(BFM Bourse) - Après une série de cinq séances de vive progression, la Bourse de Paris marque une pause vendredi, sous l'effet conjoint des interrogations qui subsistent sur les élections présidentielles américaines, d'une deuxième vague épidémique qui ne faiblit pas et de prises de bénéfices bien compréhensibles.
Retour sur Terre pour le marché parisien après un spectaculaire rallye boursier entamé jeudi dernier (+9,1% sur les cinq dernières séances, de quoi effacer les pertes subies la semaine d'avant sur fond de craintes sanitaires et ramener l'indice phare à un pic depuis septembre dernier). Logiquement après une telle séquence haussière, les indices parisiens -et plus globalement européens- subissent quelques prises de bénéfices ce vendredi, mais ce n'est pas le seul élément qui explique ce revirement selon John Plassard qui évoque également "les interrogations quant au nom du futur président des Etats-Unis" et "les craintes que les chiffres de l’emploi américain d’octobre (publiés dans l'après-midi, NDLR) montrent une nouvelle détérioration". Le directeur des investissements chez Mirabaud ajoute encore "la peur de l'inconnue quant aux effets de la deuxième vague de coronavirus" sur une économie qui se remet tout juste de la première vague. De quoi freiner l'appétit (récemment retrouvé) pour le risque des opérateurs.
À 12h50, le CAC 40 rétrocède 0,69% à 4.949,37 points, dans un volume d'échanges moyen tout juste supérieur au milliard d'euros.
Au terme d'une semaine faste qui a vu les marchés mondiaux se réjouir d'une victoire probable de Joe Biden, dans la mesure où ce dernier serait empêché d'appliquer un programme économique trop exubérant par les forces parlementaires républicaines qui conserveraient le contrôle du Sénat, les investisseurs reviennent à plus de prudence.
Il faut dire que les craintes sanitaires à l'œuvre au cours des semaines précédentes continuent de se matérialiser. Sur la journée de jeudi, 8.875 nouveaux décès et 608.869 nouveaux cas ont été recensés dans le monde. C'est la première fois que le seuil des 600.000 cas enregistrés quotidiennement sur la planète est franchi. Avec plus de 1.200 décès sur la journée d'hier, les États-Unis sont toujours le pays qui en comptent le plus, loin devant l'Inde ou le Brésil.
Les marchés digèrent également la probabilité plus faible qu'un plan de relance massif soit rapidement adopté outre-Atlantique, compte tenu de la cohabitation qui devrait avoir lieu dans les deux chambres du Parlement américain à l'issue des élections présidentielles et sénatoriales.
Dans ce contexte, l'attention s'est une nouvelle fois reportée sur la Réserve fédérale américaine, qui tenait une réunion de politique monétaire jeudi soir. "La Fed reste en mode autopilote et n’a pas estimé, malgré les vents contraires (Covid-19, incertitudes quant au nouveau président américain et manque de stimulus) devoir agir avant décembre" relève John Plassard, qui estime que les investisseurs ont "cependant semblé rassurés du soutien "moral" de l’institution monétaire américaine. Si elle a opté sans surprise pour le statu quo monétaire, la Fed redit qu'elle "ferait le nécessaire pour soutenir la reprise de l'économie". Attention, maintenant, à ne pas décevoir prévient toutefois John Plassard.
Bien que le flux se réduise, la cote parisienne reste animée par son lot quotidien de publications trimestrielles, et les réactions sont tranchées dans un sens comme dans l'autre. Les opérateurs saluent ainsi celle du réassureur Scor (+7,4% à 13h15), parvenu à engranger des bénéfices robustes grâce à des sinistres moins coûteux que prévu. Les résultats supérieurs aux attentes du groupe de restauration collective Elior sont également bien accueillis (+7,9%), au contraire de ceux de Natixis (-8,1%), la filiale de BPCE qui se résout à un programme d'économies tout en se préparant à se séparer de sa filiale de gestion H2O.
Pénalisé par l'annonce d'un nouveau repli organique de son chiffre d'affaires au troisième trimestre, JCDecaux cède également 3%.
Peu d'actualités au sein de l'indice phare, dominé à ce stade par Legrand (+2,7%) et Alstom (-2,5%), tandis que Veolia est en queue de peloton (-2,4%). Les constructeurs automobiles Renault (-1,4%) et Peugeot (-1,9%) ont légèrement creusé leurs pertes après les informations de Bercy sur le marché automobile français. Le gouvernement français a décidé de prolonger de six mois les aides à l'achat de voitures neuves pour soutenir la filière alors que les nouvelles commandes ont chuté de 70% à 90% depuis le reconfinement, a appris l'AFP de source du ministère de l'Economie et des Finances.
Les cours pétroliers repartent également nettement à la baisse après avoir aussi rebondi ces derniers jours, le baril de Brent reculant de 2,69% à 39,83 dollars vers 13h20, quand celui de WTI lâche 3,17% à 37,56 dollars.
Enfin, l'incertitude sur l'issue des élections américaines pèsent sur le billet vert et l'euro reprend encore 0,40% à 1,1872 dollar.