(BFM Bourse) - L'indice CAC 40 (+0,21% à 5 662 points) a connu mercredi une séance hésitante, sous le poids des craintes liées à la longueur de la pandémie de Covid-19, et au retour en force brutale du thème de l'inflation.
La pandémie de Covid-19 continue de peser, malgré le début des campagnes de vaccination dans le monde, qui ne suffisent pas à balayer les inquiétudes. Les différents "variants" du SARS-Cov2 (anglais, sud-africain, japonais) sont sources d'inquiétudes quant à leur contagiosité. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) annonce à ce stade ne pas envisager d'immunité collective avant la fin 2021 malgré l'arrivée des vaccins. Lors de la conférence Reuters Next, Christine Lagarde, Présidente de la Banque Centrale Européenne, a déclaré que les prévisions de rebond en Zone Euro dévoilées le mois dernier restent d'actualité à condition que les mesures de restriction soient levées d'ici la fin du premier trimestre.
La perspective d'un soutien budgétaire massif dès la fin de la Présidence Trump et l'investiture officielle de J. Biden le 20 janvier, provoque un frémissement des Treasuries à 10 ans qui n'a pas échappé à la vigilance des investisseurs, qui y ont vu des anticipations, à terme, d'un retour de l'inflation, et donc la perspective de rendement sur le marché obligataire américain au détriment, progressivement, des marchés d'actions. Autrement dit, une politique budgétaire expansionniste qui conduirait à creuser la dette pèse depuis quelques séances sur le cours des obligations. Le retour pourtant très timide de l'idée du "tapering" (une réduction graduelle du soutien de la Fed) a en outre contribué à renchérir les rendements obligataires, celui du bon du Trésor à 10 ans s'élevant à 1,172% mardi (les rendements augmentent à mesure que le prix des obligations baisse). Lundi, le président de la Fed de Dallas a fait part de son espoir qu'une amélioration de la situation économique plus tard dans l'année permettrait de tenir un débat honnête sur le rythme de ce tapering.
"Du côté des banques centrales, même si la croissance revient et qu'elle s'accompagne d'une politique monétaire un peu moins accommodante, il ne faut pas s'attendre à un resserrement fort des conditions de crédit, qui mettrait en péril la solidité de la reprise.", tempère Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM. "N'oublions pas que de nombreux ménages, entreprises ou États ont massivement eu recours à la dette pendant la crise sanitaire. Il est donc possible d'anticiper un retour de l'inflation à partir de 2022, sans forcément assister à une hausse des taux notable."
"La Fed pourrait avoir fort à faire cette année face à une situation des plus ambiguës", anticipe John Plassard (Mirabaud Securities). "En effet, nous pourrions nous trouver dans une situation ou l’inflation (CPI et potentiellement le PCE) dépasse les 2%, mais où l’économie fait toujours face aux méfaits économiques du coronavirus (deuxième et troisième vague). Si la modification de l’un des mandats de la Fed (en cours d’année passée) permet à l’institution de toujours garder ses taux d’intérêt directeurs proches de zéro malgré un taux d’inflation au-dessus de son objectif (2%), c’est bien le doute qui pourrait s’emparer de l’esprit des investisseurs. La forward guidance (guidage des anticipations) devrait donc s’avérer cruciale cette année bien plus qu’une potentielle prolongation des rachats d’actifs en cours (Qe). Le rôle de Jerome Powell sera ainsi central et aucun faux pas ne sera toléré."
Au chapitre statistique, déjà, les prix ont accéléré en décembre aux États-Unis. Selon les dernières données du Bureau of Labor Statistics, l'indice des prix à la consommation, dans le panier le plus large a progressé en rythme mensuel en décembre de 0.4%, sans écart toutefois par rapport au consensus. Sur les 12 derniers mois, l'indice des prix à la consommation a ainsi progressé de 1.4%.
Côté valeurs, la séance a naturellement été marquée par l'envolée de Carrefour (+13,42% à 17,54 euros), dans des volumes exceptionnels, dans le sillage de l'annonce de discussions exploratoires en vue d'un éventuel rapprochement amical avec le géant québécois du commerce de proximité Couche-Tard. De son côté, Ubisoft a vivement progressé (+5,46% à 83,50 euros) à l'annonce d'une collaboration "de long terme" avec Lucasfilm Games (Disney) pour le développement d'un nouveau jeu ancré dans l'univers de Star Wars. Dans le reste du palmarès, Valneva s'est élevé à de nouveaux sommets, ajoutant 7,6% aux 14,6% gagnés mardi à l'annonce du projet d'acquisition par l'Union européenne de son vaccin en cours de développement contre le coronavirus.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont clôturé en ordre dispersé, le Dow Jones passant en territoire rouge pour une poignée de points (-0,03% à 31 060 points) et Nasdaq Composite parvenant à grappiller 0,43% à 13 128 points. Le S&P 500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a gagné 0,23% à 3 809 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traite à un niveau proche des 1.2210$. Le baril de WTI, l'un baromètre de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 53,70$.
À l'agenda statistique ce jeudi, à suivre en priorité outre Atlantique, les prix à la l'import et les inscriptions hebdomadaires aux allocations chômage à 14h30.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
Si l'atteinte du seuil symbolique des 6 000 points n'est pas remise en cause, le chemin pour y accéder sera sinueux, avec davantage de prudence exprimée par les opérateurs.
L'indice CAC 40, indice phare de la cote parisienne, a tenté mercredi, jeudi et vendredi une nouvelle fois de s'affranchir d'une zone de résistance à proximité des 5 620 points. Franchissement qui si il venait à être validé dans les règles de l'art, relancerait durablement le mouvement acheteur après une longue phase de latéralisation. Or les volumes et la volatilité, s'ils ont été au rendez-vous, n'ont pas été suffisants pour valider pleinement sous la forme d'une cassure (breakout) ce franchissement.
Tout reste donc à valider. Les volumes sur les séances de jeudi et de vendredi , sans être ridicules, se sont contractés. Une fédération sectorielle plus massive viendrait en particulier étayer ce scénario. Dans l'immédiat, la séance de lundi 11/01 a cassé l'élan. Une phase de latéralisation est attendue, avant que l'effet d'aspiration du gap baissier majeur du 24 février (gap "Covid") n'ait un effet d'attraction irrémédiable. Nous n'y sommes pas encore.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 5722.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 5610.00 points relancerait la pression vendeuse.
Le conseil BFM Bourse
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