(BFM Bourse) - Face à la double menace d'un ralentissement de la croissance, entériné par la Banque mondiale, et d'une poursuite de la hausse des prix, le marché parisien reste sur ses gardes. Après une coupure de quatre jours, le CAC 40 a repris en baisse de 0,8% ce mardi.
Une nouvelle semaine écourtée a débuté mardi à la Bourse de Paris, restée fermée le lundi de Pâques comme elle l'avait été pour le Vendredi saint. L'actualité n'a guère apporté aux investisseurs de motifs d'optimisme, alors que le flux de publications relatives au premier trimestre va s'accélérer dans les prochains jours. Dans le rouge tout au long de la journée, le CAC 40 a clôturé en repli de 0,83% à 6.534,79 points dans un volume d'échanges moyen proche de 3,4 milliards d'euros.
Certes pas inattendue, la réduction par la Banque mondiale de sa prévision de croissance de l'économie mondiale à 3,2% cette année (au lieu de +4,1%) compte tenu du conflit en Ukraine a alimenté la nervosité. L'institution anticipe même une contraction de 4,1% cette année pour la région Europe & Asie centrale (comprenant la Russie et l'Ukraine) contre +5,7% estimé en janvier dernier. Soit pour cette région une contraction deux fois plus importante que celle subie en 2020 durant la pandémie...
Dans ce contexte les banques centrales doivent aussi lutter contre l'inflation, à coups de hausse des taux de 0,5 point (voire 0,75 !) pour la Fed, tandis qu'on voit mal comment la BCE pourra repousser l'échéance beaucoup plus longtemps après avoir passé son tour la semaine dernière.
Au fil de la semaine, les publications d'entreprises commenceront à se faire plus nombreuses et les indications sur leur capacité à maîtriser leurs coûts/les répercuter aux clients seront encore plus scrutées que d'habitude.
En tant que distributeur de produits de grande consommation, Carrefour pourrait tirer son épingle du jeu ce qui explique que le marché "redécouvre" ce titre avec près de 30% de gains depuis le début de l'année, dont une hausse de 2% ce mardi dans le sillage du relèvement à l'achat de l'avis de Berenberg. En revanche L'Oréal, qui publie après Bourse ce mardi, a cédé 2,9% dans l'anticipation. Le secteur du luxe est globalement resté en repli, surtout Hermès retombé de 3,6% après une note d'Invest Securities qui a dégradé son objectif, à 990 euros, en confirmant son conseil de vendre.
TotalEnergies a pour sa part gagné 1,4% à l'annonce de marges de raffinage plus élevées que prévu en Europe au premier trimestre, un indicateur important pour la rentabilité du groupe qui publiera ses comptes détaillés la semaine prochaine.
Parmi les premiers à publier, Virbac a ce matin fait état de ventes encore meilleures que prévu au cours des trois premiers mois de l'année et terminé en tête du SBF 120 à +9,9%.
Scor a pour sa part prévenu que le trimestre se solderait par une perte, étant donné une charge de plusieurs dizaines de millions d'euros liée au conflit en Ukraine et aux sanctions contre la Russie, conjuguée à plusieurs catastrophes naturelles, et perdu 5,2%.
En dépit de l'incapacité persistante des producteurs de l'Opep et de leurs associés à honorer leurs objectifs de production (selon Reuters, l'écart s'est encore accru en mars, avec une production cumulée de l'Opep+ inférieure de plus de 1,4 million de barils par jour au quota prévu, contre 1 million en février), les cours du brut refluaient fortement en fin de journée à 108,90 dollars le baril de Brent (-3,76%) et 103,88 dollars pour le WTI (-4%) dans la crainte d'un ralentissement de la demande face au ralentissement de la croissance mondiale. De plus, en parallèle aux difficultés de l'Opep+, en particulier de la Russie, les choses bougent du côté des Etats-Unis (non membre du cartel élargi). Le Président Biden, 15 mois après avoir suspendu la location de terrains fédéraux onshore à l'industrie pétrolière comme il l'avait promis pendant sa campagne, a relancé cette possibilité vendredi dernier - certes en n'ouvrant à la location qu'une fraction, environ 1/5e, des surfaces envisagées. Au passage, le montant des redevances que les exploitants pétroliers titulaires des baux devront à l'Etat fédéral est porté de 12,5% à 18,75% de la valeur des hydrocarbures extraits du sol.
Sur le marché des changes, l'euro se maintenait légèrement sous 1,08 dollar (grappillant 0,14% à 1,0796 dollar) face aux menaces sur l'économie européenne, encore plus exposée au conflit entre la Russie et l'Ukraine, et l'incertitude au sujet du scrutin présidentiel en France.