(BFM Bourse) - La biotech montpelliéraine, qui développe, avec le Commissariat à l'énergie atomique (LRT-CEA), trois médicaments spécifiquement destinés au traitement de larges populations contaminées ou irradiés après un accident nucléaire civil ou militaire, fait le point sur sa stratégie.
Dans un marché encore atone en termes d'actualités d'entreprises, Medesis Pharma se démarque franchement ce mardi matin, son titre affichant un bond de 62,3% à 5 euros vers 10h25, au plus haut depuis début février dernier.
Il faut dire que la note d'information partagée ce mardi matin par la société biotechnologique héraultaise (introduite sur Euronext Growth en janvier 2021) résonne tristement avec l'actualité. Fondée par le Dr Jean-Claude Morel, Medesis développe en effet trois médicaments, utilisant une technologie d'administration propriétaire par voie buccale (Aonys) et spécifiquement destinés au traitement de populations contaminées ou irradiées après un accident nucléaire militaire ou civil, contre quoi il n'existe à ce jour aucun traitement adapté. "Les trois produits sont au cœur des problématiques avec la situation tragique internationale en Ukraine, réveillant la possibilité d'une guerre nucléaire. Ils sont également d'actualité avec les décisions récentes de reprise du développement des centrales nucléaires", juge en effet le groupe dans son communiqué.
Les trois candidats médicaments en question ont été développés en collaboration avec le Commissariat à l'énergie atomique (LRT-CEA), qui a réalisé toutes les études sur les animaux contaminés par les radionucléides, ainsi qu'avec l'Institut de Recherche Biomédicale des Armées (IRBA) pour les études sur les animaux irradiés. "Chacun de ces produits est protégé par un brevet international enregistré ou en cours d'enregistrement dans la plupart des pays du monde nucléarisés" précise Medesis.
"L'activité thérapeutique a été démontrée, et un programme complémentaire est nécessaire avec un développement pharmaceutique pour une production industrielle et une étude de tolérance sur des volontaires sains pour démontrer l'innocuité avant d'introduire les produits dans les stocks d'urgences des États" poursuit le groupe, qui ajoute avoir déposé des demandes de financements auprès de l'Agence Innovation Défense française pour finaliser le développement de ces trois programmes.
Décorporation du plutonium et du césium
Le premier, NU01, ou NanoCaDTPA, est utilisé dans la décorporation du plutonium. Le Ca-DTPA (pour "acide diéthylène triamine penta acétique") est utilisé depuis plus de 40 ans en perfusion intraveineuse lente répétée pendant plusieurs semaines. Mais si ce traitement est adapté pour quelques personnes contaminées (travailleurs dans les centrales nucléaires notamment), il est toutefois "impossible à mettre en œuvre lorsque plusieurs centaines de milliers de personnes sont contaminées" explique Medesis. Le NanoCaDTPA (formulation du CaDTPA dans la microémulsion Aonys) permet d'obtenir la même efficacité d'extraction du plutonium, mais avec une administration simple dans la bouche, à partir d'un flacon conservé à température ambiante.Le deuxième candidat médicament, le NU02, utilise le NanoPB (ou Bleu de Prusse), dans la décorporation du Césium. Celui-ci est administré dans de grosses gélules de 500 mg, 18 gélules par jour pendant 2 à 3 mois. "Impossible à dissoudre, il est quasiment impossible à donner à des enfants et adolescents, et s'accompagne d'une constipation opiniâtre entrainant une irradiation du petit bassin" souligne Medesis. "Or le Césium se fixe préférentiellement dans les muscles et en particulier dans le muscle cardiaque entraînant des anomalies et pathologies cardiaques chez les enfants et adolescents. [...] Le NanoPB est constitué de nanoparticules de Bleu de Prusse synthétisé et stabilisé dans la microémulsion Aonys, permettant d'obtenir une décorporation du césium 3 fois plus rapide avec 100 fois moins de Bleu de Prusse" se targue la biotech. Ce traitement, buvable, est ainsi adapté à une administration à tout âge.
Le dernier traitement développé par Medesis est le NP02, dont l'actif est du sulfate de manganèse dans la microémulsion Aonys. "Ce produit prévient et traite l'orage de cytokines inflammatoires déclenchées par l'irradiation à l'origine d'une inflammation majeure respiratoire et digestive responsable de la mort. L'efficacité est observée si l'on débute le traitement dans les heures qui suivent l'irradiation" détaille le groupe. Ce traitement est également administré par voie buccale, et conservé dans des flacons à température ambiante. Il fait actuellement l'objet d'une étude clinique de phase II au Brésil Il pour traiter les formes graves du Covid-19, également liées à un orage de cytokines inflammatoires.
Trois traitement potentiellement disponibles sous 18 mois
Medesis rappelle ensuite les conséquences d'un scénario catastrophe. "Lors d'une explosion, une arme nucléaire génère d'abord une boule de feu, dont la taille varie avec la puissance. Une bombe de 1 kilotonne générerait ainsi une boule de 60 mètres de diamètre provoquant des dégâts jusqu'à 2 kilomètres autour du point d'impact. Une bombe de 1.000 kilotonnes générerait une boule de feu de plus de 1 kilomètre, dont l'impact pourrait avoir un rayon allant jusqu'à 20 kilomètres. [...] Les rayonnements lumineux et leur chaleur, qui représentent plus du tiers de l'énergie de la bombe, provoquent des incendies et des brûlures sur les personnes. La bombe génère une irradiation directe au moment de son explosion. La pollution radioactive peut quant à elle être transportée par les vents sur de grandes distances par des radionucléides qui sont absorbés par voie respiratoire puis digestive, se fixent dans les tissus en particulier poumons, foie, os et cœur et ne seront plus jamais éliminés et entraineront des cancers 10 à 15 ans plus tard" est-il détaillé.Pour chacun des deux produits de décorporation (plutonium et césium), le plan de développement passe par le développement CMC (pour "Chemistry, Manufacturing & Controls) pharmaceutique avec préparation d'une production industrielle et une étude de tolérance sur 50 volontaires sains traités pendant un mois. Pour le produit de radioprotection déjà en développement clinique, le plan comprend le développement industriel, ainsi qu'une étude de tolérance sur 50 volontaires sains pendant un mois. "Les délais pour un enregistrement des produits et une fabrication industrielle sont de 18 mois pour les deux produits de décorporation et de 12 mois pour le produit de radioprotection" précise enfin le groupe.
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