'acquisition et une hausse du taux d'équipements de sa clientèle. JPMorgan prévoit un bénéfice net de Boursobank de 237 millions d'euros en 2026, ce qui est toutefois inférieur à la cible de Société Générale (300 millions d'euros).
Par ailleurs, JPMorgan estime qu'avec un ratio de capital CET 1 (les capitaux propres rapportés à l'encours pondéré des risques) de 13,3% à fin 2024, Société Générale devrait être suffisamment capitalisée pour lancer, chaque année, un programme de rachats d'actions de 1 milliard d'euros sur la période 2025-2027. Or, selon l'établissement américain, ce retour à l'actionnaire n'est pas intégré par le marché.
À noter que JPMorgan se veut, cependant, prudente, sur la cible de coefficient d'exploitation (les charges d'exploitation divisé par le produit net bancaire). Société Générale compte ramener ce ratio à moins de 60% en 2026 quand l'établissement américain retient 62% en 2026.
Mais dans le cas où Société Générale parviendrait à tenir cette cible, ainsi que son objectif de bénéfice de 300 millions d'euros chez Boursobank, l'objectif de cours de JPMorgan passe cette fois à 54 euros pour l'action Société Générale. Il s'agit d'un scénario "blue sky" c'est-à-dire très optimiste, qui accorde un potentiel de plus de 40% à l'action, explique JPMorgan.
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