(BFM Bourse) - La société spécialisée dans les matériaux semi-conducteurs a encore vu son chiffre d'affaires reculer nettement au deuxième trimestre, pénalisé par la faiblesse de l'activité communications et de l'automobile. Mais sa dynamique s'avère en réalité encourageante et la société a confirmé ses objectifs annuels.

Le meilleur reste à venir pour Soitec. Le groupe spécialisé dans les matériaux semi-conducteurs a souffert, ces derniers trimestres, de la faiblesse du marché automobile qui a pénalisé ses ventes de substrats "Power-FD-SOI".

Ces difficultés se sont couplées à un marché en berne pour les smartphones, ce qui a plombé ses matériaux RF-SOI, destinés aux puces radio-fréquence. Le groupe fait ainsi face à d'important stocks sur ces substrats.

Son chiffre d'affaires a chuté de 10% en données comparables en 2023-2024, puis encore de 24% sur les trois premiers mois de l'exercice 2024-2025, clos en mars prochain.

Toutefois, les résultats semestriels livrés mercredi soir par la société iséroise semblent montrer que le creux de la vague est passé.

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Rebond séquentiel

D'avril à fin septembre, la société a enregistré des revenus de 338 millions d'euros, en baisse de 15% en données comparables (hors effets de changes et de périmètre). Sur le seul deuxième trimestre, le chiffre d'affaires a chuté de 9%, traduisant toutefois une amélioration séquentielle par rapport au premier.

Le ralentissement du marché automobile a encore pénalisé le segment "automobiles et industries" où les revenus ont reculé de 11% en données comparables.

Les "communications mobiles" (57% des ventes) ont de leur côté chuté de 25%. "Dans un contexte caractérisé par le redressement du marché des smartphones et par la réduction graduelle des niveaux de stocks chez les clients de Soitec, les volumes de plaques de RF-SOI vendues ont augmenté de façon significative par rapport au niveau bas du premier trimestre 2025", explique l'entreprise.

La banque Stifel souligne plus précisément que, par rapport au premier trimestre de l'exercice 2024-2025, les ventes de ce segment ont progressé d'environ 160% (48 millions d'euros contre 124 millions d'euros). Ce qui marque "une amélioration significative par rapport au premier trimestre et qui est liée aux stocks de RF-SOI chez les clients clés", apprécie l'établissement. "Nous pensons que Soitec a fait le travail nécessaire sur les stocks de ses clients", ajoute-t-il.

Le segment "Edge & Cloud AI" (28% du chiffre d'affaires), destiné aux semi-conducteurs pour les objets connectés, les data centers et capteurs 3D, a de son côté vu ses revenus bondir de 66% en données comparables. Cette performance a notamment été tirée par les ventes de substrats Photonics-SOI, qui reflètent "la nécessité de disposer de centres de données à la fois plus puissants et plus économes en énergie pour répondre à la croissance exponentielle des besoins en capacité de calcul liés à l’intelligence artificielle", a indiqué l'entreprise.

Perspectives confirmées

Sur les autres lignes de comptes, le résultat brut d'exploitation a reculé de 15% sur l'ensemble du premier semestre pour atteindre 113 millions d'euros. La marge correspondante s'est établie à 33,4% contre 33% un an plus tôt, un niveau qui "impressionne" Trion Reid, analyste chez Berenberg. Le flux de trésorerie disponible a atteint 35 millions d'euros, en amélioration de 120 millions d'euros sur un an.

Morgan Stanley note que les résultats du groupe sont en ligne avec les attentes. "Le plus important est que l'entreprise a maintenu ses prévisions pour l'exercice 2024-2025, ce qui implique une hausse limitée par rapport au consensus, mais qui est probablement bien supérieure aux attentes des buy-sides (c'est-à-dire pour simplifier les investisseurs, NDLR)", ajoute la banque.

Pour l'exercice 2024-2025, Soitec attend toujours un chiffre d'affaires stables sur un an en données comparables. Ce qui laisse donc entendre un net rebond au second semestre fiscal. Le groupe compte par ailleurs toujours dégager une marge brute d'exploitation autour de 35%.

À la Bourse de Paris, Soitec s'envole, prenant 12,6% vers 10h30 et signant de loin la plus forte hausse du SBF 120. Stifel a confirmé son conseil à l'achat et se demande si le groupe ne perçoit pas "la lumière au bout du tunnel".

"Cette publication est rassurante avec une absence de profit warning (avertissement sur résultats, NDLR), malgré la baisse de 40% du cours de Bourse au cours des trois derniers mois, et le retour à la croissance du chiffre d'affaires toujours envisagé au second semestre (après 18 mois très difficiles)", souligne Oddo BHF.

Retour à la croissance sur le prochain exercice?

Trion Reid juge qu'en fin de compte la trajectoire du groupe "n'a pas changé significativement depuis l'annonce du premier trimestre, "ce qui devrait soulager un marché qui semblait inquiet du fait de l'exposition de Soitec aux smartphones et du ralentissement de l'industrie automobile".

L'analyste note également plusieurs éléments rassurants livrés par la direction de la société lors de la conférence téléphonique. "90% des revenus prévus pour l'exercice 2024-2025 sont couverts par le carnet de commandes et les contrats, ce qui est supérieur au niveau d'environ 80% de l'année dernière. En outre, la direction a indiqué que le sentiment des clients s'est amélioré, avec de nouvelles discussions concernant les capacités futures et les accords à long terme", explique-t-il dans une note.

Trion Reid rapporte également que si le marché automobile restera encore faible au second semestre 2025, le marché des smartphones devait progresser d'environ 3% en 2025, tandis que la division "Edge & Cloud AI" continuera de bénéficier de la robustesse de ses marchés finaux. L'analyste conclut que la société devrait retrouver la croissance en 2025-2026.

À noter que Frédéric Lissalde a été nommé président du conseil d’administration de Soitec à partir de mars 2025. "C’était notre meilleur scénario en matière de gouvernance après le départ d’Eric Meurice. Il est membre du conseil depuis juillet et apporte notamment une expertise dans le secteur automobile (il quittera son poste de PDG de l’équipementier américain Borgwarner en février)", apprécie Oddo BHF.