(BFM Bourse) - Après une ouverture en net repli sur fond d'échec des négociations des dirigeants de l'UE au cours du week-end, le CAC revient à l'équilibre lundi à la mi-journée, alors que les discussions vont se poursuivre cet après-midi. Le rythme des publications trimestrielles va en outre s'accélérer cette semaine, ce qui incite les investisseurs à la retenue ce lundi.
La Bourse de Paris a ouvert dans le rouge lundi puis a rapidement creuser ses pertes jusqu'à lâcher plus de 1% peu après 9h20, nerveuse dans l'attente de l'issue du sommet européen dont les négociations se poursuivent pour le quatrième jour consécutif, alors qu'il devait n'en durer deux. "Les actions européennes ont été molles à l'ouverture lundi" tandis que les discussions pour un plan de soutien européen se prolongent, constate Neil Wilson, analyste chez Markets.com. À 13h, le baromètre du marché parisien est revenu autour de l'équilibre, cédant 0,29% à 5.054,65 points.
Difficiles négociations à Bruxelles
Les négociations à Bruxelles, initialement prévues vendredi et samedi, doivent reprendre dans la journée de lundi, les 27 chefs d'Etat et de gouvernement n'ayant jusqu'ici pas trouvé d'accord sur un plan de relance commun. Médiateur du sommet, le président du Conseil européen Charles Michel doit présenter un nouveau projet de compromis. Le montant des aides accordées sous forme de subventions continue de susciter la discorde, les pays dits "frugaux" (Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche) et la Finlande, souhaitant le faire baisser en deçà des 500 milliards d'euros prévus dans la première proposition.Ce n'est "pas terminé, mais difficile", a lâché le président français Emmanuel Macron en sortant de la réunion. "Un accord est possible et un accord est nécessaire", a déclaré son ministre de l'Economie Bruno Le Maire depuis Paris. Pour le ministre allemand aux Affaires étrangères Heiko Maas, la poursuite des discussions "montre que tout le monde veut une solution, plutôt que de remettre le problème à plus tard". "Nous n'avons pas encore trouvé d'issue, cela peut encore échouer. Mais je suis plus optimiste que je ne l'étais cette nuit à un moment donné, où je me suis dit: c'est fini", a pour sa part expliqué Mark Rutte, ministre des Finances des Pays-Bas parmi les plus difficiles à convaincre.
Les dirigeants européens butent notamment sur le montant des subventions qui pourront être accordées et que les Etats "frugaux" souhaitent voir réduit. Un accord se dessinerait cependant autour d'une somme de 390 milliards d'euros, un montant inférieur aux 500 milliards initialement proposés. "Après quelques minutes de discussion avant 6h ce matin, les 27 se donnent rendez-vous à 14h pour poursuivre les négociations sur un éventuel plan de relance, les rumeurs parlent de 350 à 400 milliards. Pic de volatilité à prévoir cet après midi" prévient le stratégiste actions Nicolas Chéron.
"Le plus vite les 27 pourront se mettre d'accord, le mieux ce sera pour tout le monde, en particulier pour des pays comme l'Espagne et l'Italie, qui ont été durement touchés par la crise sanitaire et dépendent fortement du tourisme", note David Madden, analyse de CMC Markets. "Le marché a encore de multiples raisons d'être inquiet, notamment en ce qui concerne la pandémie" souligne également Christopher Dembik responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.
La pandémie, "principal risque" pour l'économie US
Sa résurgence depuis quelques semaines aux Etats-Unis, pays le plus touché, représente "le principal risque" pour l'économie américaine, a estimé vendredi le FMI. Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin a déclaré que les petites et moyennes entreprises "les plus touchées" par la crise du Covid-19 devraient bénéficier d'un deuxième prêt fédéral, en priorité dans les secteurs du voyage et de la restauration.Si les opérateurs ont actuellement les yeux rivés vers Bruxelles, "les résultats d'entreprises seront le point d'attention majeur cette semaine, et devraient également rappeler que la parenthèse de la crise est encore très loin d'être fermée", avance Chrisopher Dembik. Parmi les publications les plus attendues de la semaine, IBM (lundi) Coca Cola (mardi), Microsoft (mercredi) et Amazon (jeudi) donneront le ton aux indices new-yorkais cette semaine, tandis que plusieurs valeurs du CAC vont ouvrir le bal à Paris, notamment STMicro, Worldline et Dassault Systèmes jeudi.
Technicolor respire, Natixis souffre
Peu d'actualités sur le front des valeurs à Paris, si ce n'est le rebond de Technicolor (+7,3%) dans le sillage de l'annonce de l'adoption, à l'assemblée générale, de toutes les résolutions nécessaires à la mise en place du plan de restructuration financière. Dans l'autre sens, Natixis lâche 7,3% après le démenti de BPCE sur des rumeurs de presse évoquant un intérêt de la maison-mère de la banque de financement pour le solde de son capital.Teleperformance domine le palmarès de l'indice phare lundi à la mi-journée (+2%) grâce à un relèvement de recommandation à "surpondérer" des analystes de Morgan Stanley. L'intégralité des changements de recommandations du jour est à retrouver ici.
À noter que Casino cède 1,8% alors que sa maison-mère Rallye a annoncé vendredi avoir remboursé l'intégralité de ses opérations de dérivés grâce à un financement de 210 millions d'euros obtenu auprès de Fimalac, la société d'investissement détenue par l'homme d'affaires Marc Ladreit de Lacharrière.
Enfin, EssilorLuxottica cède 0,9% après avoir annoncé avoir engagé des poursuites judiciaires pour obtenir des informations auprès de GrandVision afin d'appréhender la façon dont le groupe qu'il souhaite acquérir a géré son activité pendant la crise sanitaire.
L'euro à un plus haut de 4 mois
Les cours pétroliers reculent, affectés par la perspective que l'augmentation des infections par le coronavirus fasse dérailler la reprise de demande de brut. Le baril de Brent lâche 0,65% à 42,86 dollars et le WTI recule de 0,74% à 40,45 dollars.Si les investisseurs en actions se montrent prudents, les acteurs du marché des changes et du marché obligataire sont plus optimistes concernant la conclusion d'un accord sur un fonds de relance. À 13h10, la monnaie unique s'apprécie de 0,32% face au billet vert, à 1,1465 dollar.