(BFM Bourse) - Le marché parisien a signé lundi une deuxième séance consécutive en rebond de plus de 1%, grâce aux signaux de désescalade des tensions sino-américaines sur le volet des échanges économiques et dans l'espoir de mesures de relance que ce soit en Chine ou en Allemagne. L'actualité des entreprises est quant à elle demeurée en mode estival.
La Bourse de Paris a amplifié lundi le rebond entamé à la veille du week-end, s'adjugeant 1,34% à 5.371,56 points en clôture, dans un volume d'échanges de 2,6 milliards d'euros grâce à un semblant de détente dans les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. Comme l'évoquaient différentes sources en fin de semaine dernière, le gouvernement américain a prolongé de trois mois les exemptions accordées à Huawei, permettant à l'équipementier télécom chinois d'acheter auprès d'entreprises américaines les composants indispensables à ses produits. Selon Mirabaud Securities, le rebond des indices pourrait bien "se poursuivre ces prochaines semaines avant les réunions des banques centrales".
"Le fait que Trump et la Chine continuent de se parler apporte un certain optimisme aux marchés", même si le président américain a de nouveau déclaré, dimanche, qu'il n'était "pas encore prêt à conclure un accord dans l'immédiat, corrobore Jasper Lawler, analyste chez London Captal Group. Washington et Pékin tentent de remettre les négociations sur les rails, comme l'a expliqué Larry Kudlow. Le conseiller économique de Donald Trump a annoncé que de nouvelles discussions se tiendraient dans les jours prochains, et qu'une délégation chinoise pourrait venir aux États-Unis.
Le président des Etats-Unis a néanmoins prévenu, dimanche, qu'une répression des manifestations de Hong-Kong similaire à l'écrasement du mouvement de la place Tiananmen compromettrait la conclusion d'un accord commercial. À Hong-Kong, plus de 1,7 million de personnes ont défilé dimanche en faveur de la démocratie, soit la plus forte mobilisation depuis des semaines.
En outre, les marchés d'actions ont profité ce lundi des espoirs de mesures de relance économique de plusieurs pays. La Banque populaire de Chine (BPC) a amendé le mécanisme de fixation de son taux de crédit de référence, avec pour objectif affiché de faire baisser les coûts de financement des entreprises. Dans le même temps, outre-Rhin, le ministre des Finances Olaf Schol, a déclaré que l'Allemagne avait les moyens de contrer une éventuelle récession économique -vers laquelle l'Allemagne se dirige tout droit- en rappelant que le pays avait mobilisé 50 milliards d'euros lors de celle de 2008.
Au rayon des statistiques économiques, les données définitives publiées par Eurostat ont fait état d'un ralentissement plus marqué que prévu de l'inflation dans la zone euro, en juillet, mois au cours duquel mes prix à la consommation dans les 19 pays ayant adopté la monnaie unique ont augmenté de seulement 1% (consensus Reuters à +1,1%).
Pour les investisseurs, le grand rendez-vous de la semaine sera le nouveau discours du président de la Réserve fédérale américaine, vendredi, au symposium économique de Jackson Hole, dans le Wyoming. Jerome Powell pourrait profiter de l'occasion pour préciser le diagnostic de la banque centrale sur la croissance américaine et la trajectoire des taux d'intérêt après la baisse décidée fin juillet, la première depuis 2008. Les marchés tablent pour l'instant sur un assouplissement de même ampleur en septembre. "Le symposium de Jackson Hole tombe à point nommé cette année, note Mirabaud Securities. En effet, en plein doute quant à la croissance mondiale et en pleine confusion concernant une prochaine récession, les banques centrales doivent absolument apporter des réponses aux investisseurs quelques semaines avant leurs prochaines réunions déjà considérées comme cruciales."
Aux yeux de Donald Trump, qui a regretté "l'épouvantable manque de vision" du patron de la Fed, la réponse est toute trouvée: ce qu'il faut à l'économie américaine, c'est 100 points de base (un point complet de pourcentage) de baisse sur une période relativement ramassée "avec peut-être un certain degré d'assouplissement complémentaire". Si une telle mesure était mise en place "notre économie serait encore meilleure, et l'Economie Mondiale serait fortement et rapidement améliorée" (le président des Etats-Unis fait référence au fait que la vigueur du dollar affecte les investissements dans certains pays, notamment émergents).
Sur le front des valeurs françaises, l'actualité est restée maigre ce lundi. La progression quasi générale des actions -seule Pernod Ricard est demeuré en territoire négatif (-0,6%) au sein du CAC 40- a profité en premier lieu aux secteurs les plus à même de bénéficier de politique de relance, à l'image des matières premières (l'indice Stoxx Europe Basic Resources a pris 2,3%), de l'automobile (+1,3% pour l'Eurostoxx Automobiles & Parts). À la Bourse de Paris, Vallourec a grimpé de 4,6%, TechnipFMC de 4,3%, Arkema de 3,5% et ArcelorMittal de 3,4%.
Parmi les petits dossiers spéculatifs du moment, la reprise des cotations de MNDla reprise des cotations du titre MND sur Euronext Growth s'est traduit par un repli de 43,6% alors que le spécialiste savoyard de l'aménagement des domaines skiables espère mettre ses difficultés financières derrière lui grâce au fonds britannique Cheyne Capital, qui va reprendre une partie de la dette bancaire et apporter de nouveaux fonds. Mais ces opérations entraîneront une importante dilution.
Malgré les prévisions pessimistes de l'Opep pour le deuxième semestre 2019, les cours de l'or noir repartaient à la hausse, deux jours après l'attaque d'indépendantistes yéménites contre une raffinerie et un site de stockage de la compagnie pétrolière saoudienne Aramco. En fin de séance européenne, le baril de Brent s'échangeait à 59,268 dollars, en hausse de 1,06%, alors que le baril de WTI rebondissait de 1,44% à 55,66 dollars.
Enfin, l'eurodollar était stable à 1,1097 dollar pour un euro (+0,05%).