(BFM Bourse) - Plombé par les valeurs bancaires, automobiles et aéronautiques, notamment les plus exposées à la Russie, le CAC 40 efface son rebond des deux dernières séances après l'annonce de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie.
Parvenu à s'extirper de son "range" autour des 6.600 points mardi dernier pour revenir à son niveau précédant l'invasion russe de l'Ukraine, le CAC 40 rend près de 100 points ce mardi, toujours sur fond d'évolution de la guerre et des sanctions associées à l'encontre de Moscou. Après deux séances de hausse, vendredi (+0,37%) et lundi (+0,70%), le baromètre de la place parisienne rétrocède 1,28% à 6.645,21 points ce mardi, dans un volume d'échanges qui s'est en revanche étoffé dans l'après-midi (4,1 milliards sur la séance).
"C'est une semaine de transition pour la Bourse de Paris. Les grandes annonces économiques sont prévues la semaine prochaine (inflation aux Etats-Unis, réunion de la Banque centrale européenne, etc.)", pointe Christopher Dembik, directeur de la recherche macroéconomique chez Saxo Bank. "Malgré le rebond des valeurs liées à la technologie aux Etats-Unis, les indices européens devraient ouvrir sans réelle tendance ce matin, les investisseurs ayant décidé de "mettre de côté" la guerre en Ukraine pour l'instant" jugeait pour sa part John Plassard, directeur adjoint des investissements chez Mirabaud, dans sa note matinale. Le CAC 40 a de fait évolué proche de l'équilibre jusqu'à 10h avant de basculer dans le rouge. L'expert se demande néanmoins jusqu'à quand les opérateurs vont faire fi des informations en provenance d'Ukraine.
Un élément de réponse est apparu dans l'après-midi, avec la promulgation de nouvelles sanctions internationales en réaction à la découverte cette semaine de massacres de civils imputés à l'armée russe dans plusieurs villes de la banlieue de Kiev, dont Boutcha. Les États-Unis ont accentué la pression sur Moscou en interdisant à la Russie, à partir de mardi, de rembourser sa dette avec des dollars détenus dans des banques américaines, ce qui accroît le risque d'un défaut de paiement russe. Dans le même temps, la Commission européenne a proposé mardi aux Vingt-Sept de durcir les sanctions contre Moscou, en arrêtant leurs achats de charbon russe, qui représentent 45% des importations de l'UE, et en fermant les ports européens aux bateaux russes.
Ces nouvelles représailles économiques ont incité les investisseurs à délaisser de nouveau les valeurs tricolores les plus exposées à la Russie, à commencer par Renault (-6,2%) et Société Générale (-5,7%).
Du côté des statistiques, les investisseurs avaient les indices PMI (de l'enquête réalisée par IHS Markit et S&P Global) concernant l'activité du secteur privé dans la zone euro à se mettre sous la dent ce mardi matin. En France, cet indicateur est ressorti à 57,4 en mars, conforme à son estimation "flash", après 55,5 en février - le seuil des 50 marque pour rappel la limite entre expansion et contraction de l'activité. "La croissance s’est accélérée en mars dans le secteur, la nouvelle levée de restrictions sanitaires, notamment l’abandon du "pass vaccinal", ayant soutenu l’activité et stimulé la demande", souligne Joe Hayes, économiste senior chez S&P Global. Même constat dans la zone euro, où l'activité dans les services a été soutenue par la levée des mesures liées à la pandémie. L'enquête souligne toutefois que la reprise constatée en mars est menacée par la flambée des coûts de l'énergie liée à l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.
Les valeurs bancaires en souffrance
Encore très peu d'actualités à signaler ce mardi sur le front des valeurs à Paris, à une semaine du lancement "officiel" d'une nouvelle saison de résultats, pour le compte du premier trimestre 2022, avec notamment LVMH mardi et Hermès jeudi.
Par secteur, ce sont les valeurs bancaires qui sont (encore) à la peine ce mardi à la mi-journée, Crédit Agricole (pénalisé par un changement de recommandation d'AlphaValue) et BNP Paribas cédant respectivement 5% et 4,6% dans le sillage de Société Générale, et ce malgré une nouvelle poussée des rendements obligataires. STMicro recule également de 5,3% après l'incendie (la piste d'un acte volontaire est privilégiée) de plusieurs lignes électriques en Isère ayant touché les alimentations électriques des usines du spécialiste des semi-conducteurs, ainsi que de celle de son concurrent Soitec (-3,7%).
Parmi les autres fortes baisses, Veolia reflue de 5,3% et le secteur aéronautique a également pris du plomb dans l'aile (-4,4% pour Airbus, -3,2% pour Safran). Saint Gobain et Stellantis cèdent de leur côté 4,3% et 3,7%.
Orpea fait de nouveau les gros titres après que 80 plaintes de familles de résidents ont été déposées lundi devant le parquet de Nanterre contre le géant des maisons de retraite, accusé de "mise en danger en danger d'autrui" et "homicide involontaire". Le titre lâche 6,1%, et entraîne une nouvelle fois celui de son concurrent Korian dans son sillage (-3,2%).
Parmi les plus petites valeurs, Medesis Pharma bondit de 127% (!) après avoir fait le point sur ses traitements dédiés à de larges populations contaminées ou irradiés après un accident nucléaire civil ou militaire.
Le pétrole évolue peu
Les cours pétroliers se montrent hésitants ce mardi, oscillant entre le rouge et le vert, alors que l'UE discute de nouvelles sanctions contre Moscou, la Commission ayant proposé aux 27 d'arrêter leurs achats de charbon russe mais sans se prononcer sur l'or noir pour le moment. En hausse dans la matinée, le baril de Brent affiche ainsi une légère baisse vers 18h10 (-0,3% à 107,2 dollars).Sur le marché des devises, enfin, la monnaie unique poursuit son violent reflux des trois derniers jours l'ayant fait repasser sous le seuil des 1,10 dollar, lâchant 0,50% supplémentaires 1,0919 dollar.