(BFM Bourse) - Le CAC 40 a abandonné près de 2,7% ce vendredi, le marché étant encore grippé par l'incertitude provoquée par la dissolution de l'Assemblée nationale.
"Les marchés s'affolent". C'est le constat qu'avait effectué Emmanuel Macron, mercredi, lors de sa prise de parole à la suite de sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale. Les investisseurs n'ont, certes, pas totalement capitulé. Mais le marché, qui déteste par essence l'incertitude politique, a effectivement pris peur tout au long de la semaine.
Ce vendredi notamment. Le CAC 40 a abandonné 2,66% essuyant de loin son plus fort repli de l'année sur une séance, pour atteindre les 7.503,27 points. Sur l'ensemble de la semaine, l'indice a abandonné 6,2%. Il s'agit de la pire semaine sur le CAC 40 depuis celle achevée le 4 mars 2022 où il avait abandonné plus de 10%, à la suite de l'éclatement de la guerre en Ukraine.
Désormais, l'indice a effacé l'ensemble de ses gains de 2024. Depuis le 1er janvier, le CAC 40 perd désormais 0,53%.
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Ruée sur la dette allemande
Le risque lié à la politique française a donc pesé sur l'ensemble des marchés européens, et sur la Bourse de Paris de surcroît.
"La possibilité que des partis représentant souvent les extrêmes, et sans expérience de gouvernement, puissent prendre les rênes du pays suscite l’inquiétude", souligne Sebastian Paris Horviz, directeur de la recherche de LBPAM.
Le marché redoute que des formations populistes, comme le Rassemblement national, mettent en place des politiques qui affaibliraient des finances publiques françaises déjà chancelantes.
Dans un sondage Elabe pour BFMTV et La Tribune Dimanche publié mardi, le Rassemblement national glanait les plus fortes intentions de vote (31%) devant l'alliance des partis de gauche et écologiques (28%). Renaissance, le parti de la majorité présidentielle, arrivait loin derrière (18%).
"Face à l'incertitude croissante dans la deuxième économie de l'Union européenne, les investisseurs recherchent la sécurité et tempèrent temporairement leur allocation aux actions de la région", explique Pierre Veyret, analyste technique chez Activtrades.
Cette aversion au risque pousse les investisseurs à se ruer sur des actifs jugés sûrs, comme les obligations, et surtout les titres d'emprunt allemands. Le rendement de l'obligation allemande à 10 ans perd 11,5 points de base (0,11 point de pourcentage) à 2,361% alors qu'il dépassait nettement les 2,60% la semaine dernière.
Les banques encore dans le dur
Paradoxalement, la dette française bénéficie aussi de ce mouvement. Le taux de l'obligation française à 10 ans perd 6 points de base à 3,116% et revient assez proche de son niveau antérieur à la dissolution (3,103%).
Mais comme l'obligation allemande recule davantage, l'écart entre les taux des deux titres de dette à 10 ans continue de se creuser. Cet écart, appelé "spread", mesure le stress sur un pays en particulier. Il se situe actuellement autour de 73 points de base entre la France et l'Allemagne. Selon Reuters il a même dépassé les 80 points de base au cours de la journée.
"Nous pourrions assez aisément voir le spread entre la France et l’Allemagne dépasser les 80 points de base d’ici quelques semaines, niveau déjà atteint en sortie de crise (de la dette souveraine des pays périphériques de la zone euro, NDLR) puis lors des élections de 2017. Nous visons plutôt 100 points de base", explique Matthieu Bailly, PDG d'Octo AM. Capital Economics de son côté "suspecte qu'un écart de 100 points de base devienne la nouvelle normalité".
Du côté des valeurs, la quasi-totalité du CAC 40 (sauf Dassault Systemes) a fini dans le rouge ce vendredi, avec Thales (-6,7%) et Axa (-4,9%) en queue de peloton. Les banques ont encore souffert, Société Générale perdant 3,57%, Crédit Agricole SA 2,98% et BNP Paribas 2,65%.
Sur les autres marchés, l'euro dévisse encore de 0,5% face au dollar, à 1,0688 dollar. Le pétrole, lui, gagne un peu de terrain. Le contrat sur le Brent de mer du Nord gagne 0,4% à 83,09 dollars le baril, tandis que le contrat de juillet sur le WTI coté à New York prend 0,2% à 78,79 dollars le baril.