(BFM Bourse) - Le marché parisien a perdu 1,2% mercredi, pénalisé par un vif repli du marché américain sous le coup d'indications préoccupantes des grands groupes de distribution quant à l'évolution de la consommation des ménages face à la spirale de l'inflation.
"Quand Wall Street éternue, la Bourse de Paris s'enrhume" : voilà sans doute le plus grand poncif parmi les innombrables dictons auxquels les boursicoteurs aiment se référer lorsque les marchés mettent leurs positions en péril. Mais le chroniqueur a beau essayer de chasser les clichés, celui-ci s'impose une nouvelle fois ce mercredi, puisque le CAC 40 parti proche de l'équilibre n'a cessé de perdre du terrain pour finir en baisse de 1,20% à 6.352,94 points, au plus bas de la séance, miné par l'orientation négative de la Bourse de New York.
La veille, l'indice tricolore avait grimpé de 1,3%, rassuré comme les autres places européennes par des nouvelles rassurantes sur le front de l'économie en zone euro, mais aussi aux Etats-Unis, et par un semblant d'apaisement de la situation sanitaire en Chine laissant envisager une réouverture de certaines zones confinées.
Ce mercredi, l'atmosphère s'est de nouveau dégradée dans le sillage notamment de résultats particulièrement décevants du secteur de la vente au détail outre-Atlantique. Le distributeur Target essuyait en effet une chute de 24% -potentiellement sa pire performance depuis le crash d'octobre... 1987- en témoignant de ses difficultés à maintenir ses profits face à l'envolée des coûts et l'affaiblissement de la demande. Walmart, le leader du secteur, perdait encore 7% après une baisse de 11% mardi, là aussi en raison de l'impact de la hausse des coûts, y compris alimentaires. La plupart des acteurs du secteur enregistraient une baisse à deux chiffres, et les principaux indices perdaient de 2,4% (Dow) à 2,8% (S&P 500) voire plus de 3,2% pour le Nasdaq.
Les investisseurs n'en ont décidément pas fini avec la question de l'inflation. Dans la zone euro, la progression des prix à la consommation est restée stable à 7,4% sur un an mais elle reste elle aussi à un niveau élevé, en raison de la flambée des prix de l'énergie et des denrées alimentaires. L'inflation va encore dominer les débats boursiers ces prochaines semaines alors que le président de la Fed Jerome Powell a déclaré mardi soir être déterminé à intervenir sur les taux pour contenir la hausse des prix dans le pays, tout en étant attentif à ne pas pénaliser la croissance américaine.
Air France-KLM s'envole aux côtés de CGA CGM
L'actualité des valeurs parisiennes a tout de même permis à Air France-KLM de se distinguer mercredi (+4,9%). La compagnie aérienne franco-néerlandaise a signé un partenariat stratégique majeur de long terme dans le fret aérien avec CMA CGM. Le leader mondial de solutions maritimes, terrestre, aériennes et logistiques, pourrait prendre 9% du capital d'Air France-KLM à l’occasion d'une opération d’augmentation de capital telle qu'annoncée en février dernier.
Euronext s'est adjugé près de 4%, profitant d'une activité soutenue au premier trimestre. L''opérateur boursier paneuropéen a publié des marges en hausse et a revu en baisse ses prévisions de coûts liés à cette acquisition de Borsa Italiana Group.
Au sein de l'indice phare, Engie (+0,9%) a conservé son élan en signant une quatrième séance dans le vert, encouragé par des relèvements d'objectifs du côté d'Oddo BHF et de Deutsche Bank.
À l'opposé, Elior a terminé en légère baisse de 0,9%, une performance bien meilleure qu'à la mi-séance où le titre perdait plus de 13%. Le groupe spécialisé dans la restauration collective vient d'ajuster à la baisse ses objectifs pour son exercice clos à fin septembre, après avoir accusé une perte à l'issue de son 1er semestre, sous les effets de la pandémie et des pressions inflationnistes.
Orpea de nouveau dans la tourmente
Orpea au lendemain d'un rebond de 6,5% s'est au contraire retourné à la baisse et n'a cessé de creuser ses pertes, jusqu'à -19,2% en clôture. Le groupe de maisons de retraite est menacé par un nouveau scandale. Mediapart et Investigate Europe révèlent en effet l’existence d’une structure parallèle à Orpea, basée au Luxembourg, et par qui auraient transité des fonds suspects. Pas épargné, Korian a cédé de son côté 4,5%.
Du côté des marchés des changes, l'euro redescendait de 0,48% à 1,05 dollar tout pilre après avoir rebondi de 1,1% mardi.
Après un bref rebond dans le sillage de l'annonce d'un creusement surprise des stocks stratégiques américains comptabilisés par l'Energy Information Administration sur la semaine écoulée (à 420,8 millions de barils, les volumes en réserve sont globalement inférieurs de 14% à la moyenne des cinq dernières années pour cette période), les prix du pétrole repartaient à la baisse en suivant le moral des investisseurs. Le contrat à terme sur le Brent européen perdait plus de 2% à 109,63 dollars en fin de journée (110 dollars pour le WTI).
Enfin la perte d'appétit pour les actifs à risque plombait à nouveau les cours des crypto-actifs, le Bitcoin passant de nouveau légèrement sous les 29.000 dollars.