(BFM Bourse) - Les États-Unis ont, durant le week-end, imposé des droits de douanes additionnels sur les importations provenant du Mexique et du Canada, grippant le marché qui redoute une guerre commerciale.

Donald Trump a désormais sévi, mettant ses menaces à exécution. Le président américain a signé, samedi 1er février, trois décrets instaurant des droits de douane supplémentaires sur les importations provenant du Canada, du Mexique et de la Chine.

La surtaxe s'élève à 25% pour les biens importés du Canada (à l'exception des hydrocarbures, taxées à 10%) et du Mexique, et à 10% pour ceux provenant de Chine.

Le Canada a riposté en imposant à son tour des droits de douane sur les importations américaines tandis que la Chine a promis de répliquer.

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Bientôt au tour de l'Europe?

Le président américain doit s'entretenir ce lundi avec le Mexique et le Canada. Donald Trump a également déclaré, vendredi, qu'il imposerait des surtaxes douanières sur les produits européens.

"L'Europe est la prochaine sur la liste pour se voir imposer de telles mesures de resserrement commercial. Les attentes varient de 10% à 20% mais restent à découvrir. Les conséquences pour la croissance européenne seraient graves: des tarifs de 10% devraient conduire à la suppression de 30 points de base (0,3 point de pourcentage) de croissance réelle européenne sur un an, à moins que l'Euro ne baisse d'autant, franchissant la ligne de parité", commente Florian Ielpo de Lombard Odier IM.

L'ensemble de ces annonces plombent l'appétit pour le risque ce lundi, provoquant une chute des places boursières. La Bourse de Tokyo a dévissé, le Nikkei 225 a abandonné 2,7%.

Le CAC 40 n'échappe pas à la correction, l'indice parisien perd 1,7% dans les premiers échanges ce lundi. Les valeurs les plus sensibles aux risques douaniers chutent logiquement, notamment l'automobile et les semi-conducteurs. Stellantis perd 6% et STMicroelectronics abandonne 3,7%.

De son côté, l'euro est à la peine face au dollar, chutant de 1,3% à 1,0226 dollar. Le billet vert bénéficie de son statut de valeur refuge et, par ailleurs, les droits de douane pénalisent les autres monnaies en raison de la perte de compétitivité des biens liés à ces devises.

Des droits de douane bien plus violents

Les annonces sur les droits de douane "ont effrayé les marchés, car elles augurent de nouvelles perturbations du commerce mondial et des chaînes d'approvisionnement", note Naeem Aslam, de Zaye Capital. "La possibilité croissante d'un conflit commercial prolongé pourrait exercer une pression supplémentaire sur les actions européennes, entraînant une baisse des performances du marché à court terme", ajoute-t-il.

"Tout d'abord, nous considérons que les annonces se situent à l'extrémité la plus agressive du spectre protectionniste que nous aurions pu envisager. La rapidité de la mise en œuvre (mardi à minuit), le champ d'application (toutes les marchandises sont couvertes, y compris les petits colis précédemment exemptés) et l'ampleur (environ 44% du total des importations américaines) sont autant d'éléments agressifs", décortique Deutsche Bank.

Pour la banque allemande, le marché doit structurellement et "significativement" réévaluer la prime de risque "d'une guerre commerciale". L'établissement écrit que le marché avait sous-estimé ce risque. Selon ses estimations, les investisseurs n'accordaient qu'une probabilité de 5% à l'instauration de tarifs douaniers universels de la part de l'administration Trump.

"Ces droits de douane (ceux annoncés dimanche, NDLR) sont également environ cinq fois plus importants que la somme cumulée des mesures commerciales prises sous la première administration Trump, mesurée en termes d'augmentation moyenne des droits de douane", souligne Deutsche Bank.

"Au cours du premier mandat de Donald Trump, l'administration a imposé des droits de douane sur 380 milliards de dollars d'importations, principalement sur la Chine. Les droits de douane proposés ce week-end par Trump couvriraient 1,4 milliard de dollars d'importations, principalement à destination du Canada et du Mexique", énumère, de son côté, la banque Barclays. "Les droits de douane imposés au cours du premier mandat de Donald Trump ont été introduits progressivement sur plusieurs années. Ces nouveaux droits de douane seraient appliqués en une seule fois. Le calendrier de mise en œuvre est également beaucoup plus rapide", ajoute la banque britannique.