(BFM Bourse) - Le marché parisien évolue dans le rouge lundi matin, alors que les attaques d'installations pétrolières saoudiennes font bondir le cours de l'or noir. Dans le même temps, l'OMC a donné raison aux États-Unis dans le conflit Airbus-Boeing, ce qui laisse présager de nouveaux tarifs douaniers.
Le baromètre de la Bourse de Paris lâche 0,68% à 5.616 points lundi à 12h00, dans un volume d'échanges resserré de 760 millions d'euros, témoignant d'un regain d'aversion au risque après des attaques de drones menées samedi par les rebelles yéménites contre des installations pétrolières en Arabie saoudite. Les frappes ont réduit de moitié la production de brut du royaume, premier exportateur mondial d'or noir. En réaction, les deux références mondiales de pétrole brut léger ont bondi de près de 15% dès la reprise des cotations et affichent toujours des gains de 9% à 65,64 dollars pour le Brent et de 8,4% à 59,36 dollars pour le WTI peu après 12h00.
"Si les risques d'approvisionnement son minimes, compte tenu des hauts niveaux de stocks commerciaux mondiaux et des réserves stratégiques [Donald Trump a autorisé de piocher dans ces fameuses réserves pour stabiliser le marché, NDLR], la montée des risques de réplique à l'égard de l'Iran créé un climat d'incertitude à même d'entretenir une extrême volatilité des cours", souligne Véronique Riches-Flores, présidente du cabinet d'analyse RichesFlores Research.
Car les rebelles yéménites Houthis qui font face depuis cinq ans à une coalition militaire menée par Ryad et qui ont revendiqué l'attaque contre les installations de Saudi Aramco sont soutenus par... l'Iran. Les États-Unis, par la voix du secrétaire d'État Mike Pompeo, se sont empressés d'accuser Téhéran d'être à l'origine de ces attaques. Des accusations jugées "insensées" et "incompréhensibles" par le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien Abbas Moussavi, n'ayant selon lui d'autre but que justifier de prochaines actions contre Téhéran. Alors que le marché jouait plutôt la désescalade des tensions entre les deux pays après le limogeage de John Bolton, le retour à la réalité est donc brutal.
Les tensions commerciales sino-européennes pèsent sur le luxe et l'aéronautique
Autre sujet d'inquiétude qui renaît pour les investisseurs, celui d'un regain de tensions commerciales entre les États-Unis et l'Union européenne. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) a donné raison aux USA dans le feuilleton des aides publiques au secteur aéronautique, entamé en 2004. L'OMC a en effet approuvé une demande américaine visant à imposer de nouveaux droits de douane à des produits européens dans ce dossier... ce qui pourrait conduire à des représailles de l'UE. Des informations de presse américaine évoquent des tarifs de 100% sur les importations de matériel aéronautique européens. De quoi faire chuter les valeurs, Airbus en tête (-4,5% vers 12h15). Les équipementiers ne sont pas en reste (-2% pour Safran, -2,4% pour Dassault Aviation).
Mais l'aéronautique n'est pas le seul segment affecté, puisque les Etats-Unis pourraient aussi cible les secteur du luxe (à la fois via la maroquinerie et les spiritueux) et du prêt-à-porter. Dans ce contexte LVMH se replie de 2,7%, Hermès de 2% et Kering de 1%, ce qui ne manque pas de peser sur le baromètre parisien. Côté mode, SMCP perd 5,3% et La Perla (récemment arrivée en Bourse de Paris) 3,7%.
La Fed dans le viseur
Par ailleurs, la nervosité devrait logiquement s'inviter à deux jours de la réunion de la Fed où Jerome Powell devrait annoncer, à contre-coeur, une nouvelle baisse des taux directeurs américains, anticipe Mirabaud Securities Genève. Face aux incertitudes commerciales et au ralentissement économique mondial, la Banque centrale américaine devrait à nouveau baisser les taux d'intérêt mercredi, tandis que la Banque centrale européenne a annoncé une série de mesures de relance jeudi dernier - malgré des dissensions patentes au sein de son directoire.
Côté indicateurs, la production industrielle chinoise a nettement ralenti au mois d'août, son taux de croissance tombant à 4,4% sur un an, ce qui correspond à sa plus faible progression en 17 ans, selon des chiffres officiels publiés lundi matin.
Le secteur pétrolier en hausse
Poids lourd de la cote, Total profite de l'envolée des cours du brut pour grimper de 2,4% vers 12h25. Le spécialiste de l'ingénierie des installations pétrolières, TechnipFMC, voit ses gains atteindre 4,7%. Les autres valeurs du secteur cotées au SRD avancent également, à l'image de Schlumberger (+6,5%), Maurel et Prom (+5,3%), CGG (+3,9%) ou Bourbon (+3,4%). En revanche, la perspective d'une envolée de la facture carburant d'Air France-KLM entraîne un recul de 4,7% de la compagnie franco-néerlandaise.La biotech Nanobiotix poursuit son rebond (+4,8%) alors que s'ouvre à Chicago le principal congrès médical consacré à la radiothérapie. La firme fondée par Laurent Levy effectuera dans ce cadre quatre présentations sur son produit et sa technologie à base de nanoparticules pour améliorer l'effet de la radiothérapie. Dans le même secteur, DBV Technologies reprend 6,44%, alors qu'un panel d'experts mandaté par la FDA s'est prononcé en faveur de l'homologation du produit de son concurrent américain Aimmune, ce qui est interprété comme un signal positif pour le marché des traitements de l'allergie aux arachides dans son ensemble.
Parmi les plus fortes baisses du jour, citons encore le recul de 5,6% de Groupe Open, la cinquième baisse d'affilée du titre qui redescend à moins de 12 euros pour la première fois depuis octobre 2015. Le titre ne parvient pas à sortir la tête de l'eau depuis la publication de résultats semestriels décevants.
Enfin, sur le marché des changes, la monnaie unique européenne cède 0,2% par rapport au billet vert, à 1,1050 dollar vers 12h30.
