(BFM Bourse) - Comme la veille, la Bourse de Paris est parvenue jeudi à clôturer en hausse au terme d'une séance incertaine, marquée par une avalanche de publications d'entreprises et par des statistiques macro-économiques inévitablement catastrophiques.
Comme la veille, la Bourse de Paris a clôturé jeudi en hausse significative une séance relativement hésitante, dans des volumes peu étoffés. Après avoir réduit ses gains dans l'après-midi, le CAC 40 a terminé à 4.451 points, une progression de 0,89%. Un peu plus de 2,6 milliards d'euros ont changé de mains sur la séance.
Face à l'enjeu du sommet européen, qui pourrait mettre au grand jour les désaccords délétères entre les Etats-membres sur la forme de la réponse à apporter, les opérateurs ont observé une certaine retenue, mais le score positif de la journée tranche tout de même avec la série catastrophique des indices PMI d'IHS Markit.
PMI catastrophiques
Les opérateurs ont pris connaissance dans la matinée d'indicateurs toujours plus alarmiste concernant l'activité en zone euro. L'indice PMI composite (qui rassemble les données des secteurs manufacturier et des services) des directeurs d'achats s'est effondré à 13,5 en avril en première estimation, ce qui constitue, et de très loin, le pire résultat des enquêtes mensuelles de l'institut IHS Markit, lancées en 1998. La contraction du secteur privé américain s'est aussi accélérée fortement en avril, ressorti à 27,4 en estimation flash, également un record pour le pays, à comparer à 40,9 au titre du mois de mars.Le déclin n'est toutefois pas une surprise pour les investisseurs. "Mais que nous dit réellement l'enquête que nous ne sachions pas déjà en regardant par la fenêtre des rues vides et des boutiques fermées ? Pas grand-chose en fait.", note justement Bert Colijn, économiste d'ING.
Pluie de résultats
En attendant l'issue de la réunion du Conseil européen, les investisseurs ont surtout eu de quoi s'occuper avec l'avalanche de résultats trimestriels publiés ce jeudi. Parmi les publications saluées par le marché, Rexel a gagné 11,5% après avoir fait état d'une baisse de seulement 2,7% de son chiffre d'affaires à fin mars. Soitec a bondi de 8,6% dans le sillage de résultats trimestriels particulièrement convaincants. Le spécialiste des matériaux semi-conducteurs est parvenu à enregistrer un chiffre d'affaires record au quatrième trimestre de son exercice décalé clos fin mars (204 millions, +40% sur un an en données organiques). Le groupe a par ailleurs annoncé avoir obtenu un prêt à long terme de 200 millions d'euros de la Banque des territoires.En dépit d'une chute à deux chiffres de son chiffre d'affaires au premier trimestre à cause du coup d'arrêt de la production et des ventes provoqué par l'épidémie de coronavirus dont l'impact sur les résultats 2020 est "toujours impossible à évaluer", Renault s'est adjugé 4,2%. Schneider Electric a grappillé de son côté 0,75%, le groupe ayant prévenu d'un "impact encore significatif au deuxième trimestre" après un repli de 7,6% de ses revenus au premier trimestre. Ingenico a gagné 4,16% après avoir publié un chiffre d'affaires trimestriel en hausse de 4% à données comparables. Le spécialiste des paiements a toutefois révisé ses objectifs 2020 et s'attend désormais à une baisse organique à un chiffre "dans la fourchette moyenne à haute" de ses revenus annuels. Le groupe renonce par ailleurs à distribuer un dividende.
Hermès résiste mieux que LVMH
Le groupe de luxe Hermès enregistre un recul de ses ventes moins prononcé que ses concurrents et a finalement décollé de plus de 4%.
Même Pernod Ricard, initialement en repli, a fini par engranger +0,9%, tandis que le géant des spiritueux a confirmé tabler sur un recul de 20% de son résultat opérationnel courant (ROC) en 2019-2020.
Dassault Systemes a cependant cédé 0,7% alors que son chiffre d'affaires s'est contracté de 15% avec un impact encore plus important attendu au deuxième trimestre. ADP a reculé de 0,75% après l'annonce d'un baisse du trafic de Paris Aéroport à 8,8 millions de passagers sur les trois premiers mois de l'année, contre 23,7 millions de passagers il y a un an, ainsi qu'un chiffre d'affaires consolidé de 911 millions d'euros (-15,6%).
Parmi les autres publications, le géant de l'hôtellerie Accor a cédé 0,5% avertissant lui aussi d'une aggravation pour son activité en avril et en mai, alors que ses revenus du groupe ont décliné de 17% au premier trimestre.
Le pétrole amplifie son rebond
Si les fondamentaux du marché pétrolier restent compliqués (trop d'offre, pas de demande, plus de capacités de stockage), les cours des références mondiales de pétrole léger remontent encore. Vers 17h40, le baril de WTI reprend 30,62% à 18 dollars quand celui de Brent gagne 10,26% à 22,46 dollars. Cette remontée des cours intervient sur fond d'escalade des tensions entre les Etats-Unis et Téhéran. Donald Trump a menacé d'ouvrir le feu sur les navires iraniens qui s'approcheraient de trop près des vaisseaux américains dans le Golfe. L'Iran rétorque par la voix du chef des Gardiens de la révolution, le général Hossein Salami, que tout navire de guerre américain menaçant sa sécurité dans les eaux du Golfe serait détruit. Ambiance...
Outre-Atlantique, la confirmation de la reprise des cours pétroliers, et un nombre d'inscriptions hebdomadaire au chômage toujours abominablement élevé, mais moins qu'au cours de la semaine précédente, permettaient aux principaux indices de progresser de nouveau, de près de 1,5% au moment de la clôture européenne.
Sur le marché des changes, la monnaie unique revient en fin de journée sur une bonne partie de son recul de la journée (-0,04% seulement à 1,0820 dollar).