(BFM Bourse) - Plombée par les tensions diplomatiques qui ont encore monté en intensité entre les deux plus grandes puissances mondiales et par les craintes sur l'évolution de la pandémie, la Bourse de Paris termine la séance de mercredi en nette baisse (-1,32%).
Après avoir enchaîné deux légères hausses pour commencer la semaine, le CAC 40 rechute lourdement mercredi avec un recul de 1,32% à 5.037,12 points, dans un faible volume d'échanges de 2,6 milliards d'euros, signe que l'incertitude freine de nouveau la prise de risque après le soulagement de la veille.
L'Union européenne a donné son feu vert mardi à un plan de relance historique d'un montant de 750 milliards d'euros, à l'issue de quatre jours d'un sommet marathon sous haute tension à Bruxelles. Cet accord permet à la monnaie unique de toucher un sommet depuis octobre 2018mercredi, à 1,1587 dollar (+0,47%) vers 18h, mais profite peu aux actifs dits "risqués", marchés actions en tête.
"Les investisseurs ont préféré voir le verre à moitié plein et considérer que le dispositif de relance coordonnée en Europe est parachevé", même si celui-ci "comporte de nombreuses lacunes et qu'il a fallu faire de substantielles concessions pour le signer", observe Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Bank.
Le plan de relance doit être approuvé jeudi en séance plénière par le Parlement européen. "La question est de savoir maintenant comment l'UE remboursera cette dette", soulignent les experts d'Aurel BGC. "L'incertitude sur l'économie reste un frein important à la prise de risque des investisseurs", soulignent-ils.
Pandémie hors de contrôle aux États-Unis
Outre-Atlantique, le président Donald Trump a pour la première fois admis que la pandémie de coronavirus prenait des proportions "inquiétantes" dans une partie des Etats-Unis, où plus de 60.000 nouveaux cas de contamination au coronavirus ont été enregistrés en l'espace de 24 heures. "Cela va sûrement, malheureusement, empirer avant de s'améliorer. Je n'aime pas dire ça mais c'est comme ça", a-t-il déclaré à la Maison Blanche, avant d'appeler "tout le monde" à porter un masque quand la distanciation physique n'est pas possible.La flambée des infections est particulièrement importante dans le sud et l'ouest du pays ou encore en Floride où on compte moins de 20% de lits disponibles dans les services de soins intensifs.
Si les investisseurs misent toujours sur un redémarrage de l'économie mondiale, leur optimisme est entamé par le regain de contaminations dans plusieurs régions du monde, notamment en Inde, en Amérique latine, à Tokyo -où la gouverneure a appelé mercredi ses administrés à rester chez eux à la veille d'un long week-end au Japon- ou encore à Melbourne.
Tensions diplomatiques
Les marchés ne sont pas non plus insensibles au regain de tensions diplomatiques entre Pékin et Washington, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo ayant appelé mardi le monde à "comprendre la menace que représente le Parti communiste chinois". Mercredi, les États-Unis ont ordonné mercredi à la Chine de fermer son consulat à Houston sans donner beaucoup de détails sur ses motivations. Pékin a menacé Washington de "représailles." L'annonce de cette décision intervient sur fond de tensions exacerbées entre les deux puissances sur plusieurs fronts: loi controversée sur la sécurité nationale à Hong Kong, accusations d'espionnage, et situation des droits de l'Homme au Xinjiang (nord-ouest) notamment.
Les opérateurs font le tri parmi les publications
L'agenda macroéconomique est encore dégarni ce mercredi mais les investisseurs ont de quoi faire, le rythme des publications trimestrielles restant soutenu.Valeo est lourdement affecté (-5,1%) par l'annonce de la suppression de 12.000 postes dans le monde au premier semestre, dont près de 2.000 en France, assortie d'une perte nette de 1,2 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année. Il entraîne au passage les autres équipementiers dans sa chute. Faurecia lâche ainsi 1,5% et Michelin recule de 3,2%.
En revanche, Orpea est recherché (+7,4%), la publication du groupe actif dans le domaine de la santé des personnes âgées étant saluée pour sa résilience au premier semestre, malgré le ralentissement de son activité dû à la pandémie de Covid-19, très marqué en France, en Allemagne et en Autriche.
Covivio cède 2,3%, le groupe immobilier ayant abaissé d'une centaine de millions d'euros ses objectifs annuels de bénéfices, après avoir subi au premier semestre les conséquences catastrophiques de la crise du virus dans l'hôtellerie. Dans l'autre sens, Somfy flambe (+136%) après avoir fait état d'un rebond de ses ventes en fin de deuxième trimestre. Solutions 30 prend 7,2% à la veille de son arrivée sur Euronext.
Au sein du CAC, Airbus recule de 1,4,% alors que la compagnie Cathay Pacific Airways a annoncé mercredi avoir obtenu un accord avec l'avionneur sur des délais de livraison d'appareils A350 and A321neo. La meilleure performance est pour Veolia (+2,1%) après les propos de son PDG concernant l'amélioration de son activité, tandis qu'Accor abandonne 4,4%.