(BFM Bourse) - Assommé par les craintes d'une reprise économique nettement moins vigoureuse qu'anticipé face à la résurgence pandémique, le marché parisien accentue son repli peu après l'ouverture et chute sous les 4.900 points pour la première fois depuis le 21 août dernier.
Alerte rouge (vif) sur le CAC lundi matin. Après avoir ouvert en baisse de 0,57%, l'échantillon principal de la Bourse de Paris creuse nettement ses pertes dans la matinée pour afficher un recul de 2,65% à 4.846,04 points peu avant 11h, dans un volume d'échanges déjà nourri à ce stade, supérieur à 800 millions d'euros). Plombé par la vigueur de la pandémie qui pénalise celle de la reprise économique, l'indice vedette du marché parisien revient ainsi à un plus bas depuis le 3 août dernier.
Les marchés se tendent à l'approche des élections US
Le directeur adjoint des investissements chez Mirabaud John Plassard avait anticipé cette ouverture en baisse "dans le sillage de la poursuite de la prise de bénéfices sur les valeurs technologiques américaines (le titre Apple étant même entré en "bear market" (-20,4%) depuis son plafond du 1er septembre, NDLR) et d’une nervosité grandissante à moins d’un mois et demi des élections présidentielles américaines". "Les investisseurs se tournent maintenant davantage vers les élections présidentielles aux Etats-Unis, prévues dans six semaines et le risque grandissant face à la hausse des restrictions en Europe, du fait d'une nouvelle hausse du nombre de cas et d'hospitalisations liées aux coronavirus", ajoute Vincent Boy, analyste marchés chez IG France.La situation semble de fait préoccupante dans plusieurs pays européens dont l'Espagne, la France et la Belgique. Le Royaume-Uni était également particulièrement surveillé avec le risque grandissant de voir un second confinement décidé à court terme. Il devrait l'être "encore davantage cette semaine avec la poursuite des discussions pour trouver un accord commercial avec l'Union Européenne, avant la fin de période de transitions, fin décembre prochain", estime Vincent Boy.
La prolongation de la crise sanitaire "peut nous faire craindre une reprise économique plus longue qu'anticipé. Ceci devrait accentuer la pression pesant sur Christine Lagarde pour relancer l'activité", note pour sa part Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque. La patronne de l'institution monétaire doit s'exprimer lundi après à l'occasion d'une réunion en ligne de l'Assemblée parlementaire franco-allemande.
Outre-Atlantique, les opérateurs garderont un œil sur "la poursuite des négociations au Congrès dans le but de trouver un accord sur le budget et ainsi éviter un nouveau "shutdown", soit un risque d'arrêt du financement de l'État au 1er octobre" explique Vincent Boy. Les investisseurs attendent aussi que Républicains et Démocrates trouvent un consensus sur la nouvelle enveloppe de soutien à l'économie américaine, bien que la probabilité de voir les deux camps s'accorder sur un stimulus s'amenuise néanmoins à mesure que les élections approchent.
Les 40 valeurs du CAC dans le rouge
Les opérateurs ne font pas dans la dentelle sur le marché parisien, où les 40 valeurs de l'indice vedette évoluent en territoire négatif vers 10h20. Accor lâche 7% le jour de sa rétrogradation au sein du SBF 120, alors qu'Alstom fait le chemin inverse et limite son recul à 0,3%. Parmi les plus fortes chutes au sein du CAC, on retrouve notamment les valeurs automobiles (-4,7% pour Renault, -4,3% pour Peugeot) et bancaires, après la publication par plusieurs médias européens de l'enquête "FinCEN Files", selon laquelle au moins 2.000 milliards de dollars de transactions suspectes ont été réalisées entre 2000 et 2017 par plusieurs grandes banques. BNP Paribas cède 4%, Crédit Agricole 4,2% et Société Générale 4,8%, après avoir annoncé son intention de céder sa filiale de gestion d'actifs Lyxor pour renforcer son bilan après deux trimestres consécutifs de pertes).Le secteur aéronautique est également en berne lundi matin, Airbus et Thales lâchant 3,8% quand Safran cède 4,1%. Dans un entretien au journal Le Parisien/Aujourd'hui en France daté de lundi, le président exécutif de l'avionneur européen Guillaume Faury a indiqué que son groupe travaille actuellement sur trois concepts d'avion à hydrogène, avec l'ambition d'être le premier constructeur à mettre en service un tel appareil en 2035.
L'opérateur télécoms Iliad recule de 2,3% après avoir lancé une offre publique d'achat sur Play, opérateur de téléphonie mobile polonais pour "environ 2,2 milliards d'euros pour 100% du capital, et 3,5 milliards d'euros en valeur d'entreprise".
Parmi les rares hausses du jour, celle d'Ose Immunotherapeutics (+9,8%) est à souligner, la biotech nantaise présentant ce jour les résultats positifs de l'étape 1 de la phase 3 de Tedopi dans le cancer du poumon non à petites cellules au congrès virtuel ESMO 2020 (European Society for Medical Oncology).
Les préoccupations sanitaires pèsent également sur les cours pétroliers, en nets replis lundi matin. À 10h30, le baril de Brent abandonne 2,25% à 42,18 dollars et celui de WTI reflue de 2,47% à 40,30 dollars.
Enfin, sur le Forex, le billet vert s'apprécie face à la monnaie unique (-0,21% pour l'EURUSD à 1,1815 dollar).