(BFM Bourse) - La société iséroise chute lourdement à la Bourse de Paris après avoir abaissé ses perspectives annuelles, avec des ventes attendues en recul pour l'exercice 2024-2025. Soitec anticipe aussi une croissance relativement limitée sur l'exercice suivant.
Soitec est durement confronté à la faiblesse de la demande de ses clients notamment l'automobile et les biens de consommation, deux industries très consommatrices en composants électroniques.
Les chiffres du troisième trimestre publiés mercredi soir par le groupe isérois illustrent ces difficultés. Entre octobre et fin décembre, les ventes de Soitec s'élèvent à 226 millions d’euros, en baisse de 6% en données publiées par rapport au chiffre d’affaires réalisé au troisième trimestre de l’exercice fiscal 2024. À périmètre et taux de change constants, la baisse est plus prononcée, de 10%.
Chute des ventes dans l'automobile et IA
Ce niveau de ventes déçoit Oddo BHF qui attendait un chiffre d'affaires de 247 millions d'euros, mais aussi le marché qui était un peu plus optimiste que le bureau d'études (252 millions d'euros).
Ce gros manqué est lié à de fortes chutes des ventes dans les segments automobiles et "Edge & Cloud" AI, soit sa division destinée aux semi-conducteurs pour les objets connectés, les data centers et capteurs 3D.
"Les divisions Automobile et IA sont à l’origine de la contreperformance avec des chutes de ventes tellement significatives (-47% à 25 millions d'euros et -30% à 47 millions d'euros respectivement) qu’elles ne peuvent être compensées par le retour à la croissance de la principale division Communications mobiles (+11% à 154 millions d'euros)", précise le bureau d'études.
La dégradation des conditions de marché sont telles qu'elles ont conduit le groupe de semi-conducteurs isérois à lancer un lourd avertissement sur ses résultats pour l'exercice en cours.
Le chiffre d'affaires du spécialiste des semi-conducteurs est désormais attendu en recul d’un pourcentage d’environ “high single digit” (autour de 7% à 9%, NDLR) à périmètre et taux de change constants. La marge brute d'exploitation (Ebitda) annuelle est elle aussi révisée à la baisse et elle est attendue "entre 32% et 34%", contre une prévision précédente "autour de 35%"
La société justifie ce lourd avertissement sur résultats par l'annulation de commandes de quelques clients de sa division Automobile et de biens de consommation.
"Une visibilité problématique"
Le groupe abandonne donc l'objectif d'un chiffre d'affaires stable sur l'ensemble de son exercice décalé 2024-2025, qui avait été confirmé en novembre dernier. Rappelons que le groupe évolue en exercice décalé, clôturant ses comptes annuels à fin mars.
À la Bourse de Paris, Soitec est dans le dur après l'abaissement de ses perspectives annuelles. Le titre chute de 30% à 58,10 euros vers 10h30, après avoir été réservé à la baisse dans les premières minutes de cotation.
Pour le prochain exercice, Soitec prévoit une croissance "relativement limitée" de son chiffre d'affaires. "Compte tenu du manque de visibilité actuelle sur nos marchés finaux, il est encore trop tôt pour communiquer des objectifs financiers spécifiques pour l’exercice fiscal 2026".
"Une visibilité problématique est mise en avant par les clients (contexte trop incertain), y compris pour la division Communications mobiles où de nouveaux déstockages sont à prévoir", déplore Oddo BHF, qui comme le consensus visait une croissance de 15% pour l'exercice clos à mars 2026.
À l'image du marché, le bureau d'études se dit donc "surpris" par l’ampleur du "profit warning" pour 2024-2025 et par la faible croissance du chiffre d'affaires attendue pour 2025-2026. Il abaisse donc en conséquence ses prévisions de bénéfice net par action, respectivement de 19% et 33% pour ces deux exercices. La déception est telle qu'Oddo BHF retire Soitec de ses convictions Midcap.
La saison des résultats s'avère constrastée pour les acteurs du secteur des semi-conducteurs. Mercredi, l'américain AMD avait chuté de plus de 6% après avoir déçu sur ses résultats et ses perspectives notamment dans l'IA. Le groupe allemand Infineon a, au contraire, dévoilé le même jour des résultats trimestriels convaincants, assortis d'une révision à la hausse des revenus pour l'exercice en cours.
À Paris, la livraison annuelle de STMicroelectronics avait aussi grippé le marché la semaine passée. Ces résultats dégradés s'étaient accompagnés d'une prévision d'une baisse du chiffre d'affaires au premier trimestre 2025 et de l'absence de perspectives pour l'ensemble de l'exercice 2025. Là aussi, la publication de STMicroelectronics était en confrontation directe avec le néerlandais ASML, qui avait enchanté les marchés avec des prises de commandes alimentées par la croissance pour les solutions dédiées à l'intelligence artificielle.
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