(BFM Bourse) - Pour la quatrième séance consécutive, la Bourse de Paris a reculé jeudi de 0,22%, les opérateurs apparaissant de moins en moins convaincus de la possibilité d'un prochain accord commercial entre les deux premières puissances économiques de la planète.
L'enlisement des discussions sino-américaines commence à se répercuter sensiblement dans le cours des actions françaises, qui étaient revenus à des niveau inconnus depuis l'été 2007. Depuis le début de la semaine et l'inflexion des déclarations émanant de Donald Trump, qui se dit prêt à relever à nouveau les taxes douanières, le marché parisien subit ainsi des prises de bénéfices. Dans le sillage des séances précédentes, le CAC 40 a reculé dès l'ouverture jeudi, pour terminer à 5.881,21 points, en baisse de 22% % à 5.885,46 points, dans un volume d'échanges moyen inférieur à 3 milliards d'euros.
L'actualité économique est inlassablement dominée par le conflit commercial sino-américain alors que les relations entre les deux puissances paraissent de nouveau se tendre après l'adoption par le Congrès américain de textes visant à soutenir les manifestants à Hong Kong. Au lendemain de son adoption à l'unanimité par le Sénat, la Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, a voté mercredi le "Hong Kong human rights and democracy Act" qui doit désormais être soumis au président des Etats-Unis pour promulgation.
La Chine a promis jeudi de riposter, et la perspective de la signature prochaine de la "phase 1" tant attendue de leur accord commercial s'éloigne à nouveau, décidément insaisissable. Le Wall Street Journal avance néanmoins qu'un nouveau round de négociation commerciale pourrait avoir lieu à Pékin avant Thanksgiving.
Côté indicateurs, l'OCDE a légèrement abaissé jeudi sa prévision de croissance de l'économie mondiale pour 2020 et ne prévoit pas de franche reprise en 2021, notamment en raison de la menace persistante des tensions commerciales qui pénalisent les échanges et l'investissement. Comme cette année, la croissance mondiale devrait ainsi rester sous la barre des 3% en 2020, à 2,9%, soit 0,1 point de moins que lors des dernières prévisions de septembre, avant de légèrement remonter à 3% en 2021, a estimé l'institution dans ses prévisions de perspectives économiques.
La FDJ, star du jour, décolle dès les premiers échanges
Sur le front des valeurs, les opérateurs n'ont eu d'yeux que pour la Française des Jeux, qui réalise des premiers pas particulièrement convaincants sur le marché parisien ce jeudi. Par rapport à un prix d'introduction pourtant fixé tout en haut de la fourchette indicative, à 19,90 euros, le titre a fini en hausse de 16,41% à 22,70 euros. Soit pour les particuliers une plus-value latente de 3,20 euros pour chaque titre (souscrit à 19,50 euros par les petits porteurs du fait d'une décote accordée par rapport au prix demandé aux institutionnels). Cette privatisation "marque la réconciliation des Français avec les marchés", a estimé le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui a agité la cloche marquant symboliquement le début des cotations avec Stéphane Pallez, la PDG du groupe, qui a dit son sentiment d'être en train de vivre "un moment historique".Sur le reste de la cote, Sanofi a progressé de 2,44% dans la perspective d'une éventuelle vente de sa division santé grand public (médicaments sans ordonnance), qui pourrait être valorisée à 30 milliards de dollars, selon des informations de l'agence financière Bloomberg.
Au sein du CAC 40 toujours, LVMH a rehaussé son offre de plus d'un milliard de dollars supplémentaires en vue d'acquérir le joaillier américain Tiffany, qui lui a donné accès à ses comptes en contrepartie. Un pas de plus vers ce mariage franco-américain. Le titre du n°1 mondial du luxe a cependant perdu 0,9%, quand les autres grandes valeurs du secteur -sensibles à la thématique commerciale- Kering et Hermès ont lâché respectivement 1,5% et 1,6%.
Enfin, PSA a fini peu changé (-0,1%) malgré la plainte déposée par General Motors (GM) à l'encontre de Fiat Chrysler -engagé dans un projet de fusion avec le constructeur français- aux États-Unis, GM accusant le groupe italo-américain de corruption lors de ses négociations avec le syndicat UAW.
Le groupe Interparfums a vu son cours de Bourse se contracter de 5,8% après avoir donné ses prévisions pour 2020, jugées excessivement basses par rapport aux pronostics qu'en faisaient déjà les analystes.
Du côté des biotechs, AB Science a décroché de 7,5% après un article des Echos indiquant que l'AMF avait lancé une enquête, soupçonnant quatre des dirigeants d'avoir cédé des titres avant une importante annonce susceptible de faire chuter le cours de Bourse.
Sur le marché pétrolier, les références mondiales de brut accentuaient leurs gains de la veille, sur fond de hausse des stocks américains moins importante que prévu. Le baril de Brent de mer du Nord bondissait de 1,60% à 63,40 dollars et le WTI montait tout autant à 57,92 dollars.
La monnaie unique refluait à nouveau légèrement face au billet vert (-0,06%) à 1,1068 dollar en fin de journée.