(BFM Bourse) - Malgré un environnement économique et géopolitique adverse, les entreprises du CAC 40 n'ont pas à rougir de leur performance en 2023. Elles ont su garder le cap, avec un chiffre d’affaires et une marge opérationnelle quasi-stables l'an dernier. Sur le plan des bénéfices, le millésime 2023 a été bien meilleur que celui de 2022.
Inflation, politiques monétaires plus restrictives... Même pas peur. Les grandes entreprises du CAC 40 ont eu le cuir épais en 2023. Selon la dernière édition du "Profil financier du CAC 40" publiée par EY, les pensionnaires de l'indice vedette parisien ont réussi à se défendre en 2023.
D'un point de vue de l'activité déjà. En 2023, le chiffre d’affaires cumulé des entreprises du CAC 40 s'est élevé à 1.736 milliards d’euros, soit un recul limité à 0,7% par rapport à une année 2022 qui représentait un point culminant depuis la création de ce profil en 2006.
"Malgré les turbulences géopolitiques (Russie/Ukraine, Proche-Orient), les incertitudes économiques (inflation, déficits publics) et les modifications profondes des modèles économiques engendrées par les enjeux environnementaux et les mutations technologiques (décarbonation, Intelligence artificielle), force est de constater que nos grandes entreprises françaises, indéniablement, gardent le cap", constate Nicolas Klapisz, associé France chez EY et auteur de l'étude.
Des entreprises qui ont su gérer leur structure de coûts
Les pensionnaires du CAC 40 sont aussi parvenus à préserver leur rentabilité en dépit des tensions inflationnistes et d'une demande affectée par le pouvoir d'achat. Le résultat opérationnel courant cumulé des entreprises du CAC 40 (hors banques, assurances et foncières) s’est ainsi établi à 202 milliards d’euros en 2023. EY souligne que cet indicateur s'est maintenu au-delà de la barre des 200 milliards d’euros pour la deuxième année consécutive.
Le taux de marge opérationnelle courant est ainsi ressorti à deux chiffres pour la troisième année consécutive, à 13,1%, se stabilisant autour des niveaux de 2021 et 2022, précise EY.
"Malgré un contexte inflationniste qui persiste, les entreprises du CAC 40 ont su conserver la maîtrise de leurs structures de coûts, avec un taux de marge opérationnelle qui reste nettement supérieur au taux moyen observé historiquement sur les cinq dernières années hors crise sanitaire (9,4% de taux de marge moyen sur la période 2015-2019), réduisant l’écart avec l’indice américain, dont les marges sont tirées à la hausse par les poids lourds de la technologie tels qu’Apple ou Microsoft", note Nicolas Klapisz.
Les poids lourds de la cote parisienne ont néanmoins connu des fortunes diverses sur la période. EY rapporte que 18 entreprises du CAC 40 (hors banques, assurances et foncières) ont enregistré une hausse de leur taux de marge opérationnelle courante quand 16 ont en revanche enregistré une baisse de ce taux.
"Le secteur du luxe et des cosmétiques, dont le taux de marge opérationnelle reste le plus élevé (à 25,8 %), affiche un léger recul pour la première fois depuis que nous menons cette étude (-0,2 point de pourcentage par rapport à 2022)", avance aussi l'expert d'EY.
Des profits en hausse
Quid des bénéfices? Les pensionnaires de l’indice vedette parisien se défendent là aussi plutôt bien. Le résultat net cumulé de l’ensemble des entreprises du CAC 40 s’élève à 149 milliards d’euros en 2023. Le CAC 40 a battu le niveau de bénéfices engrangés en 2022, qui s'était élevé à 143 milliards d'euros.
EY remarque que contrairement aux années précédentes, les profits des entreprises du CAC 40 sont en hausse dans la plupart des secteurs d’activité. Dans le détail, le secteur des biens de consommation enregistre une hausse de 12%, porté par les résultats de Carrefour (+23% par rapport à 2022) et Pernod-Ricard (+13% par rapport à 2022).
Le secteur du Luxe et cosmétiques s'en tire bien avec une progression de 7% du résultat net. Le géant du luxe Hermès s'est nettement distingué l'an passé, avec une progression de 28% de son résultat net, quand LVMH et L'Oréal ont vu leurs profits s'apprécier de 8% sur la même période.
Le secteur de l’énergie, des matières premières et des services aux collectivités voit son résultat net cumulé croître de 12% en 2023. Engie a fortement contribué à cette performance en 2023. La bonne santé des activités dans la gestion de l'énergie et des renouvelables, ont nettement contribué à l'essor des profits de l’énergéticien français, qui sont passés de 0,2 milliard d'euros en 2022 à 2,2 milliards d'euros en 2023.
Le secteur de l’industrie et du BTP enregistre une hausse de son résultat net cumulé de 6%, portée notamment par Safran et Renault, qui ont tous deux renoué en 2023 avec des résultats nets positifs. Le groupe au losange a par exemple dégagé un résultat net de 2,2 milliards d'euros en 2023, contre une perte de 354 millions d'euros en 2022 due à la sortie de la Russie.
Enfin, le secteur des technologies, médias et télécoms voit son résultat net augmenter de 14%, porté principalement par Orange dont les profits ont aussi bondi de 14% sur un an.
Un retour aux actionnaires record
Les actionnaires de ces pensionnaires du CAC 40 ont également eu le sourire en 2023. Globalement, les sociétés du CAC 40 ont décidé de verser 73 milliards d'euros de dividendes à leurs actionnaires au titre de l'exercice 2023, un nouveau record après 2022 (70 milliards d'euros).
Les montants de dividendes par action versés au titre du résultat 2023 sont aussi orientés à la hausse. Seules quatre sociétés ont réduit leur montant de dividendes versé en 2023 par rapport à 2022 quand une société a, pour sa part, décidé de ne pas verser de dividendes à ses actionnaires.
EY précise aussi que la hausse des montants cumulés de dividendes versés étant supérieure à la hausse des cours entre 2022 et 2023, le rendement médian des dividendes des sociétés du CAC 40 est mécaniquement tiré à la hausse, pour atteindre 3,1% au titre de l'exercice 2023.
EY rappelle que les dividendes retenus pour 2023 sont ceux proposés au titre des résultats de 2023, approuvés généralement en avril/mai de l’année suivante (donc en 2024) et distribués courant 2024.