(BFM Bourse) - L'indice parisien a terminé sur une baisse de 0,5% la séance de ce jeudi, freiné par les discours restrictifs des deux grandes banques centrales.
La Bourse de Paris plie mais ne cède pas. Le CAC 40 a accusé une baisse de 0,51% ce jeudi à 7290,91 points, miné par les discours relativement agressifs de la Réserve fédérale (Fed) américaine et de la Banque centrale européenne (BCE).
La BCE a, comme attendu par le marché, relevé ce jeudi l'ensemble de ses trois taux directeurs de 25 points de base soit 0,25%.
"Ce qui est plus intéressant, c'est le message de la BCE, qui était sans équivoque hawkish (restrictif, NDLR)", note Capital Economics. "La banque a déclaré qu'elle s'attendait à ce que l'inflation "reste trop élevée pendant trop longtemps", et elle prévoit maintenant que l'inflation de base atteindra en moyenne 3,0% l'année prochaine (contre 2,5% précédemment) et 2,3% en 2025 (contre 2,2%)", souligne le think tank.
La BCE a du chemin à accomplir
La tonalité de sa présidente Christine Lagarde, lors de sa conférence, s'est avérée sensiblement la même. "Nous ne sommes pas arrivés à bon port", a-t-elle déclaré, et "nous avons toujours du chemin à accomplir" pour ramener l'inflation à 2% dans un horizon acceptable, a fait valoir la banquière centrale.
A moins d'un changement "important" sur son scénario central, la BCE prévoit "d'augmenter ses taux en juillet", a également indiqué Christine Lagarde, estimant "que cela ne constitue probablement pas une surprise pour vous (les journalistes, NDLR)".
"Le langage 'hawkish' n'est peut-être pas surprenant, mais la nature explicite de ces commentaires, lorsqu'ils font référence à la prochaine réunion, l'était sans doute plus que ce que les marchés avaient anticipé", estime Craig Erlam d'Oanda.
Hausse surprise des ventes de détail
De son côté, la Fed a, comme anticipé par le marché, opté pour le statu quo sur ses taux mercredi soir. Mais les "dot plot", c'est-à-dire les projections de ses membres, montrent que ces mêmes membres tablent sur un niveau des taux directeurs de 5,6% à la fin de l'année, contre 5,1% lors des précédentes projections de mars, et un taux actuellement situé entre 500 et 525 points de base (5% et 5,25%). Autrement dit des hausses de taux d'environ 50 points de base pourraient encore être passées par la Fed d'ici à la fin de l'année.
"On peut en déduire qu'il ne fait déjà plus de doutes sur l'intention de la Fed d'augmenter ses taux de nouveau en juillet prochain. Les marchés vont devoir s'habituer à ce que les taux élevés soient la norme pendant longtemps", juge William Gerlach, directeur régional France et Royaume-Uni chez iBanFirst.
Le président de la Fed, Jerome Powell, est clairement allé dans ce sens au cours de sa conférence de presse. Le banquier central a notamment indiqué que la quasi-totalité des membres de la Fed était favorables à de nouvelles hausses de taux.
Au milieu de ces nombreuses informations sur les banques centrales, les opérateurs de marché ont également dû digérer la hausse inattendue des ventes de détail aux Etats-Unis pour le mois de mai, avec une progression de 0,3% sur un mois contre un repli de 0,2% attendu par les économistes sondés par le Wall Street Journal.
Ipsos se distingue
Du côté des valeurs, Ipsos a signé une progression de 3,7%, le marché appréciant la journée investisseurs tenue mercredi au cours de laquelle le groupe de sondages et d'études a dévoilé ses ambitions dans l'IA générative.
Sur les petites capitalisations, Balyo a bondi de plus de 50% après avoir annoncé qu'il ferait l'objet d'une OPA amicale de la part du géant japonais Softbank.
De son côté, le spécialiste de l'impression 3D Prodways a plongé de 22,7% après avoir émis un lourd avertissement sur résultats et sabré ses perspectives pour 2023.
Sur les autres marchés, l'euro a été propulsé par les annonces et commentaires de la BCE et gagne 0,9% face au dollar à 1,0930 dollar. Les cours du pétrole progressent nettement. Le contrat d'août sur le Brent de mer du Nord avance de 2,5% à 75,02 dollars le baril, tandis que celui de juillet sur le WTI coté à New York avance de 2,6% également à 70,04 dollars le baril.