(BFM Bourse) - La Bourse de Paris profite du rebond surprise des exportations chinoises pour repartir de l'avant jeudi, même si plusieurs menaces pèsent toujours sur les marchés, à commencer par la crainte d'un regain de tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis.
Rasséréné par le rebond des exportations chinoises, le marché parisien repart de l'avant jeudi. À 12h30, l'indice vedette de la place prend 0,88% à 4.472 points, au lendemain d'un repli de 1,11% imputable à une nouvelle série de mauvaises statistiques économiques. "La hausse surprise des exportations chinoises constitue la bonne nouvelle du jour", observe Christopher Dembik, responsable de la recherche macroéconomique chez Saxo Bank.
Mais, tempère-t-il, "cette hausse est vouée à être de courte durée car le commerce international, notamment en Asie du Sud-Est, reste plombé par l'épidémie de coronavirus et le maintien de mesures de confinement strictes dans certains pays". Faisant fi de la pandémie qui paralyse l'économie mondiale, les exportations chinoises ont en effet enregistré un rebond sur un an (+3,5%), ce qui constitue la première hausse depuis le début de l'année pour le géant asiatique. Le chiffre est en outre nettement supérieur aux prévisions des analystes qui misaient sur un nouveau recul.
Dans les services en revanche, l'activité s'est toutefois de nouveau contractée en Chine en avril et l'indice PMI des directeurs d'achat ressort à 44,4 le mois dernier, clairement en deçà des attentes des analystes.
Toujours sous la menace des tensions sino-américaines
Directeur adjoint des investissements chez Mirabaud Securities, John Plassard anticipait à raison une ouverture en hausse des indices européens dans le sillage des bons chiffres chinois, mais ajoute que "les investisseurs restent cependant sur leur garde après la publication hier de destruction d’emplois records pour le mois d’avril 2020 aux Etats-Unis (plus de 20 millions d'emplois détruits selon l'étude ADP, NDLR)". Prudence donc, d'autant que les marchés restent "exposés au risque d'un accroissement des tensions commerciales entre la Chine et les Etats-Unis" souligne-t-il."Donald Trump reprend ses attaques contre la Chine sur leur responsabilité dans la création et la propagation du virus et menace de nouveaux droits de douane. Retour à 2018", écrit Vincent Boy, analyste marché chez IG France. Le président américain a précisé qu'il serait en mesure de dire si la Chine remplit ses obligations en matière d'accord commercial d'ici une semaine à 10 jours. Et Washington continue par ailleurs de penser que le Covid-19 s'est propagé depuis un laboratoire de Wuhan, dans le centre de la Chine, ce que Pékin dément tout en rejetant la proposition d'une enquête internationale. Le président américain a précisé qu'il serait en mesure de dire si la Chine remplit ses obligations en matière d'accord commercial d'ici une semaine à 10 jours", ajoute-t-il.
Les opérateurs font toujours face à un déferlement quotidien de statistiques économiques alarmantes. La Bank of England anticipe une chute historique de 14% du PIB au Royaume-Uni cette année et a annoncé le maintien de son taux directeur à 0,1%, un plancher historique. En zone euro, la débâcle se poursuit: la production industrielle a fortement reculé en mars sur un mois en Allemagne (-9,2%), un sombre record depuis 1991, et davantage encore en France (-16,2%).
ArcelorMittal et le luxe au rebond
Dans un contexte pourtant compliqué, le géant de l'acier a amélioré sa performance opérationnelle au premier trimestre -même s'il a enregistré une perte nette de 1,1 milliard de dollars- et grimpe de 2,6% peu avant 13h. Le compartiment du luxe profite pour sa part de la bonne surprise en provenance de Chine pour s'offrir un rebond collectif (+2,8% pour Kering, +2,5% pour LVMH, +1,6% pour Hermès), tandis que Carrefour domine le palmarès avec un gain de 3,8% à la mi-journée.Legrand cède 2,4% après avoir vu son bénéfice net reculer de 12,2% au premier trimestre en raison de la crise sanitaire, le groupe prévoyant également "un retrait marqué" de son activité au deuxième trimestre.
Sur le reste de la cote, Trigano lâche 3% après avoir fait état d'un bénéfice net en recul de 8,7% à 65,7 millions d'euros au premier semestre de son exercice décalé 2019-2020. Akka Technologies s'attend à une reprise progressive aux 3e et 4e trimestres et grignote 1%, tandis que Rubis s'adjuge 4,6%, porté par une hausse de son chiffre d'affaires au premier trimestre. Enfin, Nexans prend 6% après avoir "accéléré (ses) efforts de réduction des coûts" et "renforcé (son) programme de transformation".
L'or noir reste sur sa spirale haussière
S'ils s'échangent toujours à une fraction de leur prix de début d'année, les barils de Brent et de WTI sont bien partis pour signer une 7e séance consécutive de hausse, sur fond de signes de redémarrage de l'activité dans plusieurs parties du globe. À 13h05, le baril de "light sweet crude" texan reprend 8,17% à 25,95 dollars, quand celui de mer du Nord gagne 5,25% à 31,28 dollars.Enfin, sur le marché des changes, la parité eurodollar se stabilise (-0,06% à 1,0791).