(BFM Bourse) - À l'instar des autres places européennes, le marché parisien accuse le coup après la découverte, dans le week-end, d'une nouvelle souche plus contagieuse du virus au Royaume-Uni. Et comme en mars dernier, il en résulte de vastes mouvements sectoriels. Le point sur les nombreux perdants et les rares gagnants.
Le CAC 40 n'avait plus connu pareille chute depuis le 28 octobre dernier, séance au cours de laquelle il avait cédé 3,37% en clôture face aux craintes de reconfinement. À 12h10 ce lundi, le repli est du même acabit, l'indice vedette de la cote parisienne abandonnant 3,36% à 5.341,92 points, au plus bas depuis le 9 novembre. "La raison de la baisse est évidemment la découverte de la nouvelle souche, (...) le marché se réajuste instantanément", explique Alexandre Baradez, responsable des analyses marchés pour le courtier IG.
La découverte d'une souche mutante du virus apparue au Royaume-Uni ravive de fait l'inquiétude des investisseurs. Et pour cause, cette variante serait "jusqu'à 70%" plus contagieuse que le virus qui s'est propagé en 2020 sur toute la planète, même si elle ne semble pas à ce stade porteuse de "gravité accrue". La circulation est "hors de contrôle" dans des zones entières du Royaume-Uni, a reconnu le ministre de la santé britannique dimanche. Plus de 16 millions de Londoniens et d'habitants du sud-est de l'Angleterre sont ainsi reconfinés depuis dimanche, alors que plusieurs pays (dont la France, la Belgique, les Pays-Bas, l'Italie, l'Allemagne ou encore le Canada) ont décidé de suspendre pour plusieurs jours tous les déplacements en provenance du sol britannique.
"Cela soulève des questions sur les vaccins qu'il n'y avait pas il y a deux semaines", analyse Alexandre Baradez. "Il y a la crainte que le virus reste plus longtemps et que les traitements doivent être réadaptés". Pour l'heure néanmoins, les experts de l'Union européenne sont arrivés à la conclusion que les vaccins actuels restaient efficaces face à cette nouvelle variante, a annoncé dimanche soir le gouvernement allemand.
Du côté des valeurs, "la crainte" de la nouvelle variante entraîne "une rotation" dans la direction des investissements, note Neil Wilson, analyste de Markets.com. Avec un retour vers des valeurs refuges comme la technologie ou la santé, qui rappelle celui observé lors du krach survenu en mars, ou plus récemment en octobre.
Transport, banques, loisirs, foncières et pétrolières en forte baisse
De nombreux compartiments pâtissent nettement de ce regain d'inquiétudes sanitaires sur le marché parisien, à commencer par les valeurs pétrolières qui signent un tir groupé en queue de palmarès sur le SRD (-8,5% pour Schlumberger, -8,2% pour Vallourec, -7,7% pour Technip). Au sein du CAC, Total lâche également 4,6%, en réaction à la plongée des cours des principales références de brut (-4,76% à 49,77 dollars pour le Brent et -4,73% à 46,91 dollars pour le WTI) alors que ces craintes ajoutent une nouvelle dose d'incertitude quant à la vigueur de la reprise de la demande.Parmi les 40 valeurs de l'échantillon principal, c'est néanmoins le géant des centres commerciaux Unibail-Rodamco-Westfield qui accuse le repli le plus prononcé à 12h30, avec un plongeon de 11,5%. Les autres foncières ne sont pas épargnées, Klépierre lâchant 6,4%, quand Covivio recule de 5%.
Les valeurs liées au voyage et au tourisme pâtissent aussi logiquement de cette actualité, comme en témoignent les chutes de 5,4% d'Accor, de 5,1% d'Air France - KLM, de 3% d'ADP ou encore de 5,4% pour Pierre et Vacances.
Autres compartiments en difficultés: l'aéronautique et l'automobile, "cycliques" par nature (-5,4% pour Airbus, -5,3% pour Renault, -3,6% pour Michelin et -3,4% pour Safran). Après avoir bien rebondi, les valeurs bancaires repartent également à la baisse (-5,1% pour Société Générale et -3,8% pour BNP Paribas). Les équipementiers automobile (-6,2% pour Valeo) et la restauration collective (-4,2% pour Sodexo, -3,8% pour Elior) sont également sanctionnées.
La santé et la technologie résistent
Coté vert, le palmarès de la cote parisienne sonne creux ce lundi matin. Tout juste y retrouve-t-on bioMérieux (+0,9%) et Sartorius (+0,4%), respectivement spécialisé dans le diagnostic in vitro et la fourniture d'équipements pharmaceutiques et de laboratoire.De nombreuses valeurs du compartiment biotechnologique affichent par ailleurs de nettes hausses, à l'instar de la "star" du premier krach, Novacyt, dont le titre s'échange de nouveau à près de 10 euros (en hausse de 8% ce jour), quand, rappelons-le, celui-ci avait clôturé l'année 2019 à 16,9 centimes d'euro. Le spécialiste du développement, de la fabrication et de la commercialisation de produits de diagnostic in vitro et moléculaire avait mis au point le premier test européen pour le coronavirus, sur le marché dès début février. D'autres biotechs sont également recherchées par les investisseurs (+28% pour Spineway, +11% pour Implanet, +8,8% pour Theradiag).
Les poids lourds tricolores du secteur de la santé limitent quant à eux leurs pertes à 1,2% pour Sanofi et 1,3% pour Eurofins Scientific. Dans la santé animale, Virbac ne cède également que 0,6%.
Parmi les autres valeurs qui limitent la casse, les valeurs technologiques surperforment les indices avec des reculs de 2% pour Teleperformance, de 1,5% pour Worldline ou de 0,6% pour Ubisoft. D'autres, peu sensibles à la conjecture économique, réagissent peu (-1,6% pour Air Liquide, -0,5% pour Saint-Gobain ou -0,9% pour Suez, -1% pour Rémy Cointreau et pour Pernod Ricard). Carrefour résiste bien aussi (-0,5%).