(BFM Bourse) - La Bourse de Paris a connu une séance difficile, la nervosité gagnant les rangs des investisseurs à l'approche de l'échéance du paiement de la dette américaine. Le CAC 40 clôture en baisse de 1,70% mercredi soir, après avoir touché en séance un plus bas de près de deux mois.
Les marchés n’ont que ce chapelet de mots en tête: négociations sur le plafond de la dette américaine. Et pour l’instant, les discussions restent au point mort malgré une tentative désespérée des équipes du président Joe Biden pour trouver un terrain d’entente avec le camp républicain, mais sans succès.
Rappelons que le Trésor américain estime que le défaut de paiement des Etats-Unis pourrait survenir dès le 1er juin. L'exécutif démocrate a, par ailleurs, exclu de recourir à un passage en force en invoquant le 14e amendement de la Constitution. L'horloge tourne donc et l'anxiété monte pour les marchés qui affichent une troisième séance de repli.
A Paris, le CAC 40 clôture en nette baisse de 1,70% à 7253,46 points mercredi soir. Vers 16h10, l'indice parisien lâchait même plus de 2% et près de 4% par rapport à son plus haut de vendredi dernier (7523,56 points), pour renouer sur ses plus faibles niveaux depuis le 30 mars.
Ailleurs en Europe, le temps boursier est également maussade pour ces mêmes considérations: le Dax a par exemple plongé de 1,9%. A Wall Street, le moral n'est pas non plus au beau fixe. Après avoir lâché plus de 1% mardi soir, le S&P 500 abandonne 0,8% à la clôture des marchés européens. Signe de la nervosité ambiante sur les marchés, le VIX communément appelé l’indice de "la peur" progresse de 6,09%, à 19,66 points.
Les bonnes nouvelles sont rares
"En l'absence d'un véritable accord et plus nous nous rapprochons du 1er juin, plus les craintes de défaut de paiement deviennent importantes, étant donné que le risque reste le plus élevé depuis 2011 et constitue l'un des risques les plus visibles qui pourraient assurément faire plonger l'économie américaine", souligne Stephen Innes de SPI Asset Management.
"Si l'échéance n'est pas respectée, les dommages économiques pourraient être graves, car des paiements représentant environ 10% du PIB pourraient être interrompus. Les acteurs du marché n'ont donc pas d'autre choix que d'intégrer du risque supplémentaire en fonction du jour de l'échéance, avant que la limite ne soit finalement relevée", ajoute-t-il.
Les motifs d’inquiétudes se télescopent à l’approche de la publication du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed). Un peu plus tôt dans la journée, les marchés ont pris connaissance d’un climat des affaires allemand plus dégradé que prévu, à 91,7 points en mai, contre 93,4 points en avril. Cet indicateur a également jeté un froid et plaide pour un ralentissement de l’activité dans la première économie européenne.
Eurofins Scientific seul rescapé du CAC 40
Cette aversion pour le risque plombe les valeurs cycliques, notamment le compartiment automobile. Les équipementiers Faurecia et Valeo ont lâché respectivement 5,7% et 2,8% tandis que les constructeurs Stellantis et Renault perdent 3,6% et 3,3%. Une seule valeur du CAC 40 s’est débattue pour clôturer dans le vert: Eurofins Scientific (+0,2%).
Du côté des plus petites valeurs, Chargeurs a chuté de 10,8% après avoir fait état d'une baisse prononcée de son chiffre d'affaires au premier trimestre, pénalisé par une base de comparaison défavorable.
A contrario, Compagnie des Alpes a séduit les marchés (+5,6%) grâce à de bons résultats semestriels tirés par un regain de la fréquentation de ses stations de ski et de ses parcs de loisirs.
Sur les autres marchés, l'euro abandonne 0,2% à 1,0758 dollar. Les cours du pétrole sont eux portés par l'avertissement de l'Arabie Saoudite, le ministre saoudien de l'Energie ayant mis en garde les investisseurs pariant sur une baisse des cours. "Je n'ai pas à montrer mes cartes, je ne suis pas un joueur de poker… mais je leur dirais simplement de faire attention", a affirmé Abdelaziz ben Salmane, cité par l'AFP. Le contrat sur le Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet avance de 1,7% à 78,12 dollars le baril tandis que le WTI de même échéance coté à New York progresse de 1,8% à 74,22 dollars le baril.