(BFM Bourse) - Trois hausses, puis deux baisses et un bilan hebdomadaire légèrement négatif pour l'indice vedette du marché parisien, qui signe ainsi une 4e semaine consécutive dans le rouge - une séquence inédite depuis mars 2020. Le changement de ton de la BCE vis-à-vis de l'inflation apparaît à l'origine de cette rechute.
Au rebond en début de semaine, le marché parisien a été fragilisé, à partir de jeudi, par le durcissement du ton employé par la BCE et sa présidente Christine Lagarde. Après avoir "tenté un rebond technique ce matin au lendemain d’un véritable bain de sang sur les marchés américains (-3,7% pour le Nasdaq, où Meta a notamment perdu 250 milliards de dollars de capitalisation boursière) et des banques centrales (la Banque d'Angleterre a relevé son taux directeur, NDLR) nettement plus restrictives que prévu)" dixit John Plassard, spécialiste des investissements chez Mirabaud, le marché parisien a rapidement effacé ses gains matinaux. Déjà dans le rouge à la mi-journée, le baromètre de la cote tricolore a accentué son recul dans l'après-midi, pour boucler la séance en repli de 0,77% à 6.951,38 points, dans un volume de transactions encore nourri de 4,4 milliards d'euros.
"Le rebond technologique est officiellement terminé après les résultats désastreux du propriétaire de Facebook et le virage "hawkish" de la BCE, qui ouvre la porte à un resserrement de la politique monétaire cet été" commente Edward Moya, analyste chez Oanda.
Si la BCE a sans surprise maintenu son cap monétaire, les marchés ont surtout retenu qu'elle s'était montrée moins affirmative sur l'absence de relèvement des taux cette année face à une situation qui "a changé", a souligné sa présidente, Christine Lagarde. "En Europe, la volatilité va augmenter alors que les investisseurs vont devoir reconsidérer leurs expositions ainsi que l'impact sur le marché actions d'une BCE bien moins accommodante", écrivent les analystes de Saxo Bank.
Côté macroéconomie, les investisseurs ont pris connaissance du rapport mensuel sur l'emploi aux Etats-Unis, avec une bonne surprise à la clef puisque l'économie américaine a créé 467.000 emplois en janvier, plus du triple de ce qui était pronostiqué par les économistes (150.000), avec également des révisions à la hausse du nombre de ces créations sur les derniers mois (de 199.000 à 510.000 en décembre). Une "bonne nouvelle pour l'économie" selon Peter Cardillo, de Spartan Capital Securities, qui souligne qu'il "n'y a aucune trace d'un impact du variant (Omicron) sur le marché du travail", mais une mauvaise pour le marché. "Malheureusement, ce rapport devrait renforcer les craintes que la Fed soit contrainte de relever les taux plus rapidement et plus fort" que prévu, explique Cliff Hodge, responsable de l'investissement chez Cornerstone Wealth. Le Nasdaq s'offre néanmoins 1% de rebond vers 17h55, aidé par les résultats annuels impressionnants d'Amazon, récompensés par un gain de 13% en Bourse. Le S&P (+0,2%) et le DJIA (-0,2%) évoluent eux proches de l'équilibre en fin de matinée.
Solides résultats annuels pour Sanofi et Vinci
Côté microéconomie, les fleurons de la cote continuent de dévoiler au compte-goutte leurs résultats annuels, et ceux-ci se révèlent à ce stade globalement meilleurs qu'escompté. Après les publications convaincantes de LVMH, de STMicro la semaine dernière ou encore de Publicis ce jeudi (+3,8% ce vendredi, meilleure performance du CAC), c'est au tour de Sanofi et de Vinci de dévoiler leurs comptes. Après une ouverture dans le vert, le premier cède finalement 1,1% en clôture, en dépit de solides résultats. Le géant pharmaceutique a de fait progressé son bénéfice net par action (indicateur privilégié par le groupe) de 15% en 2021, porté par les ventes de son anti-inflammatoire Dupixent, et dit prévoir une nouvelle croissance de ce bénéfice à deux chiffres en 2022. Vinci a pour sa part annoncé avoir doublé l'an dernier ses bénéfices, qui n'ont toutefois pas retrouvé leur niveau de pré-pandémie du fait de la situation de l'activité aéroports. Le géant des concessions estime néanmoins que celui-ci devrait dépasser son niveau d'avant-crise cette année et grappille 0,6%.Le compartiment automobile est affecté par les résultats de Ford, dont les résultats et les prévisions ont déçu Wall Street (-6% dans les échanges avant-Bourse). Stellantis (-5,3%) et Renault (-4%) ferment ainsi la marche à la mi-journée. Alstom (-5%), URW (-4,8%), Axa (-2,8%) ou Saint Gobain (-2,7%) affichent aussi des replis prononcés, tout comme certaines valeurs technologiques (-2,3% pour STMicro, -2% pour Capgemini, -1,6% pour Teleperformance), affectées par la chute du Nasdaq la veille.
Le pétrole à un nouveau sommet depuis 2014
TotalEnergies (+2,5%) est en revanche porté par la nouvelle hausse des cours pétroliers, la tempête hivernale qui frappe le centre et le nord-est des États-Unis menaçant de perturber davantage l'approvisionnement en pétrole. Vers 18h05, le baril de Brent de mer du Nord s'apprécie de 2,4% à 93,3 dollars et celui de WTI prend 2,5% à 92,5 dollars, après avoir franchi la veille le seuil des 90 dollars pour la première fois depuis l'été 2014.Parmi les autres publications, celle (semestrielle) de Bonduelle (-2,2%) ressort en ligne avec les attentes, tandis que tandis que celle (annuelle) du parfumeur Jacques Bogart malgré une croissance annuelle de 10% de ses revenus, avec une nette accélération au dernier trimestre, est également sanctionnée (-2,8%). Les résultats annuels de NRJ Group sont eux salués par le marché (+5,6%) après avoir affiché une solide croissance, notamment soutenue par la radio et la télévision.
Sur le Forex, enfin, la monnaie unique poursuit son rebond face au billet vert et enchaîne une 6e séance consécutive de hausse (+0,15% à 1,1456 dollar).