(BFM Bourse) - La Bourse de Paris renoue avec ses (pas si) vieux démons et boucle la séance de mercredi sur une lourde perte de 4,3%, les investisseurs ayant toujours du mal à jauger l'ampleur des conséquences économiques de la pandémie de coronavirus, en particulier aux Etats-Unis.
Marche arrière toute. Comme depuis plusieurs semaines, le répit aura une nouvelle fois été de courte durée pour les investisseurs. Après être parvenu à boucler deux séances consécutives dans le vert, le CAC 40 replonge violemment mercredi, lâchant 4,3% en clôture à 4.207,24 points, dans un volume de transactions de 4,2 milliards d'euros. Le baromètre du marché parisien, qui a lâché plus de 25% sur les trois premiers mois de l'année, démarre ainsi le deuxième trimestre sur une note qui reste passablement déprimée.
"Le passage de témoin entre le premier et le deuxième trimestre s'annonce délicat après les propos sombres de Donald Trump sur la situation à attendre dans les deux prochaines semaines aux Etats-Unis", a souligné dans une note Tangi Le Liboux, stratégiste du courtier Aurel BGC. "Le président américain, qui espérait remettre le pays au travail pour Pâques, devra sans doute attendre un ou deux mois de plus", a-t-il ajouté. Donald Trump a demandé à ses concitoyens de se préparer, à l'instar de l'Europe, à des semaines "très, très douloureuses" face à la pandémie de coronavirus, qualifiée par l'ONU de pire crise à laquelle l'humanité ait été confrontée depuis 1945.
Plus de 4.000 décès ont été recensés mardi sur le sol américain, soit un chiffre multiplié par deux en trois jours, dont plus de 40% dans l'Etat de New York, selon l'Université américaine Johns Hopkins, dont les bilans font autorité. Et alors que les statistiques intégrant "les dégâts économiques causés par la pandémie vont se faire plus nombreuses", selon Tangi Le Liboux, "le temps de la rechute sur les indices actions" pourrait être arrivé.
Wall Street démarre le trimestre dans le rouge vif
Mardi,l'indice historique américain, le Dow Jones Industrial Average, a cédé 1,84% achevant ainsi dans le rouge son pire mois depuis 2008 (-13,7%) et son pire trimestre depuis 1987 (-23%).Alors que la Maison Blanche semble à son tour prendre conscience qu'il y aura bien un avant et un après pandémie, la Bourse de New York poursuivait son repli mercredi. En fin de matinée à New York, vers 17h50 chez nous, le Dow cède 3,2%, le S&P 3,5% et le Nasdaq 2,8%.
Au niveau mondial, le dernier bilan de la pandémie fait état de plus de 44.000 victimes pour près de 900.000 personnes désormais contaminées, les chiffres s'affolant notamment outre-Atlantique alors que les experts préviennent que le "pic" de contamination pourrait n'intervenir que dans deux semaines.
Les secteurs aéronautique, pétrolier et bancaire encore en souffrance
À la Bourse de Paris, seul Vivendi (+2,1%) termine la séance dans le vert au sein de l'indice vedette, après avoir annoncé la finalisation de la cession de 10% du capital d'Universal Music Group à un consortium mené par le groupe technologique chinois Tencent.Toujours en première ligne face à la crise sanitaire, le secteur aéronautique, en revanche, pique de nouveau dangereusement du nez, Safran occupant la dernière position du palmarès avec un plongeon de 16,5% quand Airbus abandonne 12%. Les banques rechutent aussi lourdement, Société Générale cédant 9,5% et évoluant à un plancher depuis 2011. À noter que, dans le même temps, les principales banques britannique (HSBC), espagnole (Banco Santander), italienne (Unicredit) et allemande (Deutsche Bank) ont toutes récemment touché leur plus bas historique. BNP Paribas (-6%) et Crédit Agricole (-5,2%) ne sont pas épargnées.
L'automobile souffre aussi. Renault perd 7,9% et Peugeot décline de 6,5%, PSA (Peugeot, Citroën, DS, Opel) ayant vu ses immatriculations de voitures particulières neuves dégringoler (-73,4%) en mars, tout comme le groupe Renault (-71,6%), avec Dacia et Alpine.
Sur le reste de la cote, les bonnes nouvelles sont à chercher du côté du secteur biotechnologique. Eurobio Scientific prend encore 22% alors que le groupe lance le test automatisé MagLumi COVID-19 de son partenaire chinois Snibe pour la sérologie Covid-19, AB Science s'adjuge 12% et Pixium 28%. Surtout, Theranexus s'envole littéralement :+477% en clôture (!) après avoir enregistré un succès sans précédent contre la somnolence diurne, un symptôme majeur de la maladie de Parkinson.
Le pétrole se replie encore, le WTI à 20 dollars
Le cours du pétrole brut a chuté d’environ 66 % au cours du trimestre, lui qui s’établissait à plus de 61 dollars le baril (de Brent) en date du 31 décembre, ce qui représente la plus lourde chute trimestrielle depuis la création des contrats sur cette référence dans les années 1980. Toujours touchés de plein fouet par la chute de la demande liée au nouveau coronavirus et la guerre des prix à laquelle se livrent la Russie et l'Arabie saoudite, les deux références mondiales d'or brut reculent encore mercredi. À 18h, le Brent se négocie à 24,91 dollars (-5,46%) quand le baril de WTI est presque à l'équilibre (-0,15% à 20,40 dollars).Sur le Forex enfin, les mouvements continuent d'être impressionnants et c'est au tour du billet vert de s'apprécier nettement, la monnaie unique cédant 0,90% à 1,0931 dollar.