(BFM Bourse) - Depuis le 1er janvier, le palmarès du SBF 120 est occupé par des actions très volatiles, comme les exploitants de maisons de retraite, ainsi que par les groupes de défense. Les "perdants" sont pour beaucoup des sociétés qui ont émis des avertissements sur résultats.
Comme l'ensemble des marchés européens, la Bourse de Paris connaît pour l'heure un assez bon millésime. Le CAC 40 s'adjuge 7,25% depuis le 1er janvier et, plus largement, le second indice de la place, le SBF 120, avance de 7,16%.
Mais ces progressions globales s'accompagnent de disparités. Alors que le premier trimestre est en passe de s'achever (la dernière séance aura lieu lundi 31 mars), BFM Bourse fait le point sur les actions du SBF 120 qui progressent le plus et celles qui au contraire reculent le plus depuis le 1er janvier. L'infographie ci-dessous compile à la fois les dix plus fortes hausses et les dix plus fortes baisses.
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Valeurs à la casse
Les exploitants de maisons de retraite Clariane (ex-Korian) et Emeis (ex-Orpea) occupent respectivement les premier et troisième rangs, avec des hausses respectives de 110% et de 80%. Ces progressions doivent toutefois être nuancées, les deux actions perdant encore très gros sur le moyen terme, avec des chutes de 68% pour Clariane sur trois ans et de près de 99,9% pour Emeis. Les deux titres sont tombés dans les abysses boursiers en menant des recapitalisations financières très dilutives pour leurs actionnaires, en particulier Emeis.
Une certaine volatilité, certes positive, s'est donc observée sur ces titres. D'ailleurs Atos, qui présente de grandes similarités (une lourde recapitalisation avec un plongeon du cours de Bourse) est huitième avec une progression de 46% depuis le début de l'année.
Pour revenir à Clariane et Emeis, il convient de souligner que les dernières publications des deux sociétés ont envoyé des signaux encourageants. Lors de la parution de ses résultats annuels, fin février, Clariane avait laissé une "impression plutôt positive" soulignait Oddo BHF, avec des chiffres en phase avec ses objectifs et "une inflexion opérationnelle" tirée par les Pays-Bas et l'Allemagne ainsi qu'une réduction de sa dette. Toutefois, l'entreprise doit encore achever (pour environ 500 millions d'euros) son plan de cession d'actifs.
Emeis de son côté a livré des des résultats préliminaires en février supérieurs aux attentes qui ont montré que la société était "sur la bonne voie", notait Yi Zhong, analyste chez le bureau d'études indépendant Alphavalue. L'analyste remarquait des "améliorations opérationnelles dans des pays clef et des progrès dans le plan de cessions d'actifs", ce qui l'a motivé à relever son conseil à "accumuler" contre "vendre" sur le titre. L'analyste se montrait toutefois prudente sur le redressement de l'activité en France où les taux d'occupations sont "encore inférieurs au seuil de rentabilité".
L'opérateur luxembourgeois de satellites SES est deuxième, avec une hausse de 82,15%. Ce groupe a, comme son rival français Eutelsat (+79% mais hors SBF 120), bénéficié d'anticipations d'un surcroît de commandes, pour contourner le système Starlink d'Elon Musk en Europe.
La défense bien placée
Autres groupes bien placés dans le palmarès (et sans trop de surprise), les sociétés exposées à la défense à savoir le groupe d'électronique Thales (quatrième avec +77,9%), le groupe d'imagerie et d'optronique notamment militaire Exosens (+71%, cinquième) et le fabricant du Rafale Dassault Aviation (sixième avec +56,7%).
Ce secteur a été propulsé par les multiples annonces de hausse des budgets militaires en Europe. En Allemagne, par exemple, les parlementaires ont approuvé la semaine dernière des modifications de règles budgétaires nécessaires pour mettre en œuvre un plan d'investissement de plusieurs centaines de milliards d'euros dans la défense et les infrastructures. Alors que les règles de l'Otan préconisent un seuil de 2% du produit intérieur brut (PIB) pour les dépenses militaires, plusieurs dirigeants européens ont évoqué des cibles de 3%-4% voire 5%.
Lundi, UBS a relevé son opinion à l'achat sur Thales, jugeant que le groupe pourrait enregistrer une croissance annuelle moyenne de 12,6% par an sur la période 2023-2030 dans sa division défense grâce à son positionnement sur les systèmes électroniques et sur les communications intégrées. Jefferies de son côté a, mi-mars, initié à l'achat son conseil sur Dassault Aviation, estimant que les perspectives sur les ventes (et la livraison) des Rafale s'avéraient prometteuses.
Société Générale occupe le septième rang avec une progression de 56,6%. La banque de La Défense a bénéficié d'une bien meilleure perception de la part des investisseurs après la publication de résultats du quatrième trimestre bons sous tous rapports. Plusieurs intermédiaires financiers sont passés à l'achat sur l'établissement , notamment JPMorgan, fin février, qui estime que l'action est encore bon marché et que le groupe devrait atteindre ses objectifs de moyen terme en matière de rendement des fonds propres. À noter que si elles ne figurent pas dans le top 10, les autres banques françaises signent des hausses enviables, BNP Paribas prenant 32,6% et Crédit Agricole SA 27,5%.
Valneva, neuvième (+51,5%) a été porté par des annonces positives concernant son vaccin contre le chikungunya, Ixchiq. La France a notamment passé lundi une commande de 40.000 doses pour lutter contre la maladie sur l'île de la Réunion.
L'ex-CGG Viridien (dixième, +46,3%) a pour sa part livré des résultats montrant que son activité s'améliorait tout comme sa génération de trésorerie. Barclays a, cette semaine, rehaussé son opinion sur le titre.
Les avertissements sur résultats font mal
Du côté des baisses, le premier constat reste que les dégagements demeurent (relativement) limités par rapport aux hausses, signe que la Bourse de Paris évolue bien sur une phase haussière.
La plus forte baisse est accusée par Soitec (-41,2%) qui a surtout souffert sur une séance, celle du 6 février, lorsque le titre avait perdu 29,7%. La spécialiste des matériaux semi-conducteurs avaient émis un lourd avertissement sur résultats en raison de la faiblesse des segments automobiles et "Edge et Cloud" AI, soit sa division destinée aux semi-conducteurs pour les objets connectés, les data centers et capteurs 3D.
Worldline, deuxième avec une baisse de 28,1%, avait une nouvelle fois déçu le marché fin février, avec des résultats annuels et des perspectives inférieures aux attentes.
Sodexo, troisième plus forte baisse, accuse un repli de 24,6% depuis le début de l'année, qui s'explique en très grande partie par la correction (-17,15%) subie le 20 mars dernier. L'entreprise de restauration collective avait, elle aussi, lancé un lourd avertissement sur résultats en raison d'une activité décevante en Amérique du Nord et plus particulièrement dans le segment Éducation.
Le groupe de spiritueux Rémy Cointreau (quatrième avec -22,6%) a pâti de son statut de victime évidente des surtaxes douanières voulues par Donald Trump. Le locataire de la Maison Blanche a d'ailleurs, il y a quelques semaines, menacé d'instaurer des droits de douane de 200% sur les vins, les champagnes et les autres alcools européens.
Nexity, assez habitué à figurer du mauvais côté du palmarès, enregistre la cinquième chute la plus prononcée (-22,5%). L'action avait perdu plus de 20% le 28 février, après que le promoteur immobilier a publié ses résultats 2024 et ses perspectives pour 2025. Oddo BHF soulignait des "incertitudes qui entourent les réservations en 2025 et un contexte économique qui reste incertain" pour justifier la reconduction de son opinion à "neutre".
FDJUnited (sixième avec un repli de 21,7%), nouveau nom de FDJ, a de son côté été plombé par l'alourdissement des prélèvements sur les jeux d'argent en France, ainsi que par une évolution défavorable de la réglementation aux Pays-Bas, désormais son deuxième marché depuis le rachat de Kindred (Unibet).
À noter que Stellantis(-17%) a lui pâti de son exposition aux droits de douanes américains sur les importations automobile.