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CAC 40

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Cac 40 : La Bourse est-elle montée trop vite ces dernières semaines?

lundi 11 décembre 2023 à 12h29
La Bourse connaît-elle un excès d'optimisme

(BFM Bourse) - Le CAC 40 a connu une remontée spectaculaire ces dernières semaines, alors que les investisseurs phosphorent sur les futures baisses de taux des grandes banques centrales. Mais ont-ils mis la charrue avant les bœufs?

La séquence a donné lieu à de nombreux "memes" sur les réseaux sociaux. Début décembre, le président de la Réserve fédérale américaine (Fed), Jerome Powell, a tenu un discours dans lequel il a affirmé qu'il était prématuré de spéculer sur des baisses de taux directeurs, ajoutant que ces mêmes taux étaient "élevés pour durer". Autant d'avertissements que les marchés ont balayé d'un revers de la main. Les internautes se sont alors moqués de l'absence d'impact des mots du banquier central, tournant en dérision la non-réaction des investisseurs, notamment sur le réseau social X.

Cet épisode illustre bien les interrogations entourant le récent rallye qu'ont connu les marchés, avec en creux la crainte d'un potentiel excès d'optimisme sur les anticipations de politique monétaire.

Le DAX a déjà repoussé ses plus hauts historiques, et le CAC 40 est en passe de battre ses records ce lundi, comme l'a d'ailleurs déjà accompli le CAC 40 GR, l'indice qui suppose que les dividendes sont réinvestis. Depuis la fin octobre, le CAC 40 a repris plus de 500 points, soit près de 11%.

Ce mouvement de hausse trouve, donc, ses origines dans la nette décélération de l'inflation qui a alimenté les spéculations de marché sur des baisses de taux directeurs de la part des grandes banques centrales l'an prochain.

"Ces dernières semaines, de grands changements de ton ont été observés chez des membres 'faucon' (qui prônent une politique monétaire restrictive) avec des déclarations accommodantes. À la BCE, Isabel Schnabel a dit avoir été surprise par l'ampleur de la baisse de l'inflation et a même cité Keynes "when facts change, I change my mind" ("quand les données changent, je change d’avis"). Du côté de la Fed, Christopher Waller, un poids lourd qui a milité pour d'importantes hausses de taux en 2022 et 2023, a, lui, évoqué des baisses de taux, non pas pour sauver l'économie mais parce que les règles de politique monétaires, comme la règle de Taylor, qui est utilisée comme outil par les banques centrales, l'imposeraient", explique Bastien Drut de CPR AM.

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Des anticipations ambitieuses?

Pour autant le marché n'a-t-il pas été trop rapide en besogne? Actuellement, selon l'outil FedWatch du CME Group, les investisseurs tablent sur des baisses de taux directeurs de la part de la Réserve fédérale américaine allant de 100 à 125 points de base l'année prochaine, soit 1% à 1,25%. Et pour la BCE, les anticipations paraissent encore plus importantes. À titre d'exemple, Deutsche Bank a modifié sa prévision, tablant sur 150 points de base de baisses en 2024, contre 100 points de base précédemment.

"Les anticipations de marché sont ambitieuses", juge Alexandre Baradez, chef de l'analyste de marché d'IG France, "car l'inflation cœur (hors prix de l'énergie et alimentaire, NDLR) reste encore à 4% aux Etats-Unis et l'inflation en zone euro se situe à 3,6%". "J'ai l'impression que le marché se focalise beaucoup sur la baisse des taux mais en éludant la phase "higher for longer", c'est-à-dire un plateau en termes de niveaux de taux directeurs, une période stationnaire qui permet de réduire l'inflation", poursuit-il.

Deux éléments l'amènent à douter de l'optimisme du marché: la stabilité de la composante prix du dernier indice ISM des services aux Etats-Unis et la relative bonne tenue du dernier rapport américain sur l'emploi.

"Si les marchés venaient à anticiper davantage des baisses de taux directeurs de la part des grandes banques centrales d’une ampleur plus significative qu'à l'heure actuelle, cela deviendrait excessif", juge de son côté Bastien Drut.

"Il semble toutefois anormal que le marché intègre davantage de baisses de taux au niveau de la BCE que chez la Fed. La BCE a un processus moins fluide que la Fed, avec davantage de banquiers centraux qui votent lors des réunions de politiques monétaires et un consensus plus difficile à établir. De plus, elle était en retard par rapport à la Fed dans son cycle de hausses de taux et l'inflation a été plus élevée en zone euro, ce qui nécessite donc des taux plus hauts plus longtemps", développe l'économiste de marché.

Un potentiel de baisse de 10% en Europe?

La semaine dernière, le Financial Times a de son côté publié une enquête dans laquelle le quotidien a interrogé 40 économistes "académiques" (donc travaillant dans des universités). Résultat: les deux-tiers d'entre eux anticipent que la Fed ne baissera pas ses taux avant le troisième trimestre, et les trois-quarts estiment que cette baisse sera inférieure ou égale à 50 points de base. Ce qui tranche donc largement avec les anticipations de marché, avec une première baisse attendue en mai et des réductions cumulées de 100 à 125 points de base, du côté des investisseurs.

Autre question légitime: si le marché se concentre avant tout sur la politique monétaire, les risques de récession ne sont-ils pas sous-estimés actuellement par les investisseurs?

"Le thème du ralentissement économique est pour le moment porteur pour le marché mais il y aurait une légitimité à ce qu'il se focalise davantage sur les risques économiques et des résultats d'entreprises qui pourraient alors être challengés. Surtout, les investisseurs pourraient sous-estimer le fait que la Fed serait prête à accepter un ralentissement économique plus important qu'ils ne l'anticipent, avant de réduire ses taux", considère Alexandre Baradez.

"Dans un premier temps, les marchés actions accueillent positivement la baisse des taux longs et sont dans une optique où 'bad news is good news', les mauvaises nouvelles économiques menant à des hausses des actions. Mais il y a un risque que l'on revienne au "bad news is bad news", avec des mauvaises nouvelles qui mènent à des baisses des actions, même s'il est difficile de savoir quand la bascule aura lieu. Nous n’y sommes pas encore", développe pour sa part Bastien Drut.

Les stratégistes de Bank of America s'avèrent en tout cas prudents pour la suite, sur les marchés européens. Dans une note publiée fin novembre, ces experts redoutent que l'économie mondiale s'affaiblisse l'an prochain et mette ainsi sous pression les bénéfices par action des sociétés. Selon eux, l'indice paneuropéen Stoxx Europe 600 pourrait tomber à 390 à la mi-2024 avant de remonter à 420 à la fin de l'an prochain. Ce qui représenterait une baisse de plus de 11% sur un an…

Julien Marion - ©2025 BFM Bourse
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