(BFM Bourse) - L'actionnariat salarié dans les 120 principales sociétés cotées françaises reste à un niveau élevé. Selon le baromètre annuel d'Eres, 43 plans d'actionnariat collectif ont été proposés aux salariés l'an dernier, pour un montant total souscrit de 4,71 milliards d'euros, un record.
En France, l'actionnariat salarié a de plus en plus la cote. Et notamment dans les plus grands groupes cotés du pays qui ont bien compris que l'actionnariat salarié est un levier efficace de fidélisation, de motivation et d’intégration des collaborateurs d'une entreprise.
Le mois dernier, Capgemini a par exemple lancé son douzième plan d’actionnariat salarié. Le groupe de services informatiques entend ainsi par cette initiative maintenir le niveau de l’actionnariat salarié autour de 8% de son capital.
D'autres sociétés sont aussi actives en la matière comme Renault, qui a organisé au printemps dernier sa quatrième campagne de plan d’actionnariat salarié. Cette dernière a permis à ses salariés de détenir 6,31% du capital depuis le mois de juillet. Renault espère faire des émules et ainsi atteindre l'objectif de 10% d'actionnaires salariés d’ici à 2030.
Plus d'un tiers des salariés du SBF 120 actionnaires
À l'image des salariés de Renault dont leur participation aux plans est en hausse continue depuis 2023, les collaborateurs des principales entreprises françaises cotées en Bourse croient toujours aux perspectives de leur groupe.
Plus d'un tiers des salariés du SBF 120 (un indice boursier comprenant les sociétés du CAC 40 ainsi que 80 autres entreprises, qui représentent collectivement plus de 80% de la capitalisation du marché parisien), sont actionnaires de leur entreprise, révèle ainsi le Panorama de l'Actionnariat salarié réalisé chaque année depuis 2006 par le cabinet Eres.
En 2024, ce sont donc 43 opérations collectives qui ont été proposées aux salariés de 37 sociétés du SBF 120, soit sous forme d’augmentations de capital réservées aux salariés ou de cessions d’actions. Entre 2014 et 2024, ce sont plus de 385 opérations, représentant plus de 35 milliards d'euros d’augmentation de capital qui ont été réalisées sur la période.
"L’actionnariat salarié prouve son efficacité. Les salariés participent d’autant plus volontiers à ce type d'opérations qu’ils bénéficient de prix privilégiés avec une décote moyenne de 19,3%. 27 entreprises (75%) ont proposé un taux de décote d’au moins 20% et 9 ont même proposé un taux de 30% (taux maximum légal)", note l'étude.
Certaines ont initié l'an dernier leur première opération d’actionnariat salarié, à savoir l'éditeur de logiciels pour les professionnels Planisware, coté en Bourse depuis avril 2024, et plus surprenant, le géant du luxe LVMH.
Le BTP en pointe
Eres signale que l’actionnariat salarié fait partie intégrante de la culture d’entreprise dans le BTP, avec un taux de participation de 11,3% contre seulement 3% pour la moyenne de l’indice. Parmi ces entreprises, le cabinet cite Bouygues avec 22% du capital détenu par ses salariés au 31 décembre 2024, suivi d'Eiffage (21%) et Vinci (11%).
En 2024, les entreprises du secteur du BTP ont réalisé six opérations pour un montant total de 1,15 milliard d’euros, soit environ 25% du volume total de toutes les opérations.
"Les entreprises du secteur figurent parmi les plus avancées, tant par la fréquence des opérations que par l’ampleur des montants levés. Cela s’illustre parfaitement en 2024 par le plan collectif le plus important, 685 millions d’euros, qui a été réalisé par une entreprise de ce secteur", analyse Mathieu Chauvin, Président d’Eres.
32.000 euros par salarié
Surtout, les montants totaux souscrits sont restés en hausse l'an dernier, dépassant les records établis en 2023. Ils ont augmenté de 5,4% sur l’année, passant de 4,4 milliards d’euros en 2023 à 4,71 milliards d’euros en 2024, un nouveau record historique. Ce montant a même doublé en dix ans, signale Eres.
"Dans le SBF 120, un salarié actionnaire détient en moyenne près de 32.000 euros, soit le prix d’un véhicule neuf de type berline ou un an et demi de salaire au SMIC", commente Mathieu Chauvin Président d’Eres.
En moyenne, les salariés ont investi 5.943 euros par personne (abondement compris) au capital de leur propre entreprise lors des opérations d'actionnariat salarié qui se sont déroulées l'an dernier. C'est 9% de plus que les 5.369 euros investis par salarié en 2023.
Eres remarque que la France demeure en 2024, la championne de l’actionnariat salarié coté en Europe, avec des performances qui incitent les salariés à investir. Les salariés ayant souscrit à une opération d’actionnariat salarié, réalisée par les entreprises du SBF 120 entre 2006 et 2019, ont été gagnants dans 82% des cas avec le dividende et la décote (sans tenir compte de l’abondement) et ce taux monte à 92% avec un abondement total, explique Eres.
Un mécanisme qui se démocratise petit à petit dans les PME
Surtout, les entreprises ont tout à gagner en impliquant leurs salariés dans leur capital. Le cabinet insiste sur l'importance pour elles d'associer leurs collaborateurs à la vie de leur entreprise. Dans les entreprises ayant mis en place un plan d'actionnariat salarié, le nombre de départs volontaires entre 2019 et 2024 est près de deux fois inférieur à celui des entreprises à très faible culture d’actionnariat salarié: 8,1% contre 12,1%.
Si l'actionnariat salarié est répandu dans les grandes sociétés, ce dispositif infuse tout doucement dans les entreprises de taille plus modeste. Le pourcentage des petites et moyennes entreprises (PME) françaises non-cotées utilisant l’actionnariat salarié se maintient à 9%, un chiffre stable par rapport à la dernière édition de cette étude réalisée en 2021, selon une précédente enquête Eres, réalisée avec OpinionWay.
Pour près d’un quart (23%) des PME l’ayant mis en place, l’actionnariat salarié fait désormais partie de leur culture d’entreprise, contre 8% en 2021. Et 7 entreprises sur 10 constatent des bénéfices sur la motivation, l’implication et la fidélisation des salariés et plus de 9 sur 10 (97%) disent être prêtes à refaire le choix de l’actionnariat salarié.
"Les entreprises non-cotées qui ont déjà fait le choix de l’actionnariat salarié proposent de plus en plus régulièrement à leurs collaborateurs des opérations leur permettant de prendre part au capital, et deviennent les meilleures ambassadrices du dispositif. Une tendance qui atteste de ses bénéfices réels, indépendamment de la taille de l’entreprise ou de son chiffre d’affaires", note Matthieu Chauvin.