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Non sans nervosité, le CAC 40 continue de naviguer autour du seuil pivot des 8 000 points (+0,57% à 8 073 points lundi). Cette navigation est rendue difficile par une moindre visibilité, en raison naturellement de la situation géopolitique, des atermoiements de D. Trump sur les droits de douane, d'un possible point d'inflexion de l'économie américaine, et des interrogations sur la trajectoire de la Chine.
Sur le premier point, le cadre géopolitique, c'est aujourd'hui de le chef de la Maison Blanche doit s'entretenir avec son homologue du Kremlin, Vladimir Poutine, sur les conditions, le cas échéant, d'une trêve des combats contre l'agressé ukrainien. Ce weekend, Donald Trump a expliqué aux journalistes présents dans Air Force One que "beaucoup de travail a été effectué au cours du week-end", alors qu'un plan de trêve de 30 jours a été proposé et validé par les Américains et les Ukrainiens. Il a également parlé de "partages de certains avoirs", évoquant des "terres" et des "usines électriques". Les Russes réclament eux des "garanties sécuritaires en béton" pour mener à bien cette trêve.
Dernier développement en date sur le volet commercial, Donald Trump, a menacé de taxer, les importations de spiritueux à hauteur de 200%. Sur son réseau social Truth Social, le locataire de la Maison Blanche a fait référence à des "vilains droits de douane de 50% sur les whiskies" mis en place par l'Union européenne. Rappelons qu'en réaction aux droits de douane de 25% mis en place par les États-Unis sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du monde entier, aussi bien l'Union européenne, que la Chine et le Canada ont annoncé des mesures de rétorsion. Donald Trump a lui-même indiqué qu'il riposterait à son tour, en mettant en places des droits de douane qui pourraient "être un peu plus que réciproque" le 4 avril.
Selon le cabinet Asterès, "la menace de Donald Trump d’imposer des droits de douane de 200 % sur les boissons alcoolisées européennes est particulièrement inquiétante pour la France, et indique que nous sommes entrés dans la spirale de guerre commerciale. Cette menace, si elle était mise à exécution, viserait particulièrement la France qui représente environ la moitié des exportations européennes de boissons alcoolisées vers les États-Unis. Environ 10 % de la production française de boissons alcoolisées française est vendue aux États-Unis d’après les estimations d’Asterès, ce qui représente un risque élevé pour l’ensemble de la filière".
"La menace de Donald Trump indique également que nous sommes entrés dans l’engrenage néfaste de la guerre commerciale, ou un droit de douane répond à un autre. Ne pas répondre aux droits de douane américains par des droits de douane européens n’aurait pas été un signe de faiblesse mais de sang-froid, puisque ces derniers nuisent autant au pays qui les instaure qu’au pays visé."
Enfin, les signaux d'inflexion de la santé de l'économie américain, bien qu'encore très forte, se multiplient. Bien que passée quelque peu sous les radars vendredi, la publication de l'indicateur U-Mich de confiance des ménages est ressortie nettement sous les attentes en données préliminaires pour mars, après avoir déçu fortement, déjà pour le mois de février. Sur un an, l'indice a plongé de plus de 27%. "De nombreux consommateurs ont cité le niveau élevé d'incertitude entourant les politiques et autres facteurs économiques ; les fluctuations fréquentes des politiques économiques rendent très difficile pour les consommateurs de planifier l'avenir, quelles que soient leurs préférences politiques", a commenté l'Université du Michigan.
Déception hier également concernant les ventes au détail (+0,2% contre une cible à +0,6%), pour le deuxième mois consécutif nettement sous les attentes. Relativisons toutefois car ces ventes, hors automobiles, égalent la cible à +0,3% mensuel.
Un contexte incertain qui rend d'autant plus complexe le travail de la Fed, qui achève demain un Comité de politique monétaire. Si un statu quo sur les taux proprement dits est quasiment acquis, les éléments de langage employés, tout comme l'actualisation des prévisions économiques seront passés sous le microscope.
"Donald Trump poursuivra-t-il sa démarche brutale ou au contraire, face aux levées de boucliers et aux premières conséquences économiques de ses décisions, mettra-t-il de l’eau dans son vin ? Lorsqu’il parle de phase de transition, accepte-t-il la perspective d’un ralentissement, voire d’une récession ? Toutes ces questions devraient être abordées lors de la réunion de la Réserve Fédérale", liste Emmanuel Auboyneau, Gérant associé chez Amplegest en amont du FOMC.
"Le message délivré par Jerome Powell sera intéressant à décrypter et donnera la tendance pour la suite. Il devrait probablement rester prudent et se réserver toutes les marges de manœuvre futures. Aucune décision sur les taux ne devrait être annoncée lors de cette réunion."
En Chine, les autorités du pays ont livré les grandes lignes d'un plan de soutien à la consommation, qui ne donne toutefois pas de détail sur la façon dont les gouvernements locaux le mettront en œuvre, note Reuters. Des mesures d'incitations au tourisme et de potentielles subventions aux crèches sont par exemple évoquées. Des dispositions "loin d'un bazooka de relance", juge Stephen Innes de Spi am.
Côté valeurs, le très stratégique luxe, secteur dépendant à la Chine pour sa croissance, a figuré parmi les plus fortes baisses de l'indice parisien. Kering a cédé 2,75%, Hermès a reculé de 0,9% tandis que LVMH est parvenu à gagner 0,8% à la clôture. Veolia Environnement en revanche, a repris 2%, soutenu par l'entrée au capital du fonds Lac1 piloté par Bpifrance. Sur le SBF 120, Virbac a rebondi de 9%, porté par un relèvement de recommandation à l'achat de la part de Stifel.
De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices sur actions ont terminé la séance de lundi dans le vert, sans briller, à l'image du Dow Jones (+0,85%) ou du Nasdaq Composite (+0,31%). Le S&P500, baromètre de référence de l'appétit pour le risque aux yeux des gérants de fonds, a grignoté 0,64% à 5 675 points.
Un point sur les autres classes d'actifs à risque: vers 08h00 ce matin sur le marché des changes, la monnaie unique se traitait à un niveau proche des 1,0920$. Le baril de WTI, l'un des baromètres de l'appétit pour le risque sur les marchés financiers, s'échangeait autour de 67,70$. Les Treasuries 10 years, rendement des obligations souveraines fédérales à échéance 10 ans, se négociaient légèrement au-dessus des 4,30%. Quant au VIX, il valait 20,50 à la dernière clôture du S&P500.
A l'agenda macroéconomique ce mardi, à suivre en priorité la production industrielle américaine à 14h15.
On notera que la Côte Est des Etats-Unis est passée en heure d'été. Par conséquent, et en attendant que la France métropolitaine n'y passe à son tour, Wall Street ouvrira à 14h30, au lieu de 15h30 habituellement.
ELEMENTS GRAPHIQUES CLES
L'indice phare tricolore est typiquement en phase de consolidation, entre les 8 000 points symboliques et les sommets historiques qu'il vient de frôler. Ces derniers vont jour pour les mois à venir un niveau intermédiaire de résistance, auquel l'indice s'attaquera lorsqu'il aura accumulé assez d'énergie. Seule une rupture brutale des 7 810 points viendrait sonner l'alarme.
Par conséquent, un travail entre 7 810 et 8 000 points dans les prochaines semaines est le scénario graphique de prédilection. Scénario pleinement confirmé par la rupture, dans une volatilité croissante, du seuil des 8 000 points le 11 mars. Le RSI, oscillateur de mesure d'essoufflement de mouvement, est encore loin de sa zone de survente.
Sous les 7 810 points, la situation technique se dégraderait quelque peu, avec notamment l'effet d'attraction de gaps formés en janvier, tout particulièrement celui du 16, très ample.
PREVISION
Au regard des facteurs graphiques clés que nous avons identifiés, notre opinion est neutre sur l'indice CAC 40 à court terme.
On prendra soin de noter qu'un franchissement des 8260.00 points raviverait la tension à l'achat. Tandis qu'une rupture des 7810.00 points relancerait la pression vendeuse.
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